Extraits

– Première estimation : une vingtaine de types.

Enfin ils distinguent au loin les formes des véhicules.

– Nous n’avions pas besoin de ça…, soupire Nuçx’ia.

– Peut-être qu’ils ne font que passer, tente David tout en libérant la gâchette de sécurité de son arme.

– Par moments j’ai l’impression d’être dans un vieux film de zombies des années 60, genre La nuit des morts vivants ou Je suis une légende.

– Je n’aime pas quand la réalité commence à ressembler aux films ou aux romans, dit Aurore en rapprochant la caisse de grenades.

Tout est en évolution permanente.

Mais il arrive un temps où le changement devient soudain plus rapide, plus brusque, plus spectaculaire.

Le bourgeon compact se transforme en fleur épanouie.

La chenille s'extirpe de son épaisse gangue sombre et se mue en papillon sombre et multicolore.

L'adolescent devient un adulte.

Une peuplade ne vivant que dans la peur, l'égoïsme et la violence, se transforme en civilisation consciente et solidaire. Cette métamorphose s'effectue souvent par spasmes, contractions, douleurs.

Lorsqu'elle est achevée, il ne reste plus qu'une vieille enveloppe vide accrochée à une branche d'arbre, des souvenirs pénibles associés à des photos jaunis, des drames notés dans des livres d'histoire, des ruines et des musées, autant de vestiges dérisoires d'un monde archaïque.

Et l'être transmuté peut s'envoler vers le soleil pour faire sécher ses ailes neuves.

Cependant, à mesure qu'approche le temps de la Métamorphose, surgissent des forces visant à l'empêcher de se réaliser. Celles-ci émanent de tous ceux qui craignent la transformation vers l'inconnu et préfèrent la stagnation, voire le retour en arrière.

Il ne faut pas sous-estimer ces forces de blocage.

Tout d'abord parce qu'elles sont plus puissantes, car mieux enracinées, que les forces évolutives.

L'envie de rester dans le monde ancien est rassurante.

La crainte d'avancer est naturelle. Pourtant, s'il refuse de changer, l'organisme se sclérose, étouffe dans sa vieille peau, sans révéler son vrai potentiel.

Quand un individu arrive à élargir son champ de vision dans le temps et dans l'espace, il est naturellement tenté de souhaiter sa propre métamorphose, mais aussi celle de tous les êtres qui l'entourent.

- Je déteste les moustiques.

Le Congolais lui donne une grande tape sur l'épaule.

- C'est la faute de Noé. Pourquoi dans les couples d'êtres vivants il a pensé à prendre un couple de moustiques, cet imbécile ?

Le chercheur français continue de frotter l'air de ses mains utilisées comme des battoirs.

- En plus j'ai l'impression que je les attire. Depuis que je suis enfant, ils commencent toujours par venir vers moi.

- Votre sang doit leur sembler plus sucré. Pour eux, les Blancs, ça n'a pas le même goût, c'est une gourmandise.

Nous sommes à l'ère de la Deuxième Humanité.

Il y en a eu une avant.

Il y en aura une... après

Extrait page 349-350

- Je suis le docteur Ali Néfartari, je suis le fils du directeur. Je ne devrais peut-être pas vous le dire, mais vous êtes mon premier client... enfin patient. J'espère que cela me portera chance.

Il lui fait un large sourire. Le jeune homme allume son ordinateur et lance le programme de diagnostic médical automatique dont la clinique de son père vient de faire acquisition.

-Bien commençons par les formalités usuelles: nom, prénom, âge, taille, poids.

Michel Vidal répond puis explique:

-J'ai... j'ai très mal à la gorge, les poumons me brûlent et j'ai des difficultés à respirer et... il faudrait me...

-Vous fumez? Combien de paquets par jour?

-Heu... non.

Le jeune médecin clique sur la ligne << difficultés respiratoire non liées au tabac >>.

Aussitôt le moteur de recherche affiche:

Probabilités A : Asthmes 32%

