Ajouter un extrait
Liste des extraits
Je me rends jusqu’au bureau de Malcolm en essayant de mettre au clair mes idées quand quelqu’un me percute dans le couloir. De plein fouet. Super fort. En trébuchant, je me cogne contre l’une des portes vitrées.
– Vous ne pouvez pas regarder où vous allez ? lancé-je, choquée.
Je masse mon épaule alors que mon agresseur se retourne. Debbie ! Je cesse de bouger mon bras et de jouer avec son articulation en reconnaissant l’ancienne petite amie de mon mari. Elle est toujours aussi blonde, aussi belle… et aussi constipée à en croire sa mimique pincée et son air dédaigneux. Cette fois, je ne vois pas seulement du mépris dans son regard, mais carrément de la haine. Elle me déteste et elle ne le cache pas. Sur son visage, je peux lire son envie de me jeter par une fenêtre au lieu de me bousculer un peu.
– Je ne vous avais pas vue, ment-elle sans souci de paraître crédible.
Je regarde de gauche à droite, m’assurant que le couloir est désert. On entend seulement la rumeur d’une conversation dans une salle voisine, sans doute une réunion en train de se dérouler à l’étage.
– Écoutez, Debbie…, tenté-je, dans l’espoir d’aplanir notre situation.
La blonde m’interrompt sur-le-champ :
– Je vous interdis de m’appeler par mon prénom.
OK. Sympa.
– Je vous interdis de m’adresser la parole, ajoute-t-elle, en crachant les derniers mots à ma figure.
Je ne recule pas, mais ce n’est pas l’envie qui m’en manque face à la fureur glacée de cette femme.
Dans une superbe robe blanche, assez moulante pour mettre en valeur ses formes tout en étant élégante, elle croise les bras sur la poitrine en me toisant.
– Vous croyez franchement que Malcolm va rester longtemps avec vous ?
J’ouvre la bouche, incrédule, et pas vraiment certaine de ce que j’ai entendu. Mais Debbie se charge très vite d’éclaircir son propos.
– Vous croyez vraiment qu’une fille comme vous peut faire le poids face à une femme comme moi ?
– Ça va, les chevilles ? me moqué-je
Afficher en entier– Allons, Karlie ! s’amuse Malcolm, en négociant souplement un tournant. Tu es drôle, tu es intelligente, tu es belle…
En entendant le dernier mot, je déglutis si fort qu’il l’entend malgré les vrombissements du moteur.
– Mais si, tu es belle ! me confirme-t-il avec une fougue qui me laisse coite. Combien de fois… et combien de nuits… devrais-je te le dire pour que tu me croies enfin ?
Je rougis. Tout mon visage s’enflamme tandis qu’il tend le bras en direction du miroir de courtoisie et l’abaisse pour que je contemple mon reflet.
– Regarde-toi et ouvre les yeux, par pitié ! Tu es sublime, et sans me vanter, j’en connais un rayon sur le sujet…
Il ajoute à sa phrase un petit clin d’œil de goujat qui parvient à me faire rire et à chasser mes angoisses… même si cela ne dure pas longtemps. À mon « cœur » défendant, je jette un coup d’œil dans la petite glace et j’aperçois une jeune femme aux yeux verts ourlés de khôl et de fards noirs. J’ai presque l’air jolie…
– Tu es sûr que je ne ressemble pas à Morticia Addams ? demandé-je soudain, prise d’un sérieux doute quant au choix de ma tenue.
En l’occurrence, une longue robe noire à manches papillon et au décolleté en V assez audacieux.
Selon mes normes, du moins.
Malcolm s’esclaffe.
– Toi, tu m’auras presque tout fait ! rit-il. À chaque fois que je pense être vacciné, tu m’en sors une nouvelle !
Afficher en entier