Tila, tome 6 : L'île de la Destinée

Pour l’instant, c’est là que se trouvent la plupart des hommes du Joyeux César. Aidée par ses amis, Mouche les y a amenés avant de leur donner l’antidote qui allait les sortir du long sommeil dans lequel les avait plongés le somnifère qu’elle leur avait elle-même administré quelques jours plus tôt, sans se douter qu’il aurait un tel effet. Kalidou, Mouche, Gabriel, Ventenpoupe, Marie, Oliver et Jack se relaient pour les surveiller jour et nuit, secondés par de jeunes guerriers kalinagos.

En fait, si la grosse majorité des habitants de Cachacrou restent en ce moment à bonne distance du carbet, c’est non pas parce qu’ils ont peur de ces brutes de pirates — ils en ont vu d’autres, et des plus méchants ! —, mais parce qu’ils trouvent que ces hommes sentent horriblement mauvais.

« Je suis sûr que le dernier bain qu’ils ont pris, c’est leur mère qui le leur a donné quand ils pissaient encore dans leurs culottes ! » a un jour décrété Antonin Armagnac en éclatant de rire, aussitôt imité par son vieil ami Henri Parzet.

Ce genre de chose ne fait pas du tout rire les Kalinagos qui, eux, se lavent sans faute tous les jours, à part bien sûr quand ils sont malades et qu’ils jugent préférable de ne pas mettre leur peau au contact de l’eau froide. Ils ont une science du corps et de la nature que leurs « visiteurs » blancs ont déjà perdue. Mais c’est pourtant eux que ces derniers traitent de « sauvages » et d’« ignorants ».

« Ça prouve bien que la crasse et la bêtise vont souvent de pair ! » se dit Tila.