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Bordel, Tome 1 : Ouvert à tous



Description ajoutée par Bibounine 2023-10-25T10:18:57+02:00

Résumé

Pourquoi Bordel ? Parce que c'est une interjection que poussent les gens énervés. Parce que Le monde a fait de moi une putain ; je veux faire du monde un bordel (Friedrich Dürrenmatt). Parce que cet ouvrage collectif milite pour la réouverture des maisons closes. Parce que les auteurs qui y participent n'ont rien à voir entre eux, sinon leur âge (la trentaine). Parce que mélanger tous ces écrivains et leur laisser toute liberté est une initiative assez bordélique. Parce que Baudelaire a dit que l'art c'est de la prostitution. La lecture de Bordel numéro un offre une promenade vigoureuse et décapante dans les étages de l'écriture d'aujourd'hui : réalisme trash, satire destroy, pamphlets nihilistes, poésie désabusée, exhibitionnisme froid, autofictions mythomanes, imagination narcissique...

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Classement en biblio - 1 lecteurs

extrait

Extrait ajouté par Millou99 2013-11-11T11:45:22+01:00

Triptyque d'un soir de juin.

I

L'appartement se situe dans un bel immeuble en retrait du centre ville, à côté d'un parc. Un de ces immeubles modernes dont le hall d'entrée est dallé de marbre et tapissé de grands miroirs. Un appartement où dans les films des années 70, Belmondo ou Delon, alors les rois du flingue et de la cascade, rejoignent de superbes créatures : blondes hitchcockiennes, lascives ou glaciales selon la scène, à la différence qu'elles maîtrisent moins bien la langue de Shakespeare que les héroïnes des films du maître du suspense, et se déshabillent plus facilement sans que l'intrigue le nécessite vraiment. Enfin, vous voyez le genre d'appartements, quoi.

Les parents de Fabrice sont partis pour le week-end dans leur maison de campagne (qui est à la mer, Ouistreham). L'appartement est libre. Fabrice y a convié quelques amis. C'est une fête qu'il organise sans autre prétexte que la joie de se regrouper un samedi soir, dans les premiers beaux jours de juin, avant que les résultats du baccalauréat ne dispersent tout ce beau monde vers les fringants tâtonnements d'un destin.

Aux alentours de minuit, on compte une quinzaine de personnes, peut-être davantage, dans le vaste séjour. Les meubles impossibles ont été poussés contre les murs ou déménagés dans la chambre des parents. Il ne reste plus au centre qu'un espace labyrinthique de canapés (en modules) et de tables basses. Les cendriers sont posés à même le sol, dans la brousse d'un tapis échevelé dont les poils blancs donnent l'apparence d'une forêt de céleri rémoulade. Une fille beaucoup plus jeune que la moyenne passe toutes les dix minutes pour ramasser les cendriers, puis les pose avec un sourire glacial, irritée, sur le plateau de verre d'une table basse. On écoute : If I was your girlfriend, de Prince. Quelqu'un dit que cette chanson est géniale, sans expliquer pourquoi.

Loin de la salle de séjour, à l'autre extrémité d'un couloir : le calme d'une chambre avec un lit très bas, qui occupe presque toute sa surface. Une jeune fille blonde au corps très fin, à la Nastassja Kinski, est étendue sur le lit ; prostrée dans une robe rouge marquée de deux longs plis soyeux et crissants comme des vagues. La porte est entrouverte.

Matthieu entre dans la chambre, il s'énerve contre la fille qui ne bouge pas, qui s'emmure dans l'inhospitalité de cette chambre qui n'est pas la sienne, qui stagne obstinément la tête plaquée contre le dessus de lit ; plaquée c'est tout ce qu'elle peut faire, alors qu'elle préférerait l'enfouir certainement.

Vu du dessus, c'est le volume des cheveux blonds épars, la fille gisant dans sa longue robe rouge comme dans la tristesse.

Matthieu se lance dans un discours avec une violence que je ne rattache à aucun événement le précédant, sans doute une dispute entre eux, un manque d'attention qui selon l'humeur de l'un ou de l'autre a pris des proportions tragiques dans l'escalier : son propos c'est que l'amitié est la valeur la plus importante de toutes, et que les liens qu'il noue avec ses amis (masculins) sont cent fois supérieurs, indéfectibles et valables, que ceux qu'il n'aura jamais avec les filles.

Les filles, c'est elle. Tout d'un coup, elle est devenue plurielle. Mais ça ne la rend pas plus forte pour autant.

Matthieu poursuit son concept de la religion de l'amitié. Il n'emploie pas le terme religion, mais c'est ça l'idée. Les filles, c'est elle, mais également cette autre, nouvelle venue, qui trône dans le salon, déjà largement entourée, sollicitée, courtisée et qui bouscule tout le monde avec sa beauté inédite, sauvage mais, rassurons nous, identifiable et éduquée.

Des yeux gris foncés, patinés comme une piste d'auto-tamponneuses où viennent s'encanailler à peu de frais les jeunes gens de bonne famille.

Cette fille précipite mon départ. J'ai dix-huit ans, et ça ne me dit rien de m'abreuver là où tous les autres viennent poser leurs gros sabots. Surtout si elle les laisse faire, si elle s'en amuse. C'est l'époque où je commence à lire. Autre chose que les barbituriques scolaires. Les démons, Dostoïevski. Je suis très marqué par Stavroguine. Je ne comprends pas tout, mais suis très impressionné par l'attitude de Stavroguine.

Au moment où Matthieu pénètre dans la chambre, je m'y trouve déjà, à l'autre extrémité du lit, là où s'entasse une pile de vestes et de blousons. Je suis venu chercher mon manteau. Matthieu me voit, et sans se démonter me prend à témoin, me demande si je suis d'accord avec lui, sur les vertus de l'amitié tellement plus irréprochables, tellement plus solides que la brièveté d'une liaison amoureuse. D'une voix douce au possible je lui dis que bien sûr, je suis d'accord avec lui, puisque je suis un garçon et de surcroît son ami. La fille ne bronche pas, la révélation soudaine de ma présence doit la plonger dans un embarras un peu honteux, mais c'est trop tard maintenant pour se redresser, sécher ses larmes et faire comme si rien n'était. Matthieu semble heureux de ma réponse. Une grimace de satisfaction traverse son visage. Tu vois! hurle-t-il à l'intention de la fille, Thomas est d'accord avec moi! Il essaye de passer l'autre main - celle qu'il ne referme pas sur son verre de Malibu-orange - dans les cheveux de la fille, mais son geste est encore trop brutal, empreint de son agacement. La fille ne réagit pas. Cela se passe quand j'ai dix-huit ans - tous les convives à cette soirée ont à peu près le même âge - or à dix-huit ans les types ont en perspective toutes les aventures formidables, amoureuses, érotiques qu'ils vont avoir dans leur vie, que leur majorité va leur offrir, il n'y a pas encore de rétrécissement.

La plupart ne s'embarrassent pas du tragique, le fuient comme la peste, ne s'attachent pas à une seule fille ou alors par paresse, faute de mieux ; ou par tempérament, parce qu'ils en ont - déjà - assez bavé comme ça, et qu'ils en baveraient, autrement.

J'ai dix-huit ans, je quitte la soirée. L'immobilité est pesante au-dehors, la nuit n'apporte aucune fraîcheur. J'ai dans la tête la fille aux yeux gris qui trône dans l'agencement modulable de la salle de séjour, et la fille en robe rouge qui pleure dans la chambre à l'écart. Aucun des garçons ne me paraît mémorable pour lui-même.

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