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Extrait ajouté par Lectrice-Lambda 2015-03-09T11:08:07+01:00

« - Se mettre en colère contre quelque chose qu’on ne peut pas changer, c’est inutile.

- Je pense qu’il n’y a rien qui ne puisse pas être changé, si on le désire suffisamment. »

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Extrait ajouté par sosoya 2023-08-08T09:49:16+02:00

Je pleure la fille que j'ai été, l'épouse que je n'ai jamais voulu être, la tueuse que j'ai refusé de devenir, la traîtresse que j'ai prétendu être.

Je ne suis aucune d'entre elles à présent. Je relève la tête et m'essuie les yeux. Fille. Épouse. Tueuse. Traîtresse. Ce sont toutes d'anciennes versions de moi. A partir de maintenant, je deviens une survivante.

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Extrait ajouté par Mellifluence 2022-08-30T21:14:25+02:00

Nous nous endormons ainsi. Ses lèvres sur ma nuque. Mon cœur dans sa main.

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Extrait ajouté par Mellifluence 2022-08-30T20:25:00+02:00

— Action ou vérité ?

— Je dirais bien action, mais j'ai peur que tu m'ordonnes de me déshabiller et de faire le tour de la pièce en gloussant comme une poule, ou un autre défi dans le genre.

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Extrait ajouté par Maririe 2021-11-05T11:17:48+01:00

Chapitre 1

De nos jours, plus personne ne porte de robe blanche à son mariage. Trop difficile de trouver du tissu de cette couleur, trop coûteux et compliqué de s’en procurer assez pour fabriquer des robes par dizaines. Y compris pour la cérémonie d’aujourd’hui – à laquelle participe pourtant le fils de notre leader, puisqu’il est l’un des futurs mariés. Mais même lui ne sort pas assez du lot pour se permettre d’épouser une fille vêtue de blanc.

— Tiens-toi tranquille ! râle ma sœur derrière moi.

De ses mains glacées, elle tente de boucler le laçage récalcitrant au dos de ma robe bleu pâle. Confectionné pour le mariage auquel elle n’a jamais eu droit, le vêtement est un peu serré pour moi.

— Voilà ! conclut-elle lorsqu’elle parvient enfin à le fermer jusqu’en haut. Retourne-toi.

Je m’exécute à contrecœur en tapotant du bout des doigts le tissu soyeux. Je n’ai pas l’habitude de porter des robes. J’ai l’impression d’être presque nue en dessous et, déjà, je n’ai plus qu’une envie : remettre un pantalon et me débarrasser du corsage trop étroit qui m’empêche de respirer normalement. Comme si elle lisait dans mes pensées, ma sœur baisse les yeux sur le corset.

— Tu as des formes plus généreuses que les miennes, constate-t-elle avec une moue amusée. Mais ça m’étonnerait qu’il s’en plaigne…

— C’est bon, Callie… Tes remarques, tu peux te les garder.

Ma réponse manque cruellement de conviction. Je n’aurais jamais cru être aussi nerveuse. Ce n’est pas comme si cette journée était inattendue, en plus ! J’ai su toute ma vie qu’elle s’annonçait à l’horizon – j’ai même passé chaque minute des deux dernières années à m’y préparer. Et à présent que le grand jour est arrivé, je ne parviens ni à maîtriser le tremblement de mes mains, ni à dompter mon estomac révulsé. Serai-je capable d’accomplir mon devoir ? Je n’ai pas le choix, je le sais.

Callie rabat une mèche de cheveux rebelle derrière mon oreille.

— Tout va bien se passer, me promet-elle d’un ton ferme. D’accord ? Tu sais quoi faire.

Je relève la tête et je réponds simplement :

— Je sais, oui.

Ses paroles me font me sentir plus forte : elle a raison, je n’ai pas besoin d’être traitée comme une enfant.

Elle me regarde un long moment, les lèvres pincées. Est-elle mécontente que je prenne la place qui lui revenait de droit, ou se sent-elle au contraire libérée de son fardeau ? Soulagée de ne plus être celle sur qui reposent tant d’espoirs ?

— Les filles ! appelle mon père depuis le rez-de-chaussée. C’est l’heure !

— Vas-y, dis-je à ma sœur. Je te suis…

J’ai besoin d’un dernier instant de calme, d’une dernière occasion de contempler la chambre qui ne sera plus jamais la mienne. Callie sort, mais laisse la porte entrouverte. J’entends mon père qui s’impatiente en bas, elle qui le rassure à voix basse.

