Ajouter un extrait
Liste des extraits
Elles se lèvent tôt, dans les campagnes et dans les villes, car les corneilles ont un travail qui n'attend pas. Elles sont parfois nombreuses, en bande, parfois juste une ou deux. Du matin jusqu'au soir, elles s'élèvent dans le ciel puis s'aventurent plus bas, pour s'adresser aux gens qui s'affairent au sol. Depuis les branches, la cime des arbres, les toits et les poteaux télégraphiques, elles crient :
-Profitez ! Profitez du temps présent !
Pauvres corneilles. Elles croient leur parler, mais ils n'entendent que :
- Krra ! Krra ! Krra !
Afficher en entierPour l'instant, il devait lui-même se faire photographier, afin de permettre à Mlle Olsen de le considérer à son tour.
Seigneur! Il frémit d'épouvante à l'idée qu'elle voie son portrait. Il comprit ce qu'avait éprouvé le pauvre cheval qu'il avait acheté, quelques jours auparavant, lorsqu'il l'avait examiné sous toutes le coutures, dents comprises, avant de mettre la main au portefeuille. Demain, il lui donnerait une ration supplémentaire de foin pour s'excuser.
Afficher en entierLa situation des États-Unis l'inquiétait. Quelque chose pourrissait sous la surface, atténuant la frontière entre le bien et le mal. C'était comme si, d'année en année, des centaines de rats, armés de leur cynisme, rongeaient les racines du pays, attaquaient sa substance jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'un dépôt visqueux, répandant l'odeur nauséabonde de la haine de soi. Cette espèce de boue s'était infiltrée sous les portes des salles de classe, dans les bulletins d'information, les films et les émissions de télévision, pour travestir la perception qu'on avait de la nation, au point qu'il devenait grotesque - ou semblait hypocrite - d'afficher son patriotisme, et immoral de penser que les gens étaient responsables d'eux-mêmes.
Afficher en entierNorma était sûre d'être la seule Américaine dépourvue d'une adresse électronique. Elle avait pourtant tenté de garder le contact avec de vieilles relations, mais elles n'appelaient plus, elles non plus. Le téléphone était passé de mode. Lorsqu'on avait besoin de s'adresser au service clientèle d'une entreprise, il fallait utiliser l'Internet. Si on avait la chance de pouvoir parler avec quelqu'un, votre interlocuteur vous répondait depuis l'Inde, avec un accent impossible.
Cette solitude était pesante. Il manquait à Norma la compagnie des voix d'antan, quelques personnes avec qui discuter du bon vieux temps, avec qui rire et parfois pleurer.
Afficher en entierCela lui brisait le cœur de penser qu'elles avaient enseigné, élevé des enfants, travaillé dans une boutique ou une bibliothèque, qu'elles payaient sans retard leurs impôts, leurs emprunts et qu'elles devaient à présent compter chaque sou.
Cela n'était pas juste, eu égard à tous qui profitaient de la société sans rien lui apporter, qui auraient pu trouver un emploi mais préféraient vivre à ses crochets.
Afficher en entierA la fin, j'en étais venue à détester mon corps. A détester en avoir un. Tout s'est mis à se détraquer, j'avais l'impression de tomber en ruines, comme une épave. Quand ce n'était pas une chose, c'était une autre. On se fait retirer la vésicule, puis soudain le cœur bat trop vite, ensuite c'est l'opération de la hanche, et la cataracte, et les appareils auditifs.... Ça n'est jamais terminé. Et quand on se croit tirée d'affaire, on se tape un psoriasis par-dessus le marché. Après ça les noms de mes problèmes étaient trop compliqués pour que je m'en souvienne.
Afficher en entier