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J’avais douze ans. Il devait être onze heures du soir et je ne dormais pas encore, car c’était un de ces très rares soirs où mes parents étaient sortis dîner dehors. Resté seul, je devais lire, sans doute Isaac Asimov, ou Fredric Brown, ou Clifford D. Simak. Le téléphone sonna. Ma première pensée fut : c’est la gendarmerie, il y a eu un accident de voiture, mes parents sont morts. Je dis « mes parents » afin de simplifier (il faut toujours simplifier), car il s’agissait de ma mère et de mon beau-père.
Ce n’était pas la gendarmerie. C’était ma mère. Ils étaient en retard, elle voulait me rassurer.
J’ai raccroché.
Je venais de découvrir que je n’avais pas été inquiet. J’avais envisagé leur disparition sans angoisse ni tristesse. J’étais étonné d’avoir si vite accepté ma condition d’orphelin, effrayé aussi du petit pincement de déception quand j’avais reconnu la voix de ma mère.
C’est alors que j’ai su que j’étais un monstre.
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