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Jake demanda un temps mort et trottina vers lui. Il leva son gant devant son visage et se tint près de lui. Nico leva lui aussi la main et se pencha comme si la gravité l’attirait vers lui.
— Ne le frappe pas, lui ordonna Jake. Je sais que tu en meurs d’envie, mais ne le fais pas.
Merde. Est-ce que Jake pouvait lire dans ses pensées ? Même s’il ne cachait pas vraiment sa colère frémissante en cet instant.
— Mais tu sais qu’il a fait exprès de heurter Crowe. Tu le sais, je le sais, l’arbitre le sait, la foule le sait. Même les mouettes qui chient sur la zone d’échauffement le savent.
— Oui, mais ça n’a pas d’importance. Passe au-dessus de ça. C’est un jeu à un point. Ne le frappe pas.
Nico soupira.
— Mais c’est eux… commença-t-il avant de s’interrompre et de presser ses lèvres.
Les sourcils de Jake n’étaient presque plus visibles sous la bordure de son masque de receveur relevé, par-dessus son casque.
— Eux quoi ? C’est eux qui ont commencé ?
— Bah c’est vrai, marmonna Nico.
— Oui, mais étant donné que nous ne sommes plus des gamins de dix ans dans une cour de récréation, ça n’a aucune importance. Tu vaux mieux que ça. Parce que si tu frappes un de leurs joueurs aujourd’hui, l’arbitre va te sortir aussitôt. Skip va devoir te défendre, et il va se faire dégager, lui aussi. Puis il va définitivement te faire ta fête. Gagner est la meilleure des défenses, alors marque un point et fais sortir ce connard.
Même si le gamin boudeur qui était en lui voulait rétorquer quelque chose, Nico hocha catégoriquement la tête.
Jake partit au pas de course vers le marbre, s’accroupit et ses doigts flashèrent rapidement : deux doigts, trois, un, quatre et puis encore un en tapant l’intérieur de sa cuisse gauche, indiquant l’intérieur du marbre. Puisque Nico et Jake utilisaient le nombre de gestes lorsqu’il y avait un coureur sur la deuxième base, Nico savait que le premier signal était le nombre de gestes, ce qui signifiait que le doigt seul était le signal. Balle rapide vers l’intérieur.
Il remonta son genou gauche au-dessus de sa taille puis leva son gant dans sa main gauche et sa balle dans la droite, mit son bras en et explosa vers l’avant, jetant la balle vers le marbre, donnant un coup de pied vers l’arrière.
Markson fit valser sa batte et manqua.
Jake fit de nouveaux signes, y compris des leurres. La main fermée trois fois et le troisième signal était quatre doigts qui gigotent, ce qui signifiait un changement de vitesse. Nico fit de nouveau balancer son bras et fit partir la balle. Elle atterrit sur l’extérieur du marbre alors que Markson la regardait.
Ensuite vint une balle rapide qu’il manqua vers le bas. Puis, Jake lui fit le signal pour la balle fronde.
Le cœur battant à toute allure, Nico écarta très fort ses deux premiers doigts sur la balle. Il la laissa partir et Markson valsa avec force, fouettant l’air avec sa batte alors que la foule rugit et que la manche fut terminée.
Markson secoua la tête en retournant vers l’abri des joueurs adverses, marmonnant, et Nico ne put cacher son sourire narquois. Jake l’attendait au marbre et son cœur s’arrêta. Est-ce qu’il allait l’enguirlander de jubiler de la sorte ?
Mais Jake souriait largement, lui aussi, et ils se tapèrent dans l’épaule l’un de l’autre en retournant jusqu’à l’abri, le gazon artificiel léger comme un nuage sous les crampons de Nico.
Afficher en entierNico passa son pouce sur sa main. Il avait tant de choses à dire, mais il avait peur de l’interrompre.
- J’ai eu ce que je mérite pour avoir pensé que tout était acquis.
- Quoi ? OK, oublie l’idée de ne rien dire. Tu ne le mérites pas. C’est mort.
- Je n’appréciais pas ce que j’avais, dit doucement Jake. On connaît tous les deux des gars qui bossent comme des malades et qui ne vont jamais plus haut que les amateurs. Il y a des gamins qui rêvent de se qualifier pour la première division. Pas seulement percer mais y rester pendant des années et passer de longues et bonnes carrières à jouer à un sport qu’ils sont supposés aimer. J’ai arrêté de l’aimer. J’ai arrêté de tout aimer.
- Mais tu as dit que ça avait changé quand tu es venu ici, pas vrai?
Jake tourna la tête sur son oreiller et essuya les larmes qui s’échappaient de ses yeux.
- Quand j’ai commencé à t’aimer, j’ai commencé à aimer de nouveau le base-ball.
Nico était sûr que le sol venait de s’évaporer sous lui et qu’il flottait dans l’espace, ses oreilles bourdonnant.
Afficher en entier- Arrête de t'inquiéter pour ça. Tout va bien entre nous. Tu as une sale tête.
- Merci, rit Jake.
- Ce que je veux dire, c'est que tu n'as pas l'air d'avoir bien dormi, dit Nico avec un léger sourire.
Alors quand ce n'est pas le cas tu penses que j'ai une belle tête? Une fois de plus, il ravala sa question avant de pouvoir la poser.
[...]
- Tu as raison, je dors super mal. Parfois j'aimerais pouvoir éteindre mon cerveau.
Afficher en entierCe n’étaient pas des choses qu’il pouvait avoir, pas avec Jake, pas avec qui que ce soit. Mais pour la première fois, il s’autorisa à se dire qu’un jour, peut-être. Peut-être qu’il pourrait les avoir une fois que le base-ball serait terminé.
Afficher en entier— Tu ne peux pas oublier ce qu’il s’est passé avant, sourit Jake tristement. Crois-moi, je le comprends. Mais le passé est le passé. C’est terminé. On ne peut pas le changer, peu importe à quel point on espère pouvoir en être capable. Et il ne s’agissait pas d’un match. Alors ne te prends pas la tête avec des « si ». D’accord ?
Lorsque Nico hocha la tête, Jake lui tapota le bras et ses doigts effleurèrent sa peau sous sa manche courte.
Afficher en entier— Mais purée, tu vas me manquer, reprit-il. Qui va m’attacher et me mettre la fessée maintenant ?
— Ne me regarde pas, chéri, intervint une voix.
Steve, le mari de Ron, apparut derrière lui. Il se pencha et fit un signe à la caméra, la lumière se reflétant sur ses cheveux gris.
— Eh, Fitz, désolé d’écouter aux portes mais il a mis le volume à onze. Comment tu vas ? Ça doit être un sacré choc.
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