Extraits

Chris

Je lui offrirai tout et je crois qu’il le sait. C’est pour ça qu’on n’a pas besoin de beaucoup de mots affectueux ou autres conneries sentimentales. Je suis dingue de lui, je… suis un homme amoureux. Tout simplement.

Chris

— J’ai compris. Désolé.

— Hum.

— Je t’aime.

— Ah ! C’est mieux.

— Je peux t’acheter avec des mots d’amour ?

— Tu peux réparer mon cœur avec des mots d’amour.

— Oh, bébé…

Il se retourne et je suis content de ne pas avoir Sam avec nous ce soir, car un second round pointe le bout de son nez.

Gabriel

Il me sourit, et si j’étais une gonzesse j’aurais des papillons dans le ventre. Alors, comme je suis un mec, j’ai juste les jambes qui tremblent et je m’efforce de ne pas courir l’embrasser.

Gabriel

— Tu es énervante !

— Je suis ta mère, tu es né pour me supporter.

Gabriel

Je me sens trop bien, sans les chaînes de Bastien à mes pieds et mes mains.

Je suis méchant et je m’en moque.

Je suis libre. Et ça n’a presque pas de prix.

Chris

Il est simplement lui. Il sent lui, et je ne peux m’en détacher. Je ne peux arrêter de l’embrasser parce que je suis à ma place, là, avec ses mains sur moi.

Pourtant, ce que nous faisons est mal, et c’est un supplice car quoiqu’il arrive le geste blessera. Nous, nos partenaires.

Gabriel

Je brime ma vraie nature actuellement – mes sentiments loin d’être uniquement amicaux –, je n’ai aucun autre choix, aucune autre possibilité. Parce qu’au-delà de mes propres contradictions, mon dévolu se porte sur un homme marié. Outre son hétérosexualité – ou sa bisexualité – il y a une femme derrière cette façade qui me séduit à chaque minute passée en sa compagnie. Et un garçon de trois ans. Ainsi qu’une fille qui naîtra dans moins de deux mois maintenant. Que suis-je censé faire dans ces circonstances ? Tenter de briser un foyer ne me sied pas du tout.

Chris

Je suis marié, j’aime ma femme, et mon nouvel ami me plaît. Enfin, il ne me plaît pas. Il ne peut pas. Toute la journée, ce ne sont pas à ses lèvres auxquelles je pense, ni à la douceur de ses mains qui contrastent tellement avec les miennes. Toutes les nuits. Pour sûr, je reste discret et je m’interdis toute allusion, à quiconque. Il me semble avoir déjà entendu parler de certains couples où l’un voire les deux ressent un coup de cœur pour une autre personne. Il y a ceux qui résistent à l’attraction, à cette impulsion. Il y a ceux qui cèdent. Je ne céderai pas de toute manière. Je ne risquerai pas mon ménage pour une paire de fesses, aussi jolies soient-elles d’après la moulure de son jean préféré.

Chris

— J’ai le cadeau de maman, m’apprend-il, tendant sa main vers moi.

Je la saisis et je ne baisse pas le regard. Nos yeux s’affrontent toujours, l’espace des deux secondes où nos paumes sont en contact. Nous n’en parlons jamais. Nous nous regardons comme nous ne devrions pas, et nous ne pipons pas un mot. Parce qu’il n’y a rien à dire.

Gabriel

Pendant que nous nous sommes rincé le gosier sans vergogne pendant des années, il y a de l’autre côté de la ville, des personnes proches de nous qui luttent pour se maintenir la tête hors de l’eau. La misère s’installe même dans les foyers où on ne le soupçonnerait pas.