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L’univers est toujours plus étrange qu’on ne le croit.
C’était l’expression favorite d’un enseignant d’Elvi durant ses études supérieures. Le professeur Ehrlich, un vieil Allemand grincheux doté d’une longue barbe blanche – et qui, selon Elvi, ressemblait à un nain de jardin –, répétait cela chaque fois qu’un étudiant s’étonnait des résultats d’un test en laboratoire. À l’époque, Elvi avait trouvé cette formule si juste qu’elle en paraissait même banale. L’univers réservait des surprises, évidemment.
Le professeur Ehrlich était certainement décédé. Il atteignait déjà les limites de ce que la technologie antivieillissement pouvait accomplir lorsqu’Elvi avait la petite vingtaine, et à présent, elle avait une fille plus âgée que cela. S’il avait été encore en vie, néanmoins, Elvi lui aurait envoyé un long et sincère message d’excuses.
L’univers n’était pas simplement plus étrange qu’on ne le croyait, il était plus étrange qu’on ne pouvait le croire. Chaque nouvelle merveille, aussi incroyable soit-elle, ne participait qu’à poser les bases d’une future découverte encore plus éblouissante. Au sein de l’univers, la définition de l’étrangeté se renouvelait en permanence.
Lorsqu’on avait trouvé la protomolécule sur Phœbé, la découverte de ce que tout le monde pensait être une forme de vie alien avait ébranlé l’humanité, et pourtant, la nouvelle annonçant qu’il ne s’agissait pas d’aliens mais de leur outil avait été plus bouleversante encore. C’était leur propre version de la clef à molette, une clef capable de convertir toute la station astéroïde d’Éros en vaisseau spatial, de coloniser Vénus, de créer l’Anneau et d’ouvrir soudainement la voie vers treize cents mondes au-delà.
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