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Extrait

Extrait ajouté par CrystalM 2021-02-15T21:01:42+01:00

1. Un réveil mouvementé

Je viens à peine de me réveiller et je sais déjà que la journée va être merdique. D’une part, parce que j’ai mal dormi. D’autre part, parce que j’ai ouvert les yeux avec le visage dans le cul de mon chat, et ça, c’est un sacré mauvais présage !

La dernière fois que ça m’est arrivé, j’ai raccroché en disant « bisous » à mon patron. Après ça, Philou n’a pas arrêté de mater mes seins. Il a fallu deux semaines pour qu’il comprenne que c’était un simple accident. Mais c’est ma faute aussi, quelle idée d’avoir accepté de récupérer un des chatons de mon frère ! Ce truc est un monstre ambulant qui passe ses journées à faire des conneries et ses nuits à vouloir me dormir dessus. Comme si chier sur le canapé n’était pas suffisant, non, il faut en plus qu’il pose son anus dégueulasse sur mon nez, histoire de briser mes nerfs !

Quoi qu’il en soit, je dois vivre avec et surmonter cette journée. Ça fait partie de mes nouvelles résolutions : arrêter de perdre trop de temps sur des considérations sans intérêt. Je repousse donc la boule de poil rousse qui me bloque la vue, puis me lève du lit pour aller me faire un thé. Ce breuvage ne m’a jamais déçue, contrairement au vin d’hier soir qui continue de vouloir me rétrécir la cervelle.

Traverser l’appartement après une nuit pareille est un vrai parcours du combattant. Il faut marcher sur les vêtements par terre sans se prendre les pieds dedans, éviter les coins pervers des meubles encore plus pervers, passer par les portes en vérifiant qu’elles sont ouvertes, trouver la cuisine avec des yeux mi-clos… L’enfer, quoi !

Note à moi-même : ne plus jamais, au grand jamais, écouter mon frère quand il me dit qu’il ne faut pas penser aux conséquences.

Ah non, merde, c’est le contraire.

Nouvelle note à moi-même : essayer de ne pas être trop persuasive quand je dis à mon frère qu’il ne faut pas penser aux conséquences.

Voilà qui est plus correct.

Ça va beaucoup mieux une fois ma douche prise. Enfin, jusqu’à ce que j’arrive devant mon armoire. On est le premier lundi du mois, jour du petit déjeuner commun entre tous les employés de Tiltup, l’entreprise pour laquelle je travaille en tant que contrôleuse de gestion. C’est l’un des seuls moments où j’ai une excuse pour être dans la même pièce que Tim La Bombe, vice-président de la boîte, et accessoirement le fils de Philou Mateur de Seins.

Tim, c’est visuellement un chef-d’œuvre. On échange des regards quand on se croise dans les couloirs et j’aime penser qu’il se masturbe régulièrement en songeant à moi.

Après de multiples essayages, j’opte pour un pantalon noir moulant avec un T-shirt dos nu. Tim, une tempête va s’abattre sur toi aujourd’hui !

Satisfaite du résultat que me renvoie le miroir, j’entame le pas en direction de la sortie.

— Mademoiselle Potanski, un colis est arrivé pour vous, me hèle le gardien de l’immeuble alors que je m’apprête à mettre les pieds dehors.

Berconnard et moi avons connu nos hauts et nos bas. Il travaille ici depuis toujours et son rôle d’intermédiaire entre mes voisins relous et moi ne lui facilite certainement pas la vie. Du moins, c’est comme ça que j’interprète son manque d’enthousiasme à mon égard.

Je me tourne vers lui, avise son corps en O qui me fait encore une fois penser au personnage de Culbuto dans Oui-Oui, et choisis de rester courtoise. Après tout, c’est une nouvelle semaine qui démarre, autant bien la commencer.

— Je le récupérerai ce soir.

Simple. Efficace. J’y ajoute même un petit sourire. Comme une plaque « Joyeux anniversaire » sur un gâteau : c’est inutile, mais ça fait plaisir.

Elle a dû se ruer sur la pâte à tartiner depuis que l’autre débile l’a larguée.

— Pardon ?

— Un colis est arrivé pour vous.

C’est contagieux la débilité, apparemment.