Sur mon lit se trouve une valise usée aux roulettes cassées depuis longtemps – je vais devoir la porter. Je la soulève et je fais lentement un tour sur moi-même. Je sais que je ne dormirai plus jamais dans ce lit étroit, ne me brosserai plus jamais les cheveux devant la coiffeuse, ne m’endormirai plus jamais au son de la pluie contre cette vitre. Je respire un grand coup et je ferme les yeux pour retenir les larmes que je sens monter. Quand je les rouvre, ils sont secs. Je sors de la pièce sans un regard en arrière.

Les mariages sont célébrés le deuxième samedi de mai. Certaines années, lorsqu’il pleut, une légère odeur de brûlé nous parvient, même après tout ce temps. Mais aujourd’hui, le ciel d’un bleu éclatant est dégagé depuis l’aube, et seuls quelques nuages vaporeux flottent dans la brise légère. Une belle journée pour se marier… Pourtant, tout au long de notre trajet à pied vers la mairie, je ne parviens à me concentrer que sur les battements irréguliers de mon cœur et la sueur qui ruisselle entre mes omoplates.

Mon père et Callie m’encadrent, un peu comme si j’étais un cheval prêt à s’emballer. Je ne compte pas m’enfuir, mais à quoi bon le leur dire ? Mon père m’effleure la main, puis la prend dans la sienne. Il ne me l’a pas tenue depuis que je suis toute petite et son geste me cause un tel choc que je trébuche toute seule – c’est même lui qui me rattrape avant que je ne tombe. Mais malgré la surprise, je suis profondément émue : un tel comportement n’est pas habituel chez lui. Offrir du réconfort, ce n’est pas son genre. Lorsqu’on a un destin tout tracé, comme le mien, on n’a pas besoin d’être dorlotée. Son rôle, c’est de me rendre forte. J’aime à croire qu’il y a réussi, mais je prends peut-être mes désirs pour des réalités.

— Nous sommes fiers de toi, dit-il. (Il étreint ma main, une fois, presque à me faire mal, puis la relâche.) Tu vas y arriver.

Les yeux braqués droit devant moi, je réponds :

— Je sais.

La façade en pierre calcaire de l’hôtel de ville est à présent toute proche. D’autres jeunes filles, accompagnées de leurs parents, gravissent les marches du perron. Elles doivent être nerveuses, impatientes de savoir si, à la fin de la journée, elles seront mariées ou devront rentrer chez elles retrouver leur lit d’adolescente. Mon anxiété n’a rien à voir avec la leur. Je sais où je vais coucher ce soir, et ce ne sera pas dans les draps que j’ai quittés ce matin. La peur me serre la gorge.

Lorsque nous parvenons sur le trottoir devant la mairie, certains commencent à se retourner, à faire signe à mon père, à venir lui serrer la main ou lui taper sur l’épaule. De temps à autre, quelqu’un m’adresse un sourire rassurant, me complimente sur ma tenue.

— Souris ! me souffle Callie à l’oreille. Tu as une grimace collée sur le visage.

Je souffle, irritée :

— Si c’est si facile, tu n’as qu’à essayer !

Pourtant, malgré mes protestations, j’obéis.

— J’aurais bien voulu, souviens-toi ! rétorque-t-elle. Mais je n’ai pas eu cette chance. Maintenant, tu dois le faire à ma place.

Voilà, j’ai ma réponse : elle est jalouse de moi, dépitée d’avoir été spoliée de son droit d’aînesse. Je m’attends à croiser un regard glacial mais, quand je tourne la tête vers elle, ses prunelles sont empreintes d’une douceur que je leur ai rarement vue. Callie, c’est la version féminine de notre père, avec ses yeux chocolat et ses cheveux bruns. J’ai toujours voulu leur ressembler plutôt que d’être celle qui détonne : mes iris bleu-gris et mes cheveux ni vraiment blonds, ni vraiment bruns, je les ai hérités de notre mère, morte depuis longtemps. Même si nous nous ressemblons très peu, lorsque je regarde ma sœur, j’ai l’impression de me voir moi, mais en plus féroce et plus disciplinée : elle incarne la personne que je suis censée devenir.

Nous suivons la longue file de jeunes filles à marier à l’intérieur de la mairie. Je suis entourée d’adolescentes en robes de couleur claire – certaines tiennent un bouquet, d’autres, comme moi, arrivent les mains vides. On nous mène jusqu’à la rotonde principale. À une des extrémités de la salle a été dressée une scène. Un rideau sombre est tiré, derrière lequel, en cet instant même, les garçons s’alignent en attendant qu’on leur révèle qui sera leur épouse.

