Trois héritières à conquérir, Tome 2 : Sous le sceau de la passion

Contrôle ta peur. Réfléchis. Fais tout pour échapper au sort horrible qui t’attend.

Quand le chef des Normands revint dans la tente et s’approcha d’elle, elle songea qu’il était le seul à pouvoir la sauver du plus grand des déshonneurs.

Il avait enlevé son haubert et ne portait qu’une tunique en grosse toile de laine. Mais au lieu d’apaiser ses peurs, cette nouvelle tenue les accrut : il n’avait pas l’air moins dangereux que lorsqu’il était habillé en homme d’armes. Pour violer une femme, point n’était besoin d’une cotte de mailles, encore moins d’une armure.

Il s’accroupit à ses côtés et, à l’aide de sa dague, coupa les liens de ses chevilles. Puis il l’aida à se mettre debout et, voyant qu’elle vacillait sur ses jambes, passa un bras autour de sa taille.

— Messire…, protesta-t-elle faiblement en se tournant vers lui, le visage blême.

Mais, au lieu de la lâcher, il la serra plus fort encore contre son torse.

Elle grimaça. Le moment crucial était arrivé.

— Je… je ne résisterai pas. Vous… vous pourrez faire ce que vous voulez de moi, si vous me promettez de ne pas me livrer ensuite à vos hommes.

Voilà. Elle avait prononcé les mots fatidiques.

Elle était horrifiée par sa propre audace, mais elle savait qu’elle devait se montrer franche et directe. Sinon, elle était perdue.

Se dressant sur la pointe des pieds, elle saisit fébrilement les revers de sa tunique, prête à lui promettre tout ce qu’il voulait pour rester en vie.

— Je veux bien me donner à vous, messire, mais à vous seul.

A son plus grand désarroi, il la repoussa, si brusquement qu’elle faillit tomber en arrière.

Au lieu de l’amadouer avec ses promesses, elle l’avait mis en colère…

Il lui saisit le poignet et la traîna vers l’entrée de la tente.

— Non, messire ! Non ! cria-t-elle, terrorisée, le visage grimaçant de douleur. Je vous en prie, ne me livrez pas à vos hommes !

Sourd à ses suppliques, il souleva le battant de toile et la traîna à l’extérieur, devant la masse compacte de ses hommes.

C’était la nuit, mais le ciel était sans nuages, et la lumière de la lune éclairait le camp comme en plein jour.

Ce n’est pas possible ! Ils sont des centaines !

De plus en plus terrorisée, elle regarda tous ces hommes rassemblés devant elle, telle une biche aux abois.

Mais au lieu de la pousser vers eux, leur chef l’attira contre lui et la força à plonger les yeux dans les siens.

— Oui, lady Gillian, vous réchaufferez ma couche cette nuit, marmonna-t-il entre ses dents.

Il savait ! Il savait qui elle était ! Avant qu’elle ait pu lui demander une explication, il l’étreignit avec encore plus de fougue et se pencha vers elle, afin qu’elle soit la seule à distinguer ses paroles.

— Et je n’ai pas l’intention de partager ma femme avec un autre homme, quel qu’il soit.