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Extrait ajouté par Elerinna2 2018-03-22T19:06:28+01:00

Ismène — Tout ce que j’ai enduré depuis que je me suis mise à ta recherche, père, j’aime mieux n’en rien dire, car je ne tiens pas à vivre une seconde fois ces épreuves, en les racontant. J’ai fait ce voyage pour t’apprendre quelle douloureuse fatalité pèse sur tes deux fils. Au début, ils rivalisaient à qui laisserait le trône à Créon, pour éviter une souillure à leur pays. À les entendre, ils n’avaient dans la pensée que la flétrissure qui marquait ton infortunée maison ! Mais bientôt, un dieu les poussant, et leurs criminels instincts, entre ces frères trois fois misérables se déclara une funeste émulation à s’emparer du sceptre et de la puissance royale. Au mépris des droits de son aîné, le plus jeune évince Polynice et le chasse de sa patrie. Alors, selon le bruit qui s’en est accrédité chez nous, l’exilé a gagné le val d’Argos ; là, entrant dans une nouvelle famille, il s’assure de troupes fidèles, tout impatient de livrer aux Argiens la terre de Cadmos, si leur défaite ne porte aux nues la gloire thébaine. Ce ne sont pas là des mots, mon père, ce sont des faits redoutables. Je me demande à quelle extrémité les dieux porteront ta misère avant de la prendre en pitié.

Œdipe — As-tu donc quelquefois espéré qu’ils se souviendraient de moi pour me sauver un jour ?

Ismène — Oui, père, depuis les derniers oracles.

Œdipe — Les derniers oracles ? Qu’ont-ils prédit, mon enfant ?

Ismène — Qu’un jour les Thébains chercheraient à te posséder mort ou vivant, car il y va de leur sécurité.

Œdipe — Quel secours attendraient-ils d’un homme tel que moi ?

Ismène — En toi, dit-on, repose leur puissance.

Œdipe — Quand je ne suis plus rien, alors on me compte pour quelque chose ?

Ismène — Les dieux te relèvent, après t’avoir abattu.

Œdipe — Abattre un homme jeune pour le relever vieillard, mauvaise opération !

Ismène — Sache pourtant que cet oracle te vaudra la visite de Créon, sa très prochaine visite.

Œdipe — Quelles sont ses intentions, ma fille ? Éclaire-moi.

Ismène — De fixer ton séjour près du territoire thébain, car ils veulent s’assurer de ta personne, mais sans t’ouvrir leur frontière.

Œdipe — A quoi leur servira-t-il que je repose à leurs portes ?

Ismène — Ta tombe négligée leur porterait malheur.

Œdipe — La chose va de soi, sans qu’un dieu ait besoin de le dire.

Ismène — C’est pour cette raison qu’ils veulent t’imposer une résidence à portée de leur territoire.

Œdipe — Jetteront-ils sur mon corps de la terre thébaine ?

Ismène — Père, le sang des tiens, que tu as versé, s’y oppose.

Œdipe — S’il en est ainsi, jamais ils ne me tiendront en leur pouvoir.

Ismène — Ce refus pèsera lourd sur les enfants de Cadmos.

Œdipe — En quelle conjoncture, ma fille ?

Ismène — Ta colère les atteindra, s’ils s’approchent de ta tombe.

Œdipe — Ce que tu me rapportes, mon enfant, de qui l’as-tu appris ?

Ismène — De délégués aux Jeux, qui revenaient du sanctuaire delphique.

Œdipe — Tels sont donc les termes de l’oracle rendu sur nous ?

Ismène — Ces délégués l’ont affirmé, quand ils sont rentrés à Thèbes.

Œdipe — Et mes fils ? L’un ou l’autre a-t-il eu connaissance de l’oracle ?

Ismène — Ils n’en ignorent rien l’un et l’autre.

Œdipe — Et cependant ils songent plus à régner qu’à regretter leur père, les scélérats !

Ismène — Ce mot me meurtrit le cœur, mais je l’accepte sans protester.