Putain, mais c’est quoi cette voix ? Ses lèvres n’ont pas bougé et il n’y a personne d’autre que nous dans le hall. Il est devenu ventriloque ou quoi le gardien ?

— Je récupérerai le colis en rentrant du travail.

— Très bien, bonne journée !

Elle n’a pas intérêt à arriver trop tard la gourde parce qu’il y a match ce soir.

— Quoi ?

— Bonne journée, j’ai dit.

OK, je deviens folle.

Ou alors, mon frère a encore fait sa recette « spéciale » de brownies et m’en a fait manger sans me le dire. La première fois, sa « plaisanterie » m’a valu d’être renvoyée du lycée pendant neuf jours. Franchement, ses blagues à la con sont de moins en moins drôles avec l’âge.

Dans l’hypothèse où ce ne serait pas ça, c’est forcément son abruti de chat qui m’a retourné le cerveau en m’étouffant ce matin. Cet ignoble animal est un porte-malheur sur pattes !

J’accélère le pas en imaginant toutes sortes de moyens d’accidentellement le faire passer par la fenêtre. Mieux vaut lui que mon jumeau, non ?

— Hey mademoiselle, vous avez pas du feu ?

À part celui que t’as au cul !

— C’est quoi ton problème ?

C’est quoi leur problème à tous, d’ailleurs ?

— Bah… J’ai une cigarette, mais pas de briquet quoi…

— Je ne fume pas, désolée.

Sauf du derrière, c’est clair

— Non mais tu te fous de moi ? Je peux savoir d’où vient cette fixette sur mon cul ?

Il me regarde, les yeux écarquillés. À croire que j’ai lu dans ses pensées. Attends… J’ai lu dans ses pensées ?

— Laisse tomber, je réponds à ma propre question.

En entrant dans le métro, je fais attention à ne croiser le regard de personne, on ne sait jamais. Je réfléchis également à appeler mon frère pour qu’il me rende des comptes, puis, arrivée devant les locaux de Tiltup, je décide finalement de reporter ça à ce soir.

Cette journée va être longue, très longue !

— Lara, enfin ! Je t’attendais pour aller au petit déjeuner ! me lance Natapute au moment où je pénètre dans l’open space.

Après ce début de matinée catastrophique, ça me fait presque du bien de voir son visage familier, avec ses yeux d’un noir de jais et ses dents du bonheur. D’ailleurs, je ne comprends toujours pas pourquoi on appelle ça comme ça. Des dents du bonheur. Je ne crois pas avoir déjà ressenti de la joie en les regardant, ni même un brin de gaieté. Enfin, jusqu’à aujourd’hui.

Elle se prend pour qui avec son T-shirt à moitié transparent, là ?

Très bien, je retire ce que je viens de penser. Non, vraiment, ça devrait s’appeler « les dents de l’agacement », parce que c’est tout ce que j’éprouve en la présence de Natapute. Mais en fait, est-ce que j’entends véritablement ce qu’elle pense, ou s’agit-il seulement d’hallucinations dues à un chat vaudou, un brownie potentiellement intoxiqué, du vin en trop grosse quantité et une tendance à la folie ? J’opte pour la seconde option. Après tout, j’ai beau être tarée la moitié du temps, je suis avant tout une personne mature, qui a la tête sur les épaules. C’est pour cette raison que je vais faire comme si je n’avais rien entendu et m’efforcer de rendre cette journée meilleure.

— Ah merci, c’est très gentil ! Comment était ton week-end en Espagne ?

Je ne sais pas ce qui me rend le plus fière : réussir à passer outre mon exaspération ou m’être souvenue d’autant de détails sur sa vie.

— Parfait ! répond-elle en agitant sa main devant mes yeux comme si elle essayait de m’exorciser.

Quand est-ce qu’elle va remarquer mon putain de diamant ? Il est énorme, non ? Allez, regarde-le !

— Tu es passée chez l’esthéticienne ?

Je sens que je vais bien m’amuser.

— Oui… Enfin non, enfin oui, mais ce n’est pas ça le message ! Regarde ! Paul m’a demandée en mariage samedi soir. C’était tellement romantique ! Il y avait des pétales de rose partout et on était sur une plage quand il s’est mis à genoux. Il est vraiment parfait !

