"[...]
En avril 2009, la place est envahie par les écoliers qui ont envoyé pas moins de soixante-dix poèmes pour le concours de poésie. Des artistes exposent leurs tableaux au pied du marronnier et il a même été prévu une conférence sur la vie de l'arbre et l'histoire du couvent qui jouxte la place. En fin d'après-midi, grands et petits se regroupent sous les branches pour saluer une dernière fois le vieil arbre et sourient malgré tout à l'objectif du photographe qui immortalise cet adieu. Mais lorsque l'arbre est à terre, c'est la consternation. Le bois est sain et aucune trace de maladie n'est visible. L'expert s'est trompé !!
[...]"

"Isayama se dressait au-dessus du village. Si haute que son sommet enneigé se perdait dans les nuages, si escarpée que seuls les oiseaux avaient le droit de la tutoyer.
Isayama, chevelure du monde.
-Ils ont fait tout ce voyage pour voir la montagne ? s'étonna Kwaï.
-Non, Moucheron, ils sont venus pour gravir son flanc et se percher sur sa tête.
Se percher sur la tête d'Isayama !
Kwaï n'était pas très savant. Son maître d'école se plaignait souvent de son manque d'attention et du peu d'importance qu'il accordait à ses leçons, mais il avait retenu une chose : les hommes étaient allés partout.
Ils avaient tout exploré.
Tout vaincu.
Tout.
Sauf Isayama."

" Viene, Berlin, Vilno, Tel Aviv, Baltermans, Alyté, Iévié, Chimiluchok, Kovno, Jérusalem, Ponar, Mirande. Je revendique un droit de propriété sur tout arpent de terre qui recèle mes morts.

Il existe des terres qui sont miennes, quelques mètres carrés dans des cimetières ou de lieux inconnus, à divers endroits de la vieille Europe, où mes morts ont combattu pour elles.

Chacun à le droit d'aller se recueillir sur une terre qui s'est nourrie du sang de mon sang ; et personne ne peut m'empêcher d'aller m'incliner sur la tombe des miens.

Et ce moment est arrivé.

Les oiseaux n'ont pas de frontières, tout et rien leur appartient."

Extrait présent sur la 4ème de couverture