Extrait

Je regarde sa main sur mon bras, il ne me lâche pas, il serre même un peu. Comme s’il avait peur que je me dégage. Je ne suis pas tactile. Pas par manque d’envie, je n’ai pas de souci avec ça, mais toujours cette histoire de faire gaffe. Je ne peux pas perdre Lou, c’est juste pas possible. Lui et moi, ça fait dix ans qu’on est meilleurs amis. Il ferait quoi s’il pensait que… Et pourtant, sa main sur moi, c’est une explosion sensorielle. Je suis le seul à l’expérimenter, inutile de vérifier. À l’endroit où nos peaux sont en contact, ça crépite. Chacun de mes pores me hurle « il te touche, putain, Flo, il te touche ! » Et je leur dis de fermer leur gueule, de ne pas s’emballer : ça ne veut rien dire. Sauf pour moi.

Je secoue la tête, pas la peine d’aller par là. Je remonte les yeux sur les siens. Ils ont toujours hésité entre le vert et le marron. Là, ils ont l’air plus foncés, ou alors c’est parce que le moment est intense. Et dans ces cas-là, on voit les choses autrement. Je me fais peut-être des idées, sûrement qu’on peut influencer la réalité à travers le filtre de nos envies. Chacun sa réalité. Elles se superposent, et parfois, elles entrent en collision et ça fait une putain d’osmose. D’autres, c’est juste moi et mes délires. Lou n’a pas envie d’entendre ça. Il ne veut certainement pas savoir quel bordel ça fait naître en moi quand il me touche sans arrière-pensée.