Et le diamant est tellement gros, elle est forcément jalouse.

— Ah oui, en effet, très jolie bague. Toutes mes félicitations. C’est prévu quand ?

— L’été prochain. Tu seras invitée, bien sûr !

À moins que tu sois incapable de t’habiller sans qu’on voie tes seins.

Et c’est moi qui suis jalouse ?

— Paul a payé un photographe pour immortaliser sa demande, je t’enverrai des photos ! continue-t-elle.

Je suis ravie…

Pourquoi tout le monde semble être obsédé par mon physique ? Je sais que je suis pas mal ; voir mon jumeau incroyablement beau tous les jours me le rappelle sans arrêt. Mais je suis aussi extrêmement brillante, non ? Dans tous les cas, cela n’entachera pas mes bonnes résolutions. Ce n’est pas parce que ma journée a mal commencé qu’elle doit forcément mal se terminer. Je pose donc mes affaires près de mon bureau et suis ma collègue jusqu’au petit déjeuner. Résignée, je me dis que je n’ai qu’à patienter quelques heures pour que les effets du brownie passent.

La pièce est noire de monde. Les employés sont agglutinés autour du buffet, à discuter en laissant des miettes un peu partout sur leurs vêtements. Je repère tout de suite Tim, scotché à son père, comme d’habitude. Habillés à la dernière mode, ils ressemblent tous les deux à des modèles photo suédois : grands, blonds, élancés, à croquer.

Je n’ai jamais eu l’occasion de faire plus ample connaissance avec l’objet de mes fantasmes. Au fond, je pense que ça m’arrange bien : ça me permet d’avoir une constance à laquelle me raccrocher ici. Et puis, mater Tim en toute impunité, même de loin, suffit à égayer mes journées. Son physique ne m’a jamais déçue.

Nassimodutti, mon supérieur hiérarchique, ne me laisse pas le temps d’y réfléchir davantage puisqu’il demande le silence de l’assemblée afin de prononcer un discours. Toutes les têtes pivotent d’un coup vers lui.

— Maintenant que les dernières sont arrivées, il est grand temps que je vide mon sac. Les enfants… je pars enfin à la 1. Un réveil mouvementé

Je viens à peine de me réveiller et je sais déjà que la journée va être merdique. D’une part, parce que j’ai mal dormi. D’autre part, parce que j’ai ouvert les yeux avec le visage dans le cul de mon chat, et ça, c’est un sacré mauvais présage !

La dernière fois que ça m’est arrivé, j’ai raccroché en disant « bisous » à mon patron. Après ça, Philou n’a pas arrêté de mater mes seins. Il a fallu deux semaines pour qu’il comprenne que c’était un simple accident. Mais c’est ma faute aussi, quelle idée d’avoir accepté de récupérer un des chatons de mon frère ! Ce truc est un monstre ambulant qui passe ses journées à faire des conneries et ses nuits à vouloir me dormir dessus. Comme si chier sur le canapé n’était pas suffisant, non, il faut en plus qu’il pose son anus dégueulasse sur mon nez, histoire de briser mes nerfs !

Quoi qu’il en soit, je dois vivre avec et surmonter cette journée. Ça fait partie de mes nouvelles résolutions : arrêter de perdre trop de temps sur des considérations sans intérêt. Je repousse donc la boule de poil rousse qui me bloque la vue, puis me lève du lit pour aller me faire un thé. Ce breuvage ne m’a jamais déçue, contrairement au vin d’hier soir qui continue de vouloir me rétrécir la cervelle.

Traverser l’appartement après une nuit pareille est un vrai parcours du combattant. Il faut marcher sur les vêtements par terre sans se prendre les pieds dedans, éviter les coins pervers des meubles encore plus pervers, passer par les portes en vérifiant qu’elles sont ouvertes, trouver la cuisine avec des yeux mi-clos… L’enfer, quoi !

Note à moi-même : ne plus jamais, au grand jamais, écouter mon frère quand il me dit qu’il ne faut pas penser aux conséquences.

Ah non, merde, c’est le contraire.

Nouvelle note à moi-même : essayer de ne pas être trop persuasive quand je dis à mon frère qu’il ne faut pas penser aux conséquences.

Voilà qui est plus correct.

