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Tu es Lilly Caul et tu es capable de tout faire, pour peu que tu le décides.

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À moins que ce soit ici, l'enfer... peut-être qu'on a tous été damnés sans s'en rendre compte... condamné à se terrer derrière des murs comme ceux-là ou à errer dans cet enfer terrestre jusqu'à la F des Temps.

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Ces putains de trucs sont morts... Ils sont déjà putain de morts !

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La femme en pantacourt fronce les sourcils en humant l'air avec la curiosité d'un chien de chasse.

- Ça sent bizarre, par ici.

- Oui, je crois que c'est un chant de patchouli, répond Lilly en réprimant un fou rire.

- J'ai jamais senti du patchouli qui avait une odeur pareille, murmure un autre membre du groupe de Jeremiah.

Le pasteur a l'air d'avoir compris de quoi il s'agit [...].

- Cela fait partie des dons du Seigneur, sœur Rose, dit-il en faisant un clin d’œil à Lilly.

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En réalité, ça s'accroche en vous. Chaque traumatisme, chaque spectacle affreux, chaque mort absurde, chaque acte sauvage et sanglant s'accumule au fond de votre cœur jusqu'à ce que le poids soit insoutenable.

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Contrairement à ce que l'on dit, le temps ne guérit pas toutes les blessures. Pour certaines, peu importe le temps qui passe, l'alcool que l'on boit ou le nombre de psys que l'on voit, le chagrin continue de vivre quelque part au plus profond de votre cœur. Pour les plus chanceux, la blessure cicatrise un peu, et à mesure que le temps passe elle se referme suffisamment pour que le chagrin fasse simplement partie de l'identité de l'individu, de ce qu'il est, comme le grain du bois.

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Dans cet horrible instant avant que soit tiré le premier coup de feu, Lilly est brusquement submergée par une immense vague de chagrin. Cette vaste armée de cadavres immolés par le feu - un peu diminuée par rapport à la horde originelle - produit sur les spectateurs un effet différent des habituels essaims de cadavres putrides ressuscités. Les flammes projetées par le méthane et la dégradation des chairs ont fait disparaître toute trace d'individualité. Il est désormais impossible de faire la moindre distinction parmi les zombies - de retrouver l'ancien infirmier, le mécanicien, l'enfant, la ménagère, le fermier. À présent, il n'y aucune différence parmi les brûlés ; ce n'est plus qu'une énorme masse de revenants noircis et fumants qui avancent inexorablement, se traînent sans but ni espoir, privés de Dieu et de logique. Ils marchent, c'est tout.

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En cette matinée tranquille, deux problèmes inquiétants planent sur la petite ville de Woodbury, en Géorgie, qui n'est plus qu'une coquille calcinée.

Les coups des marteaux et le grincement des scies s'élèvent dans les airs. Des voix s'interpellent dans le vent. Les agréables odeurs de feu de bois, goudron et compost flottent dans la brise tiède. Une impression de renouveau - d'espoir, même, peut-être - vibre dans tout ce regain d'activité. La chaleur accablante de l'été, qui doit arriver dans un mois ou deux, n'a pas encore fané les églantines qui fleurissent en abondance le long de la voie ferrée abandonnée, et le ciel est de ce bleu turquoise éclatant, couleur d’œuf de rouge-gorge, si caractéristique des dernières semaines de printemps dans la région.

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Plus tard. Au coeur de la nuit, l'obscurité abat son silence glacé sur la ville. Une silhouette solitaire rôde dans le dédale des petites rues, tel un unique globule rouge parcourant un organe malade.

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Alors qu'ils approchent du panorama, Speed se rend compte, l'estomac noué, que c'est l'endroit même où le Gouverneur avait installé tous les véhicules militaires peu avant la bataille pour attaquer la prison. En regardant par-dessus les bois, il s’aperçoit qu'ils sont à moins de trois kilomètres du vaste ensemble de bâtiments grisâtres connu sous le nom de Centre pénitentiaire du comté de Meriwether, et un brusque frisson de terreur lui glace l'échine.

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