Toutes des Pénélopes !

Essayant de me convaincre qu’il s’agissait d’un de ces gadgets électroniques super-modernes dont notre génération raffole, je me suis penchée sur le cadeau. En défaisant le gros nœud rouge – immonde, entre nous soit dit –, j’essayais de deviner ce que Bertrand avait bien pu m’acheter. Un robot capable de passer la serpillière à ma place, un Mac ultramoderne sur pattes, multifonctions… et puis j’ai soulevé le couvercle.

Pendant deux bonnes minutes, je suis restée scotchée devant, la bouche ouverte. Parce que cette boîte en carton ne contenait pas une merveille technologique, un ordinateur ou un appareil futuriste, mais une boule de poils frétillante. Une de ces bestioles qu’on croise partout dans le seizième, trottinant au bout d’une laisse, affublée d’un manteau assorti à celui de leur maîtresse. Un yorkshire. J’avais passé quasiment quatre heures toute seule, dans un restau super-classe, engoncée dans une robe extra, à vider une bouteille sans télé, et Bertrand rattrapait le coup en m’offrant un clébard à la langue pendante ? Un rat à poil long ? C’était une blague ?

— Il m’a plu tout de suite. Cette petite frimousse… c’est encore un bébé, tu sais. (Un temps.) Enfin, pourquoi tu ris ?

Je n’ai pas répondu. Honnêtement, je ne voyais pas quoi lui répondre. J’étais prise d’un fou rire alors que n’importe quelle fille à ma place aurait piqué une crise d’hystérie. J’aurais dû repleurer un bon coup, hurler, récupérer l’horrible animal qui me fixait du fond de sa boîte, le balancer par la fenêtre avec tous les costumes Armani de mon mec, et lui dans la foulée. Au lieu de ça, je pleurais de rire.