Les candidates au mariage prennent place sur les premières rangées de chaises, leurs familles et celles des futurs époux s’asseyent derrière elles. Le président Lattimer et sa femme, eux, sont installés sur l’estrade, comme chaque année. Même avec leur fils derrière le rideau en ce jour très particulier, leur rôle demeure immuable. Mon père fait un pas vers moi, me presse une dernière fois la main puis la laisse retomber avant de s’éloigner. Callie dépose un rapide baiser sur ma joue, sans conviction.

— Bonne chance, me dit-elle.

Si ma mère était toujours en vie, peut-être m’étreindrait-elle, me quitterait-elle sur un dernier conseil utile plutôt qu’une telle platitude.

Une fois installée sur un siège vide au premier rang, je m’applique à éviter le regard du président et des filles autour de moi. Je me concentre sur une petite déchirure dans le rideau sombre, jusqu’à ce que la future mariée assise à côté de moi me glisse quelque chose dans la main.

— Tiens, prends-en un et fais passer.

Je m’exécute avant de tendre la liasse de programmes à ma voisine de gauche. C’est le même tous les ans. Seuls la couleur du papier et les noms à l’intérieur changent. À quoi bon, d’ailleurs : tout le monde le connaît sans doute par cœur, depuis le temps. Cette année, il est imprimé sur du papier rose clair et les mots « Cérémonie de mariage » sont inscrits sur la couverture en lettres cursives. L’encre a légèrement bavé. Les deux premières pages relatent l’histoire de notre « nation ». À titre personnel, je trouve ridicule de parler d’une ville de moins de dix mille habitants comme d’une nation, mais personne n’est venu me demander mon avis.

Il est question de la guerre qui a provoqué la fin du monde, des inondations et des sécheresses qui ont suivi, des maladies qui ont bien failli avoir raison de nous. Mais bien sûr, notre peuple de rescapés en haillons, las des affrontements, a resurgi de ses cendres : les uns comme les autres, nous avons sillonné un vaste territoire stérile pour finir par nous retrouver et nous installer dans le coin le plus propice afin de tout recommencer à zéro. Bla, bla, bla… Notre résurrection, pourtant, n’a pas été exempte de conflits et de morts supplémentaires, car deux camps se sont affrontés pour déterminer comment grandirait notre minuscule nation. Le parti qui l’a emporté était mené par le père du président Lattimer. Magnanime, il a accueilli le vaincu, mon grand-père, Samuel Westfall, et ses partisans dans son giron, leur a promis le pardon et accordé l’absolution de leurs péchés. Au fil de ma lecture, le dégoût monte, j’ai envie de vomir.

Et voilà pourquoi nous organisons cette journée de mariage. Les familles issues du camp des perdants offrent leurs filles de seize ans aux fils des vainqueurs. Il y a un deuxième round en novembre : cette fois, ce sont les fils du parti des vaincus qui épousent les filles des gagnants. Mais cette journée-là a une tonalité plus sombre puisqu’elle voit les descendantes des familles les plus prestigieuses de la nation contraintes de s’unir à leurs inférieurs sous un ciel blafard…

La théorie derrière la pratique de ces mariages arrangés est double. Premier objectif : comme on ne vit plus aussi longtemps qu’avant-guerre, donner naissance à une progéniture en bonne santé est bien plus aléatoire que par le passé. Il est donc important de procréer, et le plus tôt le mieux. Le second objectif est encore plus pragmatique. Le père du président Lattimer était assez intelligent pour le savoir : la paix ne dure que tant que le camp des mécontents a encore quelque chose à perdre en cas de révolte. En mariant nos filles aux fils de ses partisans, et inversement, il s’est assuré que nous y réfléchirions à deux fois avant de prendre les armes. Tuer son ennemi, c’est une chose, mais s’il a le visage de votre enfant, et s’il vous faut abattre ensuite votre propre petit-fils, alors c’est une tout autre histoire. Et jusqu’ici, cette stratégie a rempli son office : depuis deux générations maintenant, nous sommes en paix.

Il fait chaud dans la salle, même avec les portes grandes ouvertes et la fraîcheur relative que garantissent les épais murs de pierre de l’édifice. J’étouffe : j’essuie la goutte de sueur qui glisse le long de ma nuque et j’en profite pour soulever un peu la masse de mes cheveux. Callie a fait de son mieux pour dompter mes boucles, mais vu son épaisseur naturelle, je ne pense pas que ma crinière ait coopéré comme ma sœur l’espérait. Ma voisine de droite me sourit.

— C’est très joli, me dit-elle. Ça te va bien.

— Merci…

Ses cheveux roux sont surmontés d’une couronne de roses jaunes dont les pétales fanent déjà à cause de la chaleur.

