Extraits

Nos regards entrent en collision, et quelque chose en moi se fige. Ses yeux m’évoquent la colère de Poséidon, orageuse, sombre, intense. Le genre de regard qui vous attire, vous retient et pourrait ne plus jamais vous laisser partir.

« Ses lèvres s’affaissent, il se concentre et lance à nouveau. La dague se plante deux pieds en dessous du nœud et un peu sur la droite. Flynn pousse un cri triomphant.

— Bien, dis-je. Tu l’as eu dans l’estomac. Les blessures dans le ventre sont les pires.

Il me jette un regard.

— Tu parles d’expérience ?

J’arque un sourcil.

— Comme si j’aurais laissé n’importe quel idiot m’empaler.

Flynn émet un son étranglé.

— Quoi ?

— Tu as raison, Cat, dit Kato en venant se placer à côté de moi avec un air soudain terriblement sérieux. Ne laisse pas n’importe qui t’empaler. Seulement quelqu’un de spécial. »

« Griffin fait irruption dans la pièce, emplissant tout l’encadrement de la porte.

— Qu’est-ce que tu fais ici ?

Il me regarde de haut en bas avec une expression à la fois mécontente et accusatrice.

La chaleur monte en moi à sa simple vue. Mais l’irritation la noie.

— Je m’amusais pendant dix secondes. Maintenant, je suis énervée.

— Réponds à ma question, grogne-t-il.

Je pose mes mains sur mes hanches.

— On était en train de faire une folle orgie. Tu n’es pas invité.

Ses yeux se plissent dangereusement. Il fait volte-face pour partir, et je sais que je suis censée suivre.

— Attends ! m’écrié-je, alarmée. Où sont mes sous-vêtements ?

— Mes Dieux, Cat ! s’exclame Flynn en pâlissant à vue d’œil.

Kato explose de rire.

Griffin se retourne brusquement vers moi. Sa large main se referme sur ma nuque, et son toucher fait courir de petites décharges électriques le long de ma colonne vertébrale. Je recule alors qu’il commence à tirer, mais me retiens à l’encadrement de la porte en sortant.

— Vous voyez ce que je dois supporter ? demandé-je. »

« Après trente minutes à chevaucher en silence, nous tournons vers l’ouest, contournant les fermes qui bordent la cité au lieu de nous diriger vers le nord.

— Nous restons à Kaplos ? m’exclamé-je, confuse.

Il secoue la tête et sa chevelure couleur de nuit effleure son cou, bouclant légèrement autour de ses oreilles. Je me trouve à observer un peu trop fixement sa nuque bronzée. La multitude de taches de rousseur qui la constelle est… plutôt attirante.

— Nous allons chez un éleveur de chevaux que je connais.

Oh ? Les chevaux semblent pourtant aller bien, d’après moi.

— Pourquoi ?

— Ne veux-tu pas ton propre cheval ?

En réalité, ça ne m’est jamais venu à l’esprit.

— Maintenant que tu en parles, ce serait merveilleux de m’éloigner de toi et de… c’est quoi le nom de ton cheval ? Tout ce temps, je n’ai jamais pensé à demander.

— Cheval.

Je lève les yeux au ciel.

— Quelle originalité.

— Cheval brun, rectifie-t-il.

Difficile de ne pas rire.

— C’est bien mieux, mais je ne peux pas me payer un cheval.

— Je le prendrai sur ta paie.

— Alors, je ne peux pas me payer à manger.

— Ne t’en préoccupe pas, Cat.

— Je ne veux pas que tu m’achètes un cheval !

Ma voix ressort plus tranchante que prévu, mais je ne veux pas être dépendante, ou redevable, ou rien du tout, vraiment.

— Alors, chevauche avec moi.

Je pèse le pour et le contre.

— Je préférerais être affamée et avoir un cheval. »

« — Lâche-moi, ordonné-je.

— Non.

Mes sourcils se froncent brusquement.

— Pourquoi ?

— Parce que ta réaction instinctive est toujours de frapper, et je n’aime pas les chatouilles. »

Ne surestime pas les masses. Ils t’aiment jusqu’à ce qu’ils te détestent. Ils te détestent jusqu’à ce qu’ils t’aiment.

- Les Dieux n’aiment pas le sarcasme.

- Tu vois un Dieu dans cette chambre ? demande-t-il en écartant largement les mains.

- C’est bien ce que je dis. Tu ne les vois pas, jusqu’à ce qu’ils te balancent des éclairs dessus.

On ne sait jamais quand tu auras besoin de faire fondre quelqu'un.

J'ai conquis un royaume et trouvé un trésor, déclare-t-il d'une voix rocailleuse. Je ne te laisserai pas partir. Ni maintenant, ni jamais.

— Tout est plus efficient lorsque la magie est proche.

— Toi aussi ? demande Griffin.

— Je suis efficiente partout.

— Et modeste, comme d’habitude, fait remarquer Carver en levant son verre dans ma direction. Il le repose sans y boire.

J’incline le visage pour le remercier.

— Heureuse de te revoir, Carver. Ton existence m’était complètement sortie de la tête.

Kaia s’étouffe sur quelque chose, probablement du fromage de chèvre.

Carver sourit.

— Je te ferai t’en souvenir demain quand je te frapperai les fesses à coup d’épée lors d’une joute.

— Me frapper les fesses ? Je doute que tu sois immunisé à la magie comme l’est ton frère.

Une boule de Feu de Chimère crépite dans ma paume.

— Cat ! dit sèchement Nerissa. Tes manières, s’il te plaît. Et ne menace pas Carver à la table du dîner.

— Il a dit « fesses » en premier !

— Tu es une dame, montre-toi plus digne que lui.

— C’est injuste, dis-je en ayant étrangement l’air d’une enfant de quatre ans.

Nerissa me regarde comme si elle me grondait depuis ma naissance ou presque.

— Qui t’a dit que la vie était juste ?

C’est vrai. Je me renfrogne en réabsorbant les flammes. Aussitôt que sa mère a les yeux tournés, je jette un regard mauvais à Carver et articule : « demain ».

Griffin fait de son mieux pour ne pas rire. Il échoue et je lui donne un coup de pied sous la table.