Extraits

La première réplique de la Princesse Vindi arrive à la page onze.

« Vos excuses ne m’intéressent pas, Lord Shelter. L’heure des excuses est passée. »

Soupir. Ça pourrait être pire. En fait, je suis presque sûre que ça se dégrade au fil des pages.

Je feuillette la suite du script.

La scène de sexe figure à la page 132.

ils se câlinent, se caressent, gémissent en se pelotant. La robe de chambre de Vindi glisse sur son sein de velours. Valdor penche la tête pour prendre délicatement le téton rose entre ses crocs. La caméra descend doucement pour révéler les vêtements qui tombent par terre. Sous l’impulsion d’une envie sexuelle brûlante, Vindi chevauche Valdor. Le volume de la bande-son augmente avec les étreintes passionnées du rapport. Les cris de Valdor sont de plus en plus forts. La caméra fait un panoramique sur la peau laiteuse de Vindi, sa poitrine qui palpite tandis qu’elle hurle de ravissement. Plan sur le visage frissonnant de Vindi. Vador gémit de délice et attire délicatement Vindi dans ses bras.

Je pousse un cri.

Quelques secondes plus tard, Bella franchit la porte en trombe, bouche bée. Son regard balaie la pièce et elle m’aperçoit sur le lit.

— Qu’y a-t-il ? Une araignée ? Elle porte un t-shirt de l’équipe de foot de Harkness et rien d’autre, à part le teint rouge de quelqu’un qui vient de… Bah. Je retombe contre mon oreiller.

— Il n’y a pas d’araignée, Bella. J’aurais encore préféré.

— Alors que se passe-t-il ? Attends…

Elle se précipite dans la salle de bain et ressort une seconde plus tard, enveloppée dans son peignoir.

Comme les mots ne suffiraient pas à rendre compte du problème, je lui remets le script. Ses yeux examinent la page et je vois le moment précis où elle découvre l’objet de mon effarement. Parce qu’elle éclate brusquement de rire.

— Arrête, gémis-je. Ce ne serait pas drôle si c’était toi.

— Oh, ma belle, dit-elle en gloussant. Je suis désolée. Est-ce que tu as vraiment des seins de velours ?

Je lui jette mon ours en peluche.

— Moque-toi de mon chagrin. Je ne peux pas tourner une scène de sexe. Et je peux encore moins tourner une scène de sexe avec Kevin Soja.

Elle arque un sourcil.

— Pourquoi ce garçon ne prend pas un nom de scène ? Il est charmant. Mais je ne peux m’empêcher de penser aux pousses de soja.

— Ne change pas de sujet.

Je récupère le script dans les mains de Bella.

— C’est dix fois pire que je le pensais. Je suis malade rien qu’à penser à une salle pleine de cameramen en train de me lorgner toute nue.

Et Kevin . Achevez-moi.

— Il faut identifier le problème, dit Bella en s’asseyant sur le lit. C’est la vue de tes seins ? C’est le cri de ravissement ? C’est le fait de devoir le chevaucher ? Ou c’est cette écriture vraiment très mauvaise ?

— C’est… tout ça à la fois. Et…

Je frissonne.

Enfin, je me redresse pour me tourner vers lui. Bon sang, ma mémoire ne lui avait pas rendu justice. Je me rappelais ses cheveux bruns épais et sa fossette que recouvrait une barbe discrète de fin de journée. Mais ses cils sont plus noirs et plus dévastateurs que dans mes souvenirs. Et sa bouche, a-t-elle toujours été si rebondie et si délicieusement tentante?

— Euh, merci pour la pizza.

— Ne me remercie pas encore, petite, dis-je en haussant les épaules. Tu me remercieras quand je t’aurai fait découvrir celles d’Apizza Gino.

Elle plisse les yeux.

— Vraiment ? On fait des blagues sur ma taille maintenant ?

— Eh !

Je lève les deux mains en signe de capitulation.

— Je me suis dit qu’on avait ce point en commun.

Elle incline la tête.

— Pourquoi ? Sérieusement ?

— On ne peut pas vraiment dire que je surplombe, moi non plus.

C’est gentil de sa part de ne pas s’en être rendu compte. Lianne lève le menton et me regarde droit dans les yeux.

— Moi, tout le monde me dépasse.

— Salut ?

Je dépose les serviettes sur ce qu’il reste de bière et me prépare à encaisser une vanne sur la Princesse Vindi.

L’intruse m’adresse un sourire plein d’ironie.

— Tu ne pourrais pas, je ne sais pas, nettoyer d’un coup de baguette magique ?

Ouais. Voilà. Une blague Princesse Vindi et elle m’a piqué ma place.

— Amy, sérieux ? s’exclame Bella près de mon coude. Tu as pris sa chaise.

La fille pose une main possessive sur le bras de Trevi.

— J’avais besoin de voir mon homme. Ça ne te dérange pas, si ?

Je n’avais pas l’intention de passer le premier semestre terrée dans ma chambre, mais j’ai beaucoup plus de mal à m’intégrer que je le pensais.