— C’est ma deuxième année, chuchote-t-elle. Ma dernière chance.

Si on ne vous attribue pas de partenaire à l’âge de seize ans, votre nom est remis en jeu l’année suivante. Notamment lorsque les garçons ne sont pas en nombre suffisant pour être unis à toutes les filles disponibles, et vice-versa. Si, après deux essais, on n’a toujours pas de conjoint, alors on est libre d’épouser la personne de son choix parmi celles qui n’ont pas non plus été jugées dignes d’une union avec l’élite de la nation. Si on est une femme, on peut aussi chercher à devenir infirmière ou institutrice. Les hommes, mariés ou non, travaillent. Les épouses, elles, doivent devenir mères au foyer et élever leurs enfants… Aussi les postes traditionnellement réservés aux femmes sont-ils en général occupés par les laissées-pour-compte du système des mariages arrangés.

— Bonne chance ! dis-je à ma voisine.

À mon sens, ce ne serait pas un destin si terrible de rester célibataire mais, en ce qui me concerne, la question est réglée. Mon nom a été glissé dans une enveloppe le jour où celui de Callie en a été retiré. Pour moi, pas de suspense. Les autres filles présentes dans la salle ont pu bénéficier de tests de personnalité et d’interminables entretiens afin qu’elles puissent au moins avoir une petite chance d’être compatibles avec leur futur mari. Dans mon cas, le seul élément retenu, c’est mon nom de famille.

— Merci ! me répond-elle. Je sais qui tu es. Mon père m’a montré le tien tout à l’heure.

Je ne réponds pas. Je regarde droit devant moi les planches et le rideau noir qui commence à s’agiter. J’inspire profondément par le nez avant d’expirer lentement par la bouche.

Un homme approche de la petite estrade placée sur le côté de la scène. Visiblement nerveux, il couve du regard les spectateurs, puis le président.

— Mesdames et messieurs ! commence-t-il.

Sa voix s’étrangle sur la dernière syllabe et quelques rires fusent dans la salle. Il se racle la gorge avant de se jeter à l’eau pour de bon :

— Mesdames et messieurs, nous sommes réunis aujourd’hui pour célébrer le mariage des jeunes gens d’Eastglen avec les représentantes de Westside. Leur union incarne ce que notre petite nation a de mieux à offrir à ses membres et symbolise la paix pour laquelle nous avons lutté ensemble.

Ce n’est pas toujours le même orateur, mais le discours, lui, est à chaque fois identique, si triste et ridicule que j’hésite entre le rire et les larmes.

À côté de moi, ma voisine aux cheveux roux serre tellement fort les poings que les jointures de ses doigts en deviennent blanches. Au comble de la nervosité, elle a même commencé à taper du pied. L’homme sur l’estrade fait un petit signe à un complice invisible et, lentement, le rideau s’écarte. Le frottement des anneaux sur la tringle de métal me fait grincer des dents. Les premiers garçons dévoilés sont de véritables boules de nerfs : ils sortent les mains de leurs poches, les y rentrent aussitôt, ou dansent d’un pied sur l’autre pour certains. Un tout petit brun, qui a l’air d’avoir douze ans plutôt que seize, est secoué d’un fou rire, le dos courbé et les épaules agitées de soubresauts. Je suis contente, au moins, que celui-là ne soit pas mon futur mari.

Le jeune homme qui m’est destiné a été placé au centre de la rangée. Il dépasse d’une tête tous les autres garçons, à tel point qu’ils semblent l’entourer comme une cour de jeunes enfants. Il paraît aussi plus vieux que tous ses camarades – logique, puisqu’il a deux ans de plus que tout le monde. Cependant, je doute que, de toute sa vie, il ait jamais eu l’air d’un adolescent gauche. Une gravité qu’aucun des autres ne possède se dégage de lui. Il ne s’agite pas inutilement et j’ai du mal à l’imaginer pris d’un fou rire puéril. Son regard impassible, presque amusé, semble rivé sur un point au fond de la salle. Il ne m’accorde même pas un coup d’œil.

Il aurait dû se trouver sur cette scène il y a deux ans déjà. Depuis le début, il était prévu qu’il épouse Callie, qui a le même âge que lui. Mais la veille de la cérémonie, nous avons été avertis qu’il ne s’y présenterait pas : il préférait ne pas se marier avant l’âge de dix-huit ans, et ce serait moi qui me trouverais à ses côtés le jour venu, plutôt que ma sœur. De tels caprices sont possibles, je suppose, lorsqu’on est le fils du président. En lot de consolation, Callie a été autorisée à ôter son nom de la liste des épouses potentielles. Ce qu’elle s’est empressée de faire. Une option dont j’aimerais bien disposer aujourd’hui.

