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La médecine légale se situe au carrefour de la médecine et de la justice. Elle est tributaire du développement des sciences, mais aussi des facteurs religieux et étatiques déjà présents dans les premières civilisations. Ce texte se contente de donner quelques instantanés historiques permettant de baliser l'évolution de cette spécialité médicale très complexe, comme la vie et la mort dont elle peut être amenée à s'occuper.
Des interdits, des obligations, des rites ont toujours entouré tant la mort que l'ouverture des corps.
À Sumer (5000 ans avant J.C.), en Basse Mésopotamie, s'épanouit une civilisation qui voit les cadavres royaux éviscérés et recousus en préparation à l'immortalité promise par la religion polythéiste sumérienne. Ce sont des mages d'Asie, c'est-à-dire le clergé, qui surveillent l'ouverture des corps.
Dans la Babylone d'Hammurabi (1700 ans avant J.C.), comme dans celle de Nabuchodonosor, 600 ans plus tard, ce sont toujours les prêtres qui dirigent et contrôlent l'ouverture des cadavres royaux, dans une perspective de respect et d'immortalité. Le code d'Hammurabi ne concerne pas les médecins, mais bien les chirurgiens qu'il charge d'une lourde responsabilité en les soumettant à la loi du talion, appliquée d'ailleurs chez les premiers Hébreux. Il symbolise une volonté politique d'encadrer rigoureusement et de réglementer l'exercice d'une profession libérale.
C'est évidemment en Egypte pharaonique que l'art de l'embaumement et de la momification des corps après éviscération va atteindre un degré de technicité et de perfection qui nous laisse encore pantois. Ici aussi, le clergé ordonne, organise, surveille. Les «petites mains égyptiennes» travaillent à l'immortalité de leurs chefs.
En Amérique précolombienne, chez les Incas du Pérou et les Aztèques du Mexique, nous retrouvons les mêmes phénomènes, les mêmes motivations, c'est-à-dire les mêmes ouvertures de cadavres, chez les rois et les princes, après éviscération.
Quelques siècles avant J.-C., les populations Scythes se déplaçant à cheval, au Nord de la mer Noire, étaient réputées pour la cruauté de leurs guerriers qui avaient la haine de leurs ennemis et de leurs cadavres. Ces guerriers scythes scalpaient leurs victimes, accrochaient le cuir chevelu à leurs montures, sciaient le crâne et s'en servaient de coupe pour boire le vin de la victoire. Ces mêmes Scythes s'attendrissaient sur les cadavres de leurs rois, qu'ils ouvraient, éviscéraient, remplissaient d'aromates, de sciure de bois et recousaient avec respect.
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