Extraits

J'ai éclaté en sanglots. J'ai un faible pour cette expression. On n'éclate jamais de faim ou de froid. En revanche, on éclate de rire ou en sanglots. Il est des sentiments qui justifient qu'on vole en éclats.

Elle en conservait beaucoup. Elle ne les transcrivait pas, ne les copiait pas dans d'autres formats car elle trouvait qu'ils perdaient de leur magie.

Elle conservait des messages d'il y a plus de dix ans. Elle me disait qu'ils renfermaient une douleur extrême, une passion sincère et du sexe à l'état pur.

SMS, disait-elle, était l'acronyme de «Sex Message Service». D'après elle, tout le monde avait sur son téléphone portable au moins un message à caractère sexuel.

Et parfois, seule la personne qui l'avait reçu savait ce dont il s'agissait ; si quelqu'un d'autre le lisait, il ne pouvait pas comprendre. Pour en déceler le sens, il fallait connaître l'heure à laquelle il avait été envoyé, quel événement avait eu lieu juste avant et quelle avait été son intensité.

Rien de tel qu'un fabuleux message, disait-elle, pour conclure un grand rendez-vous. Combien de fois, après un rendez-vous agréable, n'a-t-on pas reçu, quelques minutes après avoir quitté les lieux, un SMS confirmant que notre sentiment était partagé.

Il arrive que le message soit plus important que le rendez-vous lui-même.

Moi, j'avais effectivement conservé un message à caractère sexuel sur mon téléphone portable, un de ces messages dont le sens est indécelable, comme disait ma mère. Il disait juste : « Tu viens ? »

Elle disait que l'enfance est comme des tonnes de tristesse mêlées à des kilos de bonheur. La grande époque bipolaire de notre vie.

La mort a ce je ne sais quoi qui rend tous les hommes fragiles, innocents et naïfs...

Qui doit donc mourir pour que le monde soit entièrement paralysé, pour que nous renoncions à nos habitudes quotidiennes ? Qui est donc assez important pour que tout change viscéralement ?

Dans le fond, dormir a toujours été pour moi comme un voyage dans le futur.

L'opinion la plus répandue est que nous ne pourrons jamais voyager dans le futur : moi, en revanche, je crois qu'on le fait chaque nuit. On dort et, à notre réveil, il s'est passé des choses incroyables : des traités ont été signés, les valeurs boursières ont changé, des couples se sont séparés, des gens sont tombés amoureux à l'autre bout de la planète, là où la vie continue...

Il est des moments dans la vie où il faut s'avancer pieds nus vers la porte, comme si l'instant n'en n'était que plus épique.

- N'arrête pas, m'a-t-il lancé. J'ai vu tout le mal que ça fait aux gens. Ils regrettent tellement l'époque où ils rêvaient... Ils regrettent qu'il n'y ait plus rien pour interrompre le cours de leurs journées. Si tu savais comme c'est frustrant, après une journée éprouvante, où il t'est arrivé des choses horribles, de savoir que ce jour ne finira jamais, pas plus que le suivant et ainsi de suite. Il n'y a plus de différence entre le jour et la nuit.

En revanche, j'ai toujours pensé qu'une part de nos cauchemars, de nos problèmes et de nos rêves est blottie au cœur de nos oreillers. Voilà pourquoi nous les enveloppons dans des taies : pour ne pas voir les traces de nos vies.

Être différent, ça dépend juste de combien vous êtes dans ton camp.