Toujours plus à l'Est

Les premiers jours à Séoul immergent l’esprit et le corps dans l’expérience troublante d’une complète désynchronisation. Avec huit heures de décalage horaire, le début de la soirée en Corée du Sud correspond à la fin de la matinée en France. Je me couche à minuit et me réveille à trois heures du matin comme après une longue sieste d’après-midi. Je tourne en rond, je me lève et me recouche toutes les cinq minutes, je prends un livre que je laisse tomber sans parvenir à me concentrer. Faute de mieux, j’attaque une lessive à la main, ce qui, à cette heure-là, peut paraître aussi incongru, et peut-être pas moins dérangé, que de commander un whisky en plein milieu de la matinée. Mais, comme l’alcoolique qui croyait prolonger l’abrutissement de la nuit et ranime en fait sa soif pour la journée, j’obtiens l’effet inverse, et au lieu de m’épuiser dans une tâche répétitive dans l’espoir d’obtenir le sommeil, je me réveille totalement.