Œdipe — Veuillent les dieux ne jamais l’éteindre, cette discorde providentielle, et puissé-je demeurer l’arbitre du combat qui affronte les deux frères ! Il régnera peu de temps, celui qui trône et tient le sceptre ; il ne retrouvera plus sa place au foyer, celui qui a choisi l’exil, puisque, ni l’un ni l’autre, ils n’ont retenu et protégé l’auteur de leurs jours, lorsqu’il fut ignominieusement expulsé de sa patrie. Oui, si j’ai été jeté à la rue, si j’ai été décrété de bannissement, c’est leur faute. Ne dites pas qu’à cette époque je ne demandais pas mieux, en sorte que la cité n’aurait fait que m’accorder une grâce. Ce n’est pas vrai. Aussi bien, dans le feu de ma fureur, lorsque rien ne m’eût été plus doux que de périr sous une grêle de pierres, personne ne s’offrit à exaucer mon vœu. Le temps mûrissant ma douleur, je compris que les transports de mon désespoir m’avaient châtié trop durement. C’est alors, la cité s’avisant de me chasser, quand je ne le désirais plus, que les fils de mon sang, qui d’un mot pouvaient me sauver, ne daignèrent pas ouvrir la bouche, et que je pris pour toujours le chemin d’exil et de misère

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Extrait ajouté par Elerinna2 2018-03-22T19:05:41+01:00

Ismène - Que se passe-t-il ? Je vois bien que tu médites quelque chose ?

Antigone - La sépulture due à nos deux frères, Créon ne prétend-il pas l’accorder à l’un et en spolier l’autre ? On dit qu’il a enseveli Etéocle selon le rite, afin de lui assurer auprès des morts un accueil honorable, et c’était son devoir ; mais le malheureux Polynice, il défend par édit qu’on l’enterre et qu’on le pleure : il faut l’abandonner sans larmes, sans tombe, pâture de choix pour les oiseaux carnassiers ! Oui, telles seraient les décisions que Créon le juste nous signifie à toi et à moi, oui, à moi ! Il viendra tout à l’heure les proclamer afin que nul n’en ignore ! Il y attache la plus grande importance et tout contrevenant est condamné à être lapidé par le peuple. Les choses en sont là, et bientôt tu devras montrer si tu es fidèle à ta race ou si ton coeur a dégénéré.

Ismène - Mais, ma pauvre amie, si les choses en sont là, que je m’en mêle ou non, à quoi cela nous avancera-t-il ?

Antigone - Vois si tu veux prendre ta part de risque dans ce que je vais faire.

Ismène - Quelle aventure veux-tu donc courir ? Quel est ton projet ?

Antigone - Je veux, de mes mains, enlever le corps. M’y aideras-tu ?

Ismène - Quoi ! Tu songes à l’ensevelir ? Mais c’est violer l’édit !

Antigone - Polynice est mon frère ; il est aussi le tien, quand tu l’oublierais. On ne me verra pas le renier, moi.

Ismène - Mais, folle ! et la défense de Créon ?

Antigone - Créon n’a pas de droits sur mon bien.

Ismène - Hélas, réfléchis, ma soeur. Notre père est mort réprouvé, déshonoré ; lorsqu’il s’est lui-même découvert criminel, il s’est arraché les yeux, et sa femme, qui était sa mère, s’est pendue. Et voici nos deux frères qui se sont entre-tués, ne partageant entre eux que la mort, les infortunés ! Demeurées seules, nous deux, à présent, ne prévois-tu pas l’affreuse fin qui nous guette si nous enfreignons la loi, si nous passons outre aux édits et à la puissance du maître ? N’oublie pas que nous sommes femmes et que nous n’aurons jamais raison contre des hommes. Le roi est le roi : il nous faut bien obéir à son ordre, et peut-être à de plus cruels encore. Que nos morts sous la terre me le pardonnent, mais je n’ai pas le choix ; je m’inclinerai devant le pouvoir. C’est folie d’entreprendre plus qu’on ne peut.

Antigone - Je n’ai pas d’ordres à te donner. D’ailleurs, même si tu te ravisais, tu ne me seconderais pas de bon coeur. Fais donc ce qu’il te plaira ; j’ensevelirai Polynice. Pour une telle cause, la mort me sera douce. Je reposerai auprès de mon frère chéri, pieusement criminelle. J’aurai plus longtemps à plaire à ceux de là-bas qu’aux gens d’ici. Là-bas, mon séjour n’aura point de fin. Libre à toi de mépriser ce qui a du prix au regard des dieux.

Ismène - Je ne méprise rien ; mais désobéir aux lois de la cité, non : j’en suis incapable.

