Extraits

Alors que mon esprit aurait dû choisir de vivre l’instant présent, de s’épanouir dans les minutes, les secondes passées avec Starlet, je ne pouvais pas le permettre.Mon cœur se brisait parce que je l’aimais tellement.Mon âme souffrait parce qu’un jour viendrait où notre amour aurait une fin.J’en avais tellement assez des fins. Les fins m’empêchaient à jamais de vouloir recommencer quelque chose.

-Tu veux bien me rendre un service?

-Lequel ?

-Pose moi encore des questions sur ma mère.

Et elle le fit. Elle me posa un million de questions et pourtant j’avais l’impression que ce n’était pas assez. On est restés dans la bibliothèque plus longtemps que prévu. À parler de nous mères comme si elles étaient encore vivantes. Je lui dis des choses concernant ma mère que je n’avais jamais confiées à personne. Starlet pleura, mais cela ne m’étonna pas. Elle semblait être du genre à ressentir les choses plus profondément que d’autres. Je me demandai ce que ça faisait, d’être hypersensible tout le temps, quoi qu’il arrive.

[…]

Bon dieu…

Grâce à elle, je recommençais à éprouver quelque chose.

J’avais presque oublié ce que ça faisait.

Merci d'avoir aimé ta maman quand elle était trop faible pour s'aimer elle-même.

J'aurais aimé que l'amour suffise à effacer les aspérités de la vie. Bien sûr, il avait l'effet d'un baume apaisant, mais il ne réparait pas les fêlures de mon cœur, s'il le tranquillisait parfois.

Le chagrin a cet effet sur les individus. Il peut faire passer des gens exceptionnels pour des êtres totalement dépourvus d'intérêt, faibles et figés dans leur tristesse.

Mais la chose la plus surprenante à mes yeux, c'est l'impact laissé par le chagrin une fois que ces cœurs pétrifiés par le froid commencent à fondre.

Je ressentais pour Starlet Evans plus que ce qu'un cœur de pierre comme le mien pouvait ressentir pour une autre personne.

Ma raison savait que je jouais avec le feu. Mais mon cœur se moquait des brûlures.

Starlet était comme une drogue pour mon esprit, mais au lieu de m'abrutir et de me brouiller les idées, elle les éclaircissait au contraire. Elle rendait les zones de tristesse en moi plus faciles à supporter. Elles n'avaient pas complètement disparu. Je savais que ce n'était pas si facile avec la dépression. Mais avec elle je me sentais moins seul lorsque je les traversais. Elle voyait le poids de ma souffrance et proposait de le porter avec moi, de la façon la plus subtile qui soit.

J'étais impressionnée de voir que lorsque des personnes souffrent, aussi différentes soient-elles, la tristesse apparaît de la même façon dans leurs yeux.

Le chagrin est une créature complexe. Un jour, on est triste et le lendemain empli de rage. Parfois, rarement, on est les deux en même temps. Tellement en colère et agressif, tellement triste et déprimé.