— Oh, mon Dieu… souffle la rouquine. Quelle chance tu as !

Je sais que son commentaire est sincère, et je tente de lui sourire, mais mes lèvres refusent de coopérer. L’homme juché sur l’estrade passe la parole à l’épouse du président, Mme Erin Lattimer. Les cheveux auburn, le port altier, elle est dotée d’une silhouette aux courbes généreuses qui attire les regards masculins. Mais sa voix est acerbe, froide. Elle me rappelle la première bouchée qu’on croque dans une pomme verte trop acide.

— Comme vous le savez tous, déclare-t-elle, je vais lire le nom de chaque garçon, qui s’avancera alors sur le devant de la scène. Puis j’ouvrirai l’enveloppe qui contient l’identité de la jeune fille destinée à devenir sa femme. (Elle étudie le premier rang un court instant.) Mesdemoiselles, veuillez monter sur scène dès que je prononce votre nom. Si, à la fin de la cérémonie, vous n’avez pas été appelée, le comité aura tout simplement statué que vous ne conveniez à aucun des garçons présents cette année, voilà tout. (Elle nous gratifie d’un sourire glacial.) Dans ce cas, il n’y a aucune honte à avoir, bien entendu.

Pourtant, c’est une humiliation de ne pas être retenue, tout le monde le sait. Personne ne le dit à voix haute, mais si une fille ne trouve pas chaussure à son pied, c’est toujours de sa faute à elle. C’est elle qui ne mérite pas de se voir attribuer un partenaire, et jamais l’inverse.

Le premier nom appelé sonne comme un coup de canon dans la salle silencieuse : Luke Allen. C’est un blond au nez criblé de taches de son, comme saupoudré de sucre roux. Au moment où Mme Lattimer déchire l’enveloppe qui porte son patronyme et en tire un bristol couleur crème, les yeux bleus du prétendant s’écarquillent une fraction de seconde.

— Émily Thorne ! proclame l’oratrice.

J’entends derrière moi des remous et des murmures excités. Une jeune fille de petite taille aux cheveux couleur caramel remonte la rangée derrière moi jusqu’à rejoindre l’allée centrale. Elle fait un faux pas en gravissant les quelques marches qui mènent à la scène : Luke se précipite sans perdre un instant pour la retenir par la main. Plusieurs candidates au mariage, autour de moi, poussent un grand soupir, comme si c’était le geste le plus romantique qu’elles aient jamais vu. Je dois faire un effort pour ne pas lever les yeux au ciel. Luke et Émily restent cloués sur place, un peu maladroits, en se lançant des œillades gênées, jusqu’au moment où on leur demande de rejoindre le côté du décor pour pouvoir annoncer le couple suivant.

J’ai l’impression que des heures interminables passent avant que la femme du président ne vienne à bout de l’épaisse liasse de bristols. Même alors, il reste encore beaucoup de filles assises, y compris ma voisine. Mme Lattimer élève la dernière enveloppe et les joues de la rouquine se couvrent de larmes. J’ai une envie furieuse de lui souffler qu’elle devrait se sentir soulagée et profiter de sa chance au contraire : elle va pouvoir rentrer chez elle, ce soir. Et imaginer ce qu’elle fera librement de sa vie à partir de ce jour, plutôt que de devoir se plier à un rôle obligatoire d’épouse et de mère au foyer. Mais je sais que mes paroles ne lui seront d’aucun réconfort. Parce que tout ce qu’on retiendra d’elle, c’est qu’elle est rentrée seule chez elle à la fin de cette journée. Elle a été répudiée par le système.

Par-dessus son épaule, Mme Lattimer jette un regard à son mari. Le président se lève pour s’approcher de la petite estrade. C’est un homme de haute taille : inutile de se demander d’où le fils Lattimer tient sa stature. Les cheveux sombres du président sont parsemés de gris aux tempes et son menton, volontaire, creusé d’une fossette. Il scrute la foule, puis pose sur moi des yeux bleu pâle. Je frissonne, mais je soutiens son regard scrutateur.

— Aujourd’hui, plus que jamais, n’est pas une journée comme les autres, dit-il. Il y a longtemps, après la guerre, des visions divergentes se sont manifestées sur la manière de reconstruire notre nation. Heureusement, les deux camps ont fini par parvenir à un accord.

Je trouve intéressant qu’il transforme des affrontements armés en « visions divergentes », et un diktat en « accord ». Lattimer a toujours été maître dans l’art de manipuler les concepts pour les faire cadrer avec les histoires qu’il nous raconte.