Antigone - Invoque ce prétexte... J’irai recouvrir le corps de mon frère bien-aimé.

Ismène - Malheureuse, que je tremble pour toi !

Antigone - Ne te mets pas en peine de moi, assure ta vie.

Ismène - Au moins n’avertis personne ; cache bien ton projet : je le cacherai aussi.

Antigone - Hélas ! parle, au contraire, annonce-le à tout le monde : je t’en voudrais bien plus de ton silence.

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Extrait ajouté par Elerinna2 2018-03-22T19:04:51+01:00

CRÉON - Et toi, maintenant, réponds-moi, sans phrases, d'un mot. Connaissais-tu la défense que j'avais fait proclamer?

ANTIGONE - Oui, je la connaissais: pouvais-je l'ignorer ? ; Elle était des plus claires.

CRÉON - Ainsi tu as osé passer outre à ma loi ?

ANTIGONE. - Oui, car ce n'est pas Zeus qui l'avait proclamée ! ce n'est pas la Justice, assise aux côtés des dieux infernaux ; non, ce ne sont pas là les lois qu'ils ont jamais fixées aux hommes, et je ne pensais pas que tes défenses à toi fussent assez puissantes pour permettre à un mortel de passer outre à d'autres lois, aux lois non écrites, inébranlables, des dieux ! Elles ne datent, celles-là, ni d'aujourd'hui ni d'hier, et nul ne sait le jour où elles ont paru. Ces lois-là, pouvais-je donc, par crainte de qui que ce fût, m'exposer à leur vengeance chez les dieux ? Que je dusse mourir, ne le savais-je pas? Et cela, quand bien même tu n'aurais rien défendu. Mais mourir avant l'heure, je le dis bien haut, pour moi, c'est tout profit : lorsqu'on vit comme moi, au milieu de malheurs sans nombre, comment ne pas trouver de profit à mourir ? Subir la mort pour moi n'est pas une souffrance. C'en eût été une, au contraire, si j'avais toléré que le corps d'un fils de ma mère n'eût pas, après sa mort, obtenu un tombeau. De cela, oui, j'eusse souffert ; de ceci je ne souffre pas. Je te parais sans doute agir comme une folle. Mais le fou pourrait bien être celui même qui me traite de folle.

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Extrait ajouté par Elerinna2 2018-03-22T19:04:27+01:00

ŒDIPE - Le fait certain, c'est qu'à cette heure Polybe est dans les Enfers avec tout ce bagage d'oracles sans valeur.

JOCASTE - N'était-ce donc point là ce que je te disais depuis bien longtemps ?

ŒDIPE. - Assurément, mais la peur m'égarait.

JOCASTE - Alors ne te mets plus rien en tête pour eux.

ŒDIPE - Et comment ne pas craindre la couche de ma mère ?

JOCASTE - Et qu'aurait donc à craindre un mortel, jouet du destin, qui ne peut rien prévoir de sûr, vivre au hasard, comme on le peut, c'est de beaucoup le mieux encore. Ne redoute pas l'hymen d'une mère : bien des mortels ont déjà dans leurs rêves partagés le lit maternel. Celui qui attache le moins d'importance à de pareilles choses est aussi celui qui supporte le plus aisément la vie.

ŒDIPE - Tout cela serait fort bon, si ma mère n'était vivante. Mais tant qu'elle vit, tu auras beau parler, et bien parler, fatalement, moi, je dois craindre.

JOCASTE - C'est un immense allégement pourtant que de savoir ton père dans la tombe.

ŒDIPE - Immense, je le sens. Mais la vivante ne m'en fait pas moins peur.

LE CORINTHIEN - Mais quelle est donc, dis-moi, la femme qui vous cause une telle épouvante ?

ŒDIPE - C'est Mérope, vieillard, l'épouse de Polybe.

LE CORINTHIEN - Et d'où vient la peur qu'elle t'inspire ?

ŒDIPE - D'un oracle des dieux effroyable, étranger.

LE CORINTHIEN - Peux-tu le dire ? Ou bien doit-il rester secret ?

ŒDIPE - Nullement. Loxias m'a déclaré jadis que je devais entrer dans le lit de ma mère et verser de mes mains le sang de mon père. C'est pourquoi, depuis longtemps, je m'étais fixé bien loin de Corinthe - pour mon bonheur, sans doute, bien qu'il soit doux de voir les yeux de ses parents.

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