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Imperturbable, l’âne tapait toujours dans la porte à grands coups de sabot. Que veut-il? se demandait Lino. Les mots d’apaisement qu’il murmurait par l’ouverture de la porte ne servaient à rien. Il allait bien falloir qu’il se décide. Ouvrir. Entrer. Essayer de comprendre ce que voulait Semper.
Il devrait ouvrir la porte tout doucement. La coincer du pied. Juste assez pour passer. Se glisser aussi vite que possible. Et refermer immédiatement. Ensuite il attraperait le licol. Et quand il aurait attaché l’âne à l’anneau au fond du hangar, il pourrait ouvrir la porte.
Lino se répétait les gestes dans sa tête. Un après l’autre. Il les voyait si bien que c’était comme si c’était fait. Alors il se décida. S’appuyant de l’épaule contre la porte pour ne pas qu’elle s’ouvre trop vite, il tira le verrou.
Tout alla très vite. Plus tard Lino se demanda si, tout ce temps, l’âne n’avait pas guetté ce moment-là. S’il n’avait pas prévu son geste et, de son côté, répété celui qu’il allait faire. À peine Lino eut-il tiré le verrou, que ce fut, de l’autre côté de la porte, une terrible poussée. Comme si l’âne, ayant pris son élan, avait foncé sur la porte avec la puissance d’un taureau. Sans cornes peut-être, mais un front tellement dur! Lino n’avait pas fait le poids. Sous la charge, la porte s’était ouverte d’un coup. Il avait été propulsé dans l’herbe, et, le temps qu’il se relève, Semper était déjà en train de trotter fièrement au milieu de la rue.
– Semper! Reviens! Reviens! Semper! Il n’avait plus qu’à lui courir après.
Afficher en entierLa route continuait à flanc de coteau, mais il n'y avait plus d'arbres. Que des rochers. De l'herbe rase.
Et quelques lacets plus haut : une grosse maison de pierre, aussi seule qu'eux, aussi perdue.
Porte fermée.
Volets fermés.
Le toit n'avait pas l'air en très bon état. Elle paraissait abandonnée. Tantôt ils la voyaient. Tantôt ils la perdaient de vue. Mais d'un coup au sortir d'un virage très raide, ils se trouvèrent nez à nez avec elle.
Semper s'arrêta net.
Dans l'élan, Monsieur Crouzon sauta du dos de l'âne.
Alors, sans savoir comment, tous comprirent qu'ils étaient arrivés. Que c'était là.
Ils laissèrent Semper faire les derniers mètres. Seul
Devant la maison il y avait une sorte de petite terrasse à l'herbe beaucoup plus rase.
Oui, c'était là.
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