Ça va beaucoup mieux une fois ma douche prise. Enfin, jusqu’à ce que j’arrive devant mon armoire. On est le premier lundi du mois, jour du petit déjeuner commun entre tous les employés de Tiltup, l’entreprise pour laquelle je travaille en tant que contrôleuse de gestion. C’est l’un des seuls moments où j’ai une excuse pour être dans la même pièce que Tim La Bombe, vice-président de la boîte, et accessoirement le fils de Philou Mateur de Seins.

Tim, c’est visuellement un chef-d’œuvre. On échange des regards quand on se croise dans les couloirs et j’aime penser qu’il se masturbe régulièrement en songeant à moi.

Après de multiples essayages, j’opte pour un pantalon noir moulant avec un T-shirt dos nu. Tim, une tempête va s’abattre sur toi aujourd’hui !

Satisfaite du résultat que me renvoie le miroir, j’entame le pas en direction de la sortie.

— Mademoiselle Potanski, un colis est arrivé pour vous, me hèle le gardien de l’immeuble alors que je m’apprête à mettre les pieds dehors.

Berconnard et moi avons connu nos hauts et nos bas. Il travaille ici depuis toujours et son rôle d’intermédiaire entre mes voisins relous et moi ne lui facilite certainement pas la vie. Du moins, c’est comme ça que j’interprète son manque d’enthousiasme à mon égard.

Je me tourne vers lui, avise son corps en O qui me fait encore une fois penser au personnage de Culbuto dans Oui-Oui, et choisis de rester courtoise. Après tout, c’est une nouvelle semaine qui démarre, autant bien la commencer.

— Je le récupérerai ce soir.

Simple. Efficace. J’y ajoute même un petit sourire. Comme une plaque « Joyeux anniversaire » sur un gâteau : c’est inutile, mais ça fait plaisir.

Elle a dû se ruer sur la pâte à tartiner depuis que l’autre débile l’a larguée.

— Pardon ?

— Un colis est arrivé pour vous.

C’est contagieux la débilité, apparemment.

Putain, mais c’est quoi cette voix ? Ses lèvres n’ont pas bougé et il n’y a personne d’autre que nous dans le hall. Il est devenu ventriloque ou quoi le gardien ?

— Je récupérerai le colis en rentrant du travail.

— Très bien, bonne journée !

Elle n’a pas intérêt à arriver trop tard la gourde parce qu’il y a match ce soir.

— Quoi ?

— Bonne journée, j’ai dit.

OK, je deviens folle.

Ou alors, mon frère a encore fait sa recette « spéciale » de brownies et m’en a fait manger sans me le dire. La première fois, sa « plaisanterie » m’a valu d’être renvoyée du lycée pendant neuf jours. Franchement, ses blagues à la con sont de moins en moins drôles avec l’âge.

Dans l’hypothèse où ce ne serait pas ça, c’est forcément son abruti de chat qui m’a retourné le cerveau en m’étouffant ce matin. Cet ignoble animal est un porte-malheur sur pattes !

J’accélère le pas en imaginant toutes sortes de moyens d’accidentellement le faire passer par la fenêtre. Mieux vaut lui que mon jumeau, non ?

— Hey mademoiselle, vous avez pas du feu ?

À part celui que t’as au cul !

— C’est quoi ton problème ?

C’est quoi leur problème à tous, d’ailleurs ?

— Bah… J’ai une cigarette, mais pas de briquet quoi…

— Je ne fume pas, désolée.

Sauf du derrière, c’est clair

— Non mais tu te fous de moi ? Je peux savoir d’où vient cette fixette sur mon cul ?

Il me regarde, les yeux écarquillés. À croire que j’ai lu dans ses pensées. Attends… J’ai lu dans ses pensées ?

— Laisse tomber, je réponds à ma propre question.

En entrant dans le métro, je fais attention à ne croiser le regard de personne, on ne sait jamais. Je réfléchis également à appeler mon frère pour qu’il me rende des comptes, puis, arrivée devant les locaux de Tiltup, je décide finalement de reporter ça à ce soir.

Cette journée va être longue, très longue !

— Lara, enfin ! Je t’attendais pour aller au petit déjeuner ! me lance Natapute au moment où je pénètre dans l’open space.