— Comme vous le savez, mon père, Alexander Lattimer, était à la tête du groupe qui s’est finalement imposé. Samuel Westfall, qui s’était opposé à lui, a fini avec le temps par se rallier à la vision qu’avait mon père de notre avenir.

C’est un mensonge. Mon grand-père n’a jamais approuvé ce qu’envisageait Lattimer pour notre petite communauté. Il souhaitait rebâtir une démocratie où, tous, nous aurions le droit de vote et notre mot à dire sur la conduite de notre propre vie. Il a passé des années à guider et garder en vie un groupe de survivants de plus en plus nombreux, qui a subi une longue transhumance avant de trouver un endroit convenable où s’installer. Ensuite, Alexander Lattimer, qui voulait créer une dynastie, s’est approprié ce que mon grand-père avait accompli.

Je n’ose pas tourner la tête pour chercher du regard mon propre père ou Callie dans la foule. Après toutes ces années, ils sont doués pour masquer leurs émotions, mais je saurai lire la rage dans leurs yeux, je le sais. Ce qui serait au moins un soulagement, car je n’ai pas le droit de montrer la mienne.

— Et aujourd’hui, pour la première fois, une union va avoir lieu entre un Lattimer et une Westfall, continue le président.

Son sourire ne me paraît pas forcé, et peut-être ne l’est-il pas. En tout cas, je sais ce que signifie ce mariage pour lui. C’est encore une victoire, encore une façon de consolider son pouvoir – voilà la vraie raison de sa jubilation. À la mort de mon père, il n’y aura plus de Westfall. Ce n’est pas assez pour notre ennemi que notre lignée se termine, il faut aussi que mes enfants deviennent des Lattimer.

— Jusqu’ici, nos deux familles ne se sont pas montrées très douées pour produire des filles, poursuit l’homme.

Des éclats de rire se font entendre dans la foule, mais je n’arrive pas à me joindre aux autres, même si je sais que je le devrais. Lorsque le silence revient, l’orateur lève bien haut l’enveloppe afin que tout le monde la voie.

— Le fils du président et la fille du fondateur ! clame-t-il.

Bien entendu, mon père n’était pas le fondateur. C’est mon grand-père qui a fondé notre ville, où le pouvoir a ensuite été usurpé par Alexander Lattimer et ses partisans. Mais il a été établi dès l’origine que le descendant du bâtisseur de la cité serait à son tour baptisé fondateur, de même que le fils du vainqueur serait appelé président. C’est une fonction purement honorifique, bien sûr. Le prétendu fondateur n’a pas son mot à dire dans la façon dont est gouvernée notre nation. Il fait de la figuration lors des cérémonies, afin de prouver que nous sommes bien une société pacifique. Notre gouvernement sait vraiment y faire ! Octroyer ce titre creux, c’est comme offrir à mon père un magnifique emballage sans cadeau à l’intérieur. Ils espèrent que nous serons tellement distraits par un peu de papier chatoyant, par les apparences, que nous ne remarquerons pas que la boîte est vide.

— Bishop Lattimer, appelle le président d’une voix claire et forte.

Quand l’enveloppe se déchire, j’ai l’impression qu’on n’entend que ça dans toute la salle. Des centaines de paires d’yeux sont rivées sur moi, alors je garde la tête haute. L’homme tire la carte de son étui dans un grand geste et m’adresse un large sourire. Je vois sa bouche former le nom « Ivy Westfall », mais je ne l’entends pas : mes oreilles bourdonnent, mon cœur tambourine trop fort.

Je prends une dernière grande inspiration – en espérant qu’une bouffée de courage se mêle à l’air qui pénètre dans mes poumons. Je m’efforce de faire taire la colère qui bat dans mes veines comme un poison pernicieux. Je me lève, les jambes plus solides et la démarche plus assurée que je ne l’aurais cru. Lorsque je me dirige vers les marches, mes talons claquent sur le carrelage. Derrière moi, la foule applaudit, pousse des cris de joie. Quelques sifflements irrévérencieux viennent ponctuer le chaos. Je commence à peine à gravir le petit escalier quand le président me rejoint pour me prendre par le bras.

— Ivy… me dit-il. Nous sommes très heureux de t’accueillir dans notre famille.

Ses yeux reflètent une chaleur qui semble sincère. Je me sens trahie. Je les voudrais au contraire glacés et indifférents, pour mieux s’accorder à ce que je sais par ailleurs de cet homme.

— Merci, dis-je d’une voix ferme qui ne sonne pas comme la mienne. Moi aussi, je suis vraiment ravie.

