Extraits

"I am always surprised to discover that when the world seems darkest, there exists the greatest opportunity for light."

“We are not always presented with the choices we want, but choices exist nonetheless.”

Une fois Ironwill reconduit aux écuries, la fille chemine sans un mot à mes côtés.

Sa démarche irrégulière m’apprend qu’elle est sérieusement blessée. Elle garde ses distances, aussi bien avec Grey qu’avec moi, les bras pressés contre son ventre, une main sur le manche de son poignard.

Je suis impressionné qu’elle ait trouvé cette arme – et encore plus qu’elle ait eu l’intuition d’aller dans l’écurie chercher un moyen de s’échapper. La plupart des filles que Grey ramène de cet autre monde ne s’approchent ni des armes ni des chevaux, elles préfèrent de loin les beaux vêtements qu’elles trouvent dans les armoires généreusement pourvues du château. En début de saison, elles viennent généralement s’asseoir près du feu et me dévorent du regard par-dessus le rebord de coupes en cristal, pendant que je leur sers du vin et leur raconte des histoires suffisamment malicieuses pour les faire rougir.

Si je lui offrais une coupe en cristal, cette fille-là la briserait sans doute et se servirait des éclats pour m’attaquer. 

Le feu claque, un peu de petit bois tombe au pied de la cheminée. Pile à l’heure.

Grey ne va pas tarder à revenir.

Je soupire. Des mots répétés cent fois s’apprêtent à franchir mes lèvres, bien qu’il faille parfois un peu de temps à la fille pour se réveiller après avoir respiré l’éther avec lequel Grey les endort.

Elles ont toujours peur au début, mais j’ai appris à apaiser leurs inquiétudes, à les charmer pour les convaincre de m’accorder leur confiance.

Afin de mieux les trahir lorsque l’hiver succède à l’automne. Et que je me métamorphose sous leurs yeux.

L’air vacille et je me redresse. J’ai beau haïr cette malédiction, cette existence qui se répète à l’infini, ces filles sont la seule variable. Malgré moi, je suis curieux de voir quelle beauté inerte se trouvera dans les bras de Grey aujourd’hui.

Lorsqu’il se matérialise, pourtant, il plaque une fille sur le sol. Et c’est loin d’être une beauté endormie.

Efflanquée, sans chaussures, elle plante ses ongles dans son cou.

Grey écarte sa main avec un juron. Des lignes de sang apparaissent sur sa gorge. 

Je me lève de mon fauteuil avec un léger temps de retard, tant je suis surpris par la nouveauté de ce spectacle.

– Commandant ! Relâchez-la !

Il bondit en arrière et se redresse sur ses pieds. La fille s’éloigne de lui en rampant, la main serrée sur une sorte d’arme rouillée. Ses mouvements sont laborieux et maladroits.

– Qu’est-ce qui se passe ? Qu’est-ce que vous avez fait ?

Elle prend appui contre le mur pour se relever. Grey s’empare de son épée, sur le fauteuil, et la libère de son fourreau avec une férocité que je n’ai pas vue depuis… une éternité.

– Ne vous en faites pas, altesse. Cela pourrait bien être la plus courte des saisons. 

« J’aurais dû laisser les hommes de Karis Luran m’embrocher. Ç’aurait été moins pénible. Je l’ai touché sans réfléchir. J’ai été imprudent…. Et pourtant, l’espace d’un instant, j’ai oublié la malédiction. J’ai oublié qu’elle n’était pas de celles qui intriguent chaque fois qu’elles ouvrent la bouche.

Et l’espace d’un instant, je me suis rappelé. Je me suis rappelé ce que cela faisait de vouloir toucher une fille, de le désirer sincèrement et pas dans le cadre d’un plan de séduction conçu pour l’amener à rompre un sort.

Quel cauchemar. »

Spoiler(cliquez pour révéler)Mon cœur tambourine contre mes côtes telle une bête enchaînée qui voudrait s'échapper. Je n'ai plus aucune raison de vivre, mais mon peuple, lui… oui. C'est ma dernière chance de les protéger.

Grey sighs and gathers up with the cards. "You asked how I got her to play with me. As if there were some trick to it." He wraps up the stack. "My lord, I did nothing. I sat down and asked."

“— Qu’auriez-vous fait ? lui demandé-je avec douceur, si nous n’étions pas arrivés ?

— Vous avez vu leurs épées ? articule-t-elle contre mon dos. Je suis à peu près certaine qu’ils m’auraient tuée.

Elle est si honnête que j’éclate de rire.

— Je commence à me demander si vous n’auriez pas trouvé un moyen de vous en sortir, malgré tout. Comment avez-vous fait pour quitter Ironrose sans que Grey ne s’en rende compte ?

— J’en déduis que vous n’avez pas vu l’état de votre treille…

— Vous êtes descendue par la treille ? Mais elle n’est pas située sous vos fenêtres !

Elle a déjà du mal à monter un cheval… Cette fille est folle !

— Croyez-moi, je l’ai bien remarqué au moment de m’écraser par terre.”

Spoiler(cliquez pour révéler)J'ai l'impression de vivre la saison la plus cruelle de toutes. J'ai enfin rencontré une personne capable de se mettre à mes côtés, et il faut qu'elle ait un foyer et une famille qu'elle doit retrouver coûte que coûte.

-Je sais ce que vous chercher à faire. Vous avez eu trois cents femmes pour vous entraîner. Arrêtez.

J'ai l'impression d'être transpercé par une dizaine de flèches qui atteignent chacun de mes nerfs. Mes poings se serrent le long de mon corps.

-Vos désirs sont des ordres, mademoiselle, dis-je, glaciale.

-Vous ne réussirez pas à me séduire par la russe.

Je la foudroie du regard.

-Je l'avais bien compris.

-Je ne vous fais pas confiance, Rhen.

Chaque mot provoque une décharge de douleur, secondée par un élan de résignation.

-Je l'avais bien compris aussi.