Après ce début de matinée catastrophique, ça me fait presque du bien de voir son visage familier, avec ses yeux d’un noir de jais et ses dents du bonheur. D’ailleurs, je ne comprends toujours pas pourquoi on appelle ça comme ça. Des dents du bonheur. Je ne crois pas avoir déjà ressenti de la joie en les regardant, ni même un brin de gaieté. Enfin, jusqu’à aujourd’hui.

Elle se prend pour qui avec son T-shirt à moitié transparent, là ?

Très bien, je retire ce que je viens de penser. Non, vraiment, ça devrait s’appeler « les dents de l’agacement », parce que c’est tout ce que j’éprouve en la présence de Natapute. Mais en fait, est-ce que j’entends véritablement ce qu’elle pense, ou s’agit-il seulement d’hallucinations dues à un chat vaudou, un brownie potentiellement intoxiqué, du vin en trop grosse quantité et une tendance à la folie ? J’opte pour la seconde option. Après tout, j’ai beau être tarée la moitié du temps, je suis avant tout une personne mature, qui a la tête sur les épaules. C’est pour cette raison que je vais faire comme si je n’avais rien entendu et m’efforcer de rendre cette journée meilleure.

— Ah merci, c’est très gentil ! Comment était ton week-end en Espagne ?

Je ne sais pas ce qui me rend le plus fière : réussir à passer outre mon exaspération ou m’être souvenue d’autant de détails sur sa vie.

— Parfait ! répond-elle en agitant sa main devant mes yeux comme si elle essayait de m’exorciser.

Quand est-ce qu’elle va remarquer mon putain de diamant ? Il est énorme, non ? Allez, regarde-le !

— Tu es passée chez l’esthéticienne ?

Je sens que je vais bien m’amuser.

— Oui… Enfin non, enfin oui, mais ce n’est pas ça le message ! Regarde ! Paul m’a demandée en mariage samedi soir. C’était tellement romantique ! Il y avait des pétales de rose partout et on était sur une plage quand il s’est mis à genoux. Il est vraiment parfait !

Et le diamant est tellement gros, elle est forcément jalouse.

— Ah oui, en effet, très jolie bague. Toutes mes félicitations. C’est prévu quand ?

— L’été prochain. Tu seras invitée, bien sûr !

À moins que tu sois incapable de t’habiller sans qu’on voie tes seins.

Et c’est moi qui suis jalouse ?

— Paul a payé un photographe pour immortaliser sa demande, je t’enverrai des photos ! continue-t-elle.

Je suis ravie…

Pourquoi tout le monde semble être obsédé par mon physique ? Je sais que je suis pas mal ; voir mon jumeau incroyablement beau tous les jours me le rappelle sans arrêt. Mais je suis aussi extrêmement brillante, non ? Dans tous les cas, cela n’entachera pas mes bonnes résolutions. Ce n’est pas parce que ma journée a mal commencé qu’elle doit forcément mal se terminer. Je pose donc mes affaires près de mon bureau et suis ma collègue jusqu’au petit déjeuner. Résignée, je me dis que je n’ai qu’à patienter quelques heures pour que les effets du brownie passent.

La pièce est noire de monde. Les employés sont agglutinés autour du buffet, à discuter en laissant des miettes un peu partout sur leurs vêtements. Je repère tout de suite Tim, scotché à son père, comme d’habitude. Habillés à la dernière mode, ils ressemblent tous les deux à des modèles photo suédois : grands, blonds, élancés, à croquer.

Je n’ai jamais eu l’occasion de faire plus ample connaissance avec l’objet de mes fantasmes. Au fond, je pense que ça m’arrange bien : ça me permet d’avoir une constance à laquelle me raccrocher ici. Et puis, mater Tim en toute impunité, même de loin, suffit à égayer mes journées. Son physique ne m’a jamais déçue.

Nassimodutti, mon supérieur hiérarchique, ne me laisse pas le temps d’y réfléchir davantage puisqu’il demande le silence de l’assemblée afin de prononcer un discours. Toutes les têtes pivotent d’un coup vers lui.

— Maintenant que les dernières sont arrivées, il est grand temps que je vide mon sac. Les enfants… je pars enfin à la retraite !

Source : kobo.com

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