Une fois que je me trouve sur scène, les autres couples font tous un pas de côté pour ouvrir un espace au centre du groupe, où m’attend Bishop Lattimer. Je soutiens son regard, qui ne dévie pas. Il est encore plus grand que je ne le croyais mais, moi aussi, je suis plutôt grande et, pour une fois, je vois ma taille comme un avantage. Je ne voudrais pas me sentir encore plus impuissante que je ne le suis vraiment.

Il a les cheveux bruns, comme son père. De plus près, je discerne des mèches plus claires dans sa chevelure couleur café, comme s’il avait beaucoup pris le soleil. Rien d’étonnant car, d’après les rumeurs, il préfère passer ses journées dehors plutôt qu’enfermé. Si j’ai bien suivi, son père doit l’obliger à participer au conseil municipal, car on le trouve plus souvent à la rivière, en train de faire du rafting, qu’à la mairie. Ses yeux vert clair sont d’un calme olympien et m’étudient avec une intensité qui me colle aussitôt une espèce de boule au ventre. Ni hostile ni accueillant, son regard semble me jauger, comme une énigme, un problème à résoudre. Il ne se donne pas la peine de venir à ma rencontre, mais quand j’approche assez pour tendre une main tremblante, comme on me l’a appris, il la prend dans la sienne. Une paume chaude aux doigts vigoureux se referme sur la mienne. À ma grande surprise, il y applique une brève pression. Cherche-t-il à se montrer prévenant ? À me rassurer ? Impossible à dire : son regard est déjà posé sur le prêtre qui attend en coulisses.

— C’est le moment de commencer, lance le président Lattimer.

Tout le monde sur scène prend place, chacun à côté de son futur conjoint, Bishop et moi au centre afin que tous les spectateurs puissent bien nous voir. Mon futur compagnon prend mon autre main dans la sienne, quelques centimètres à peine nous séparent. J’ai envie de hurler que ce n’est pas normal. Que je ne connais pas le garçon qui est en face de moi. Que je n’ai pas échangé un seul mot avec lui de toute ma vie. Il ignore que ma couleur préférée est le violet, que la mère dont je n’ai aucun souvenir me manque pourtant toujours autant et qu’en cet instant, je suis absolument terrifiée. Je lance un coup d’œil paniqué aux spectateurs pour ne trouver que des visages souriants levés vers moi. L’enthousiasme avec lequel tout le monde se plie à cette mascarade ne fait qu’empirer les choses. Personne, jamais, ne s’interpose ni ne tente d’empêcher le mariage de son enfant avec un inconnu. Dans l’arsenal du président Lattimer, notre obéissance aveugle est l’arme la plus efficace de toutes.

Et en fin de compte, je ne vaux pas mieux que les autres. J’ouvre la bouche au même moment que tous les participants, je répète des mots que je n’entends même pas, couverts par des dizaines de voix plus fortes que la mienne. J’essaie de me persuader que rien de tout ça n’a la moindre importance. Il faut absolument que j’en passe par là, c’est inévitable, donc je m’exécute sans protester. Je passe au doigt de Bishop l’anneau d’or tout simple qui appartenait à mon père et il m’imite à son tour. Sur ma peau, l’alliance est comme un corps étranger qui me serre trop fort, qui emmure ma chair. Elle est pourtant à ma taille, je le sais bien.

Une fois que le prêtre nous a déclarés mari et femme, Bishop n’essaie pas de m’embrasser, pas même sur la joue, et je lui en suis reconnaissante. Je ne crois pas que je l’aurais supporté. Ce type est un parfait inconnu. Si quelqu’un dans la rue m’attrapait pour poser ses lèvres sur les miennes, ce serait pareil : une agression, pas une démonstration d’affection. Pourtant, autour de nous, des couples s’étreignent, applaudissent, et la plupart d’entre eux n’hésitent pas à s’embrasser comme s’ils n’étaient pas des inconnus l’un pour l’autre à peine une heure plus tôt. Ces filles seront-elles aussi heureuses d’ici quelques mois, quand leur ventre sera arrondi, quand elles comprendront qu’elles sont condamnées pour la vie à dormir à côté d’un garçon dont elles ne savent rien ?

Pour elles, pour tous les autres, cette cérémonie est un moyen de maintenir la paix et la cohésion de notre nation. Ils honorent une tradition qui permet de consolider, depuis plus de deux générations, une société menacée de disparition. Mais contrairement à eux, je sais que cette harmonie est fragile, qu’elle ne tient que par quelques minces liens en lambeaux qui tombent en poussière en cet instant même. Car je ne suis en rien comme ces adolescentes qui m’entourent. Épouser Bishop Lattimer, ce n’est pas accomplir mon destin. Ma mission n’est pas de le rendre heureux, de porter ses enfants et d’être sa femme. Ma mission, c’est de l’assassiner.

