Extraits

Chapitre un

Thaddeus donna les derniers morceaux de viande à Winnie. Elle les lécha goulûment avec sa langue. Sa fièvre retombait lorsque le sang de la viande commençait à satisfaire sa faim et sa soif. Et même si le vent qui animait les branches d'arbres au-dessus de leur tête était glacial, une sueur brûlante perlait sur le front de Winnie. Caché dans les buissons au bord de la route et tenant Winnie contre son torse, Thaddeus savait qu'ils avaient déjà perdu trop de temps. Ils n'avaient parcouru qu'une courte distance depuis la ferme qu'ils venaient juste de fuir. Si les deux personnes qu'il avait aperçues dans l'obscurité étaient des vampires comme Thaddeus le craignait, cela ne prendrait alors pas bien longtemps avant qu'ils réalisent que lui et Winnie étaient dans la ferme quelques instants plus tôt seulement. De sa main libre, il sortit le fragment de pierre de sa poche. Elle scintillait en alternant entre le bleu et le blanc dans la paume de sa main. Cette lumière aveuglerait les vampires, mais dans sa poche, son efficacité était diminuée. Et même si ce fragment de pierre avait été monté en boucle d'oreille, Thaddeus avait peur de la porter à son oreille. Ce qui lui était arrivé dans le train l'empêchait de le faire. Le simple fait de porter la pierre à son oreille l'avait changé - avait fait surgir le loup qui sommeille en lui depuis toujours, et cela était dangereux. Non seulement parce que cela attirait l'attention sur lui et Winnie, mais aussi parce que cela pouvait s'avérer dangereux pour les humains. S'il venait à totalement se métamorphoser - à devenir le véritable loup qui devait être enfermé pendant les phases de pleine lune - alors il tuerait aveuglément tout le monde sur son passage. Il n'avait aucun contrôle sur le loup. Dans le train, pendant que Winnie luttait avec ses nouvelles et sombres envies insatiables, la pierre à son oreille l'avait fait devenir à moitié loup. Il avait toujours eu le contrôle sur cela. Depuis qu'il était enfant, il avait toujours réussi à libérer juste suffisamment du loup qui sommeille en lui pour se défendre et défendre les gens qu'il a aimés. Mais il semblerait que le simple fait de porter ce minuscule éclat de pierre contre sa chair lui fasse perdre le contrôle et la possibilité de contenir le loup. Mais pourquoi maintenant ? se demanda-t-il tout en glissant le morceau de pierre dans la poche de son jean. Il serra Winnie contre lui et s'élança une nouvelle fois dans l'obscurité. Elle poussa un léger gémissement alors que Thaddeus suivait la route en s'assurant de rester dans la pénombre, sous les arbres bordant la route.

« Shhh, murmura-t-il prés de son oreille, repose-toi. »

La portière du conducteur ainsi que celle du passager s'ouvrirent et deux imposants officiers de police vêtus de noir sortirent de la voiture de police.

« Qu'est-ce qui vous prend ? » demanda le conducteur d'un ton pour le moins énervé.

Avant même que Thaddeus n'ait le temps de dire ou de faire quoi que ce soit, le deuxième flic sortit un taser de sa ceinture et le pointa sur Thaddeus.

« Je vous reconnais, dit le flic, vous êtes le poète qui a tué les trois personnes et mis le feu à sa maison. »

Reconnaissant à son tour celui qui se tenait devant eux, l'autre policier sortit également son taser pour le pointer sur Thaddeus.

« Pose la fille par terre, pourriture ! » ordonna-t-il. Il s'empressa alors d'utiliser sa main libre pour sortir sa radio et dit: « À toutes les patrouilles, à toutes les patrouilles, nous venons de retrouver monsieur Thaddeus Blake. »