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Connaîtrait-il enfin le plaisir de la vengeance, s’il rendait cette femme follement amoureuse de lui avant de la laisser tomber ?

C’était plus que probable.

Et du même coup, il pourrait ainsi assouvir son fantasme, posséder ce corps dont il rêvait et en découvrir la douceur veloutée…

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Même s’il faisait tout pour sauver les apparences, Russel s’était senti terrifié au moment d’entreprendre ce voyage. Et il ne fut rassuré qu’au moment où Nicole le rejoignit dans le hall de son hôtel. Oui, il avait craint qu’elle ne lui fasse faux bond…

Vêtue d’une longue robe jaune citron, elle avait laissé sa longue chevelure lâchée sur ses épaules. Des boucles blondes comme les blés effleuraient ses bras nus, et sa peau dorée par le soleil était plus appétissante que jamais. Quant à sa bouche… Il aurait tout donné pour y presser ses lèvres immédiatement.

— Je regrette de ne pas être un peu mieux habillée, lança-t-elle avec un petit sourire d’excuse. Je n’ai plus de vêtements de luxe !

— Ne dis pas de bêtises. Tu es ravissante.

— Merci, répondit-elle en rougissant. Et toi… Tu es incroyablement sexy.

A ces mots, Russel sentit son sang bouillir dans ses veines. Bon sang, comment allait-il s’y prendre pour demeurer calme durant tout le dîner ?

Hugh lui avait cent fois conseillé de jouer la carte de la prudence et de ne pas brûler les étapes : « Si tout se passe bien, tu auras toute la vie pour lui faire l’amour, avait-il conclu, à l’aéroport. Alors, mesure-toi et reste détendu ».

Détendu. Facile à dire, mais il y avait trois semaines qu’il rêvait d’enlacer de nouveau Nicole, de la sentir entre ses bras, de lui prouver qu’il l’aimait.

Au prix d’un suprême effort, il se contenta de lui baiser galamment la main et la conduisit au-dehors pour s’engouffrer avec elle dans un taxi.

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Comme elle s’éloignait, Nicole prit son mobile, avec l’espoir d’entendre la voix de Russel plutôt que celle de sa mère. Il lui téléphonait souvent, de même que Kara…

— Allô ?

— Bonjour.

— Oh, Russel, je suis si heureuse que ce soit toi !

Sa mère ne cessait de la houspiller pour qu’elle quitte la Thaïlande, en l’accusant de gâcher bêtement sa vie ici.

— Moi aussi, répondit-il avec humour.

— Oh, ne commence pas à me taquiner…

— Tu crois que je ferais ça ? s’enquit-il d’un ton amusé.

— Oui, répondit-elle en éclatant de rire.

Ces dernières semaines, ils avaient tissé une profonde complicité. Ne serait-ce que pour cette raison, Nicole ne regrettait pas d’avoir quitté l’Australie seule. Elle savait désormais qu’au-delà du désir qui les attirait l’un vers l’autre, ils partageaient bien des points communs, et bâtissaient une relation de confiance mutuelle. Et puis, Russel savait mieux que personne lui rendre son sourire, lui redonner goût à la vie et confiance en l’avenir. Même si elle passait parfois par des moments de déprime, en songeant à la trahison de son beau-père, elle se sentait infiniment plus forte que quelques semaines plus tôt. Et c’était à Russel qu’elle le devait. Suivant son conseil, elle n’avait pas parlé de la triste affaire des bijoux à sa mère.

« Pourquoi lui briser le cœur ? » avait demandé Russel. Elle en avait eu le souffle coupé. Certes, il était riche et accaparé par ses affaires, mais il n’en demeurait pas moins un homme d’une grande sensibilité. Dans la même situation, David n’aurait certainement pas réagi ainsi ! Et Alistair encore moins…

— Raconte-moi ce que tu fais, aujourd’hui, suggéra-t-il avec gentillesse. Tu es toujours dans les travaux de peinture ?

— Non. Pas aujourd’hui. Il fait trop chaud. Alors je me repose, sous un arbre, et je regarde les garçons jouer au football. Et toi, que fais-tu ?

— Pas grand-chose non plus. La chaleur est terrible aussi, là où je suis.

— Vraiment ? Il ne peut pas faire aussi lourd qu’ici, pourtant… Et comment va le marché de l’immobilier ?

— Hum. McClain Immobilier est en plein essor, malgré la tendance générale. Je ne sais pas comment font mes agents. C’est peut-être lié au nouveau temps de travail que j’ai fait instituer, trente-cinq heures par semaine. J’ai également veillé à ce que les pères de famille soient tous en congé le samedi et le dimanche. Quoi qu’il en soit, les chiffres de ces derniers mois sont fabuleux. D’ailleurs, mon comptable me suggère de faire quelques donations supplémentaires, cette année. Je sais bien que tu ne veux pas de mon argent, mais j’ai pensé que ton amie Julie aimerait peut-être bénéficier d’un coup de pouce. Si j’en crois ce que tu me dis, cet orphelinat a besoin de sérieux travaux de rénovation, et mieux vaut faire appel à des professionnels. Alors je me demandais ce que ça coûterait. A ton avis, le quart d’un million de dollars serait suffisant ?

Nicole laissa échapper une exclamation de surprise.

— Comment ? Tu dis… Un quart de million ?

— Eh bien disons un demi… Tu es une sacrée négociatrice !

— Mais, je… Tu es sérieux ?

— Naturellement. Je ne fais jamais de propositions que je ne pense pas tenir.

Dominant le vertige qui la gagnait, elle se leva et se dirigea vers le bâtiment principal.

— Il faut que je le dise tout de suite à Julie, déclara-t-elle, le cœur battant.

— Non, c’est inutile. Elle le sait déjà.

— Quoi ? Comment est-ce possible ?

— Parce que je lui ai annoncé en personne il y a quelques minutes.

Nicole jeta un regard éperdu tout autour d’elle et réalisa soudain que la voix de Russel ne provenait pas seulement de l’appareil… Il était là. Quelque part.

Et moins d’une seconde plus tard, elle le vit traverser la cour dans sa direction. Plus séduisant que jamais, dans un pantalon de lin très ample et un T-shirt blanc.

Bouche bée, elle le dévisagea longuement avant de déglutir avec peine et d’articuler :

— Les quatre semaines ne sont pas terminées…

— Je sais.

Il avait toujours son mobile collé à l’oreille. Comme elle.

— Mais il fallait que je te voie, enchaîna-t-il en plongeant son intense regard dans le sien. Tu préfères que je m’en aille ?

Le souffle court, la gorge nouée, elle hocha négativement la tête. Elle était incapable de proférer un son. Comment avait-elle pu oublier l’effet qu’il produisait sur elle dès qu’il entrait dans son champ de vision ? Déjà, elle commençait à chanceler tandis qu’une boule de chaleur se formait dans son ventre et que des frissons lui parcouraient la nuque. Oui, comment-elle avait pu oublier ça ? Cette fièvre qui la poussait vers lui, qui lui donnait envie de se jeter dans ses bras pour y demeurer jusqu’à la fin de ses jours ?

— Tu veux bien dîner avec moi, ce soir ? reprit-il.

Elle acquiesça d’un hochement de tête. Bien sûr, elle savait que ce dîner finirait par une étreinte voluptueuse…

Elle le regarda ranger son mobile et l’imita. Enfin, il sourit et s’enquit :

— J’aimerais bien rencontrer les enfants, maintenant. Pour comprendre d’où vient tout ce grabuge…

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