Extraits

C'était à moi de le conseiller et de l'aider au mieux jusqu'à ce qu'il devienne un homme. La différence, c'est que je n'avais plus personne qui pouvais faire ces choses pour moi, maintenant.

J'étais seule. Et j'en avais conscience chaque fois qu'il avait besoin de moi.

- Pourquoi te caches-tu chaque fois que tu rougis ?

- Je ne rougis pas, le contrai-je, plus pour la forme que par conviction.

Je commençais simplement à prendre l'habitude d'être toujours en désaccord avec lui.

Mais tu t'en fiches, d'eux. Chacun a ses défauts. En plus, tu n'as pas de quoi avoir le moindre complexe. Tu dois te douter que les garçons vont te regarder.

Tu attireras toujours l'intention. En bien ou en mal. Tu serais plus heureuse en ne pensant qu'à toi.

Non. Je n'aime pas attirer l'intention, c'est tout.

Parce que, pour une fois, je n'avais pas baissé le regard...

- Parce que beaucoup disent des compliments, mais rares sont les personnes honnêtes qui les pensent vraiment.

Le conducteur abaissa sa vitre pour dévoiler l’épaisse tignasse foncée de Jason et je retins de justesse un grognement.

— Monte ! Je te dépose, me héla-t-il en faisant un petit signe de tête vers le siège passager.

Tellement typique. J’avais lu ce genre de scène une centaine de fois le soir, dans mes bouquins réservés aux adolescentes romantiques. La fille se faisait raccompagner par un beau garçon ténébreux qui finissait par l’embrasser. Enfin, il y avait cette histoire un peu farfelue où le garçon était un psychopathe. Il avait dépecé l’héroïne vivante et j’en avais fait des cauchemars toute la nuit qui avait suivi.

Je savais que Jason n’allait pas me dépecer ni même m’enterrer vivante, mais il représentait un tout autre danger. Je pourrais m’habituer à ne pas être invisible à ses yeux. Et cela finirait en catastrophe.

- Lorsque j'écris, il n'y a aucune barrière, tu comprends ? Tu n'es pas rangé dans une catégorie. Un rôle que tu dois assumer. Tu poses les doigts sur ton clavier et tu te sens... voler. Tu n'es plus vraiment toi, tu n'es pas vraiment tes personnages non plus. Tu es toute l'histoire, son intrigue, ses lecteurs. Ses défauts aussi. Tu te faufiler entre les lignes pour hurler ton message, m'enflammai-je aussitôt, le cœur battant.

Puis il se leva. Son sourire énigmatique atteignit ses yeux et je ne pus m'empêcher de baisser a nouveau les miens sur mon assiette. Jusqu'à ce que je vois une main s'aventurer a l'intérieur et me voler un bout de viande.

- Hé, m' exclamai-je en tirant mon plateau vers moi.

- Quoi ? J'avais faim ! Et une fille ça ne mange pas beaucoup : ça entretient sa ligne, dit-il en me tirant le langue.

[…]

Elle lui lança un regard attristé avant de piquer une frite dans son assiette.

- Eh ! C'est moi qui fais ça normalement, s'offusqua-t-il faussement pour rendre l'atmosphère aussi légère qu'avant. Il ne récolta qu'un sourire espiègle de sa Rouquette et il la regarda mordre dans ça frite.

- Peut-être, mais maintenant c'est moi qui le fais. Tu disais quoi déjà, que les filles devaient faire attention a leur ligne ? Eh bien, tu devrais me laisser piquer quelques frites si tu veux garder tes tablettes de chocolat, le nargua-t-elle fièrement.