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Extrait ajouté par Melopxh 2021-07-06T21:53:56+02:00

À ma grande surprise, j'éclate soudain de rire, et Bishop se tourne vers moi.

- Quoi ?

- Tu as l'air ridicule. (Les manches retroussées, il est couvert d'eau et de paillettes de savon, du bout des doigts jusqu'au coudes, et il a toujours un agrégat de savon gluant entre les mains. Un autre rire fuse et je me couvre la bouche.) Désolée, parviens-je à articuler.

Il se débarrasse du savon et s'essuie les mains sur son short.

- Mais non, tu peux rire, dit-il en souriant. Et maintenant ?

- Maintenant tu mets quelques vêtements dans l'eau. Deux ou trois ! précisé-je vite en le voyant prendre toute la pile de linge. Pas tout !

[...]

Je rince la chemise lavée et je l'étends sur le fil pendant que Bishop passe au reste des vêtements. Quand je me retourne, il est en train de s'acharner sur un pantalon, qu'il frotte comme s'il cherchait à trouer le tissu.

- Euh... Tu essaies de le laver, pas de lui taper dessus jusqu'à ce qu'il crie grâce.

[...]

Il m'envoie une poignée de mousse, que j'évite avec un cri. Une fois hors de sa portée, je prends conscience que c'est la première fois que je passe plus de cinq minutes avec lui sans penser au plan ou à me demander comment réagir.

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Extrait ajouté par Lucifera999 2021-05-07T08:47:47+02:00

- Combien de filles as-tu embrassées en jouant au jeu de la bouteille ?

Je ris comme s'il s'agissait d'une blague, mais mon rire sonne faux.

- Ça dépends, répond-il, un peu amusé. On parle d'un vrai baiser ou d'un petit bisou vite fait ?

- D'un vrai baiser.

Je ne lui avoue pas que pour moi, baiser et bisou, c'est la même chose, sachant qu'en dehors de la tentative désastreuse sur son épaule, je n'ai jamais embrassé autre chose que la joue de mon père et celle de Callie.

La mine sérieuse, il plonge ses yeux verts dans les miens comme s'il essayait de deviner ce qui se cache derrière la question.

- J'ai embrassée trois filles dans ma vie. Une quand j'avais treize ans, au jeu de la bouteille. Une autre en colo quand j'avais quatorze ans, avec un usage un peu excessif de la langue.

Je ris, et cette fois ce n'est pas forcé.

- La tienne ou la sienne ?

Bishop lève les deux mains comme s'il se rendait.

- Je plaide le droit de garder le silence.

A présent je m'esclaffe et Bishop affiche une expression très étrange. Comme s'il venait d'apprendre la plus merveilleuse nouvelle du monde, un large sourire se dessine sur ses lèvres, tel un rayon de soleil.

P.220/221

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Extrait ajouté par J4u5 2021-05-02T18:27:39+02:00

Moi aussi j'ai mal au coeur en regardant mon père. Comme il a du souffrir d'être amoureux d'une femme qui n'a jamais pu l'aimer autant en retour ! Puis je pense à Erin Lattimer, qui se trouve dans le même cas. Je comprends pourquoi le président pensait agir de façon juste en n'épousant pas ma mère, mais il a eu tort. On ne peut pas légiférer sur l'amour. L'amour dépasse les graphiques, les diagrammes et les intérêts communs. L'amour, c'est brouillon, c'est compliqué, et c'est une erreur de refuser sa magie aléatoire.

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Extrait ajouté par charlyne12ph 2020-07-11T21:00:26+02:00

« Une fois, Bishop m’a demandé qui je voulais être. Je crois que maintenant, je connais la réponse. Je veux être une personne assez forte et courageuse pour prendre des décisions difficiles. Mais je veux être assez juste et aimante pour prendre les bonnes.

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Extrait ajouté par Presci_llia 2020-06-14T21:49:24+02:00

Une fois Bishop m'a demandé qui je voulais être. Je crois que maintenant, je connais la réponse. Je veux être une personne assez forte et courageuse pour prendre des décisions difficiles. Mais je veux être assez juste et aimante pour prendre les bonnes. Spoiler(cliquez pour révéler)Après tout ce qui s'est passé, je ne peux regretter d'avoir aimé Bishop. Et je ne regrette pas non plus de l'avoir sauvé, même si j'ai dû pour ça me sacrifier. C'était mon choix, et j'en suis fière. S'il me rend faible, alors c'est une faiblesse avec laquelle je peux enfin vivre.

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