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Il sombre ! Il sombre ! Il descend ! Il s'enfonce vers l'abîme infernale !
Ce n'est pas le Soleil, c'est la citadelle embrasée de notre espoir !
Et l'homme ne fera point de pas en haut que son chemin ne se rue avec lui !
Vous, sources, tombe des forêts où j'ai longtemps habité, branches chargées de malédictions, chemins, routes profondes,
Voyez quelle iniquité je supporte.
Afficher en entier- Je vois mieux maintenant. Je vous vois tous. L'ombre en vérité ne vous cache point, ni cette lumière de la lampe.
C'est moi. Que me voulez-vous ?
Vous songiez à moi, dites-vous ? Et bien, me voici !
- Pourquoi tenez-vous les yeux baissés ? Craignez-vous de me voir ?
Afficher en entier« Cébès. — Mère, mon frère ! ô ma nourrice aux côtes cuirassées !
Tête d'Or. — Quoi donc ?
Cébès. — Je n'ai plus le temps ! écoute-moi ! cela m'est égal ! je ne me cacherai pas !
Tête d'Or. — Parle, poussin !
Cébès. - Je t'aime, Tête d'Or !
Tête d'Or. — Tu m'aimes ? […]
Cébès. — Voici ce qu'il faut penser :
Comment faire tenir dans une seule minute un siècle d'embrassements ?
Songe que je suis funèbre, et que cela augmente ton cœur ! Songe que nous sommes
Comme deux amants qui, un seul moment avant jamais, se débaisent. […]
Tête d'Or. — O nos noces rompues !
[…] J'agite les lèvres pour une parole plus vaine que le silence même : Ne meurs pas !
Cébès. — Il le faut.
Tête d'Or. — Non, ne meurs pas ! nous deux et pas autre chose que nous ! Jamais bras ne retinrent une telle sœur ! […]
Cébès. — Simon ?
Tête d'Or. — Eh ?
Cébès. — Tu ne m'as jamais aimé, avant !
Tête d'Or. — Si.
Cébès — Non ! Jamais avant ! Et c'est maintenant que je meurs. […]
Je t'aime au moment de la mort !
et maintenant aie pitié de moi ! La Mort,
La Mort m'étrangle avec ses douces mains nerveuses.
Tête d'Or. — O mon frère ! ô mon épouse
Il faut donc que je te soulève sous les bras
Comme le petit enfant à qui on apprend à marcher !
Mais appuie ta tête contre mon cou. Comme c'est beau, un soir d'été !
Le silence béni s'emplit
De l'odeur du blé qui fait le pain.
Les seigles, et les luzernes, et les sainfoins, et les haies,
Les rondes au sortir des villages, la tranquillité de tous les êtres !
L'arbre fait silence ; l'insecte attardé court sur le chemin.
Déjà ! les claires étoiles brillent, et le rossignol, le sombre oiseau qui chante sa plainte quand se lève le grand Chariot...
Cébès. — Noir, de plus en plus noir tout tourbillonne et s'éteint !
Ah je sombre ! Mon cœur meurt
Donne ta tête que je t'embrasse !
Dis, dis, chère âme...
(Il meurt.)
Tête d'Or (il reste un moment immobile, puis il rejette le corps en frissonnant). — Horreur !
Je suis seul. J'ai froid. »
Afficher en entierJe ne suis pas triste ! L'oiseau chante et je chanterai aussi ! Qu'il chante et je chanterai aussi !
Et ma voix s'élèvera comme la force de la flûte.
Plus haut, plus fort ! emplissant la ville et la nuit.
Je chanterai et je me contiendrai point !
L'oiseau chante l'été et il se tait l'hiver ; moi, je chante dans l'air âpre et dur, et vers le ciel désert, quand tout gèle, je m'élève éperdument !
Car ma voix est celle de l'amour et la chaleur de mon coeur est comme celle de la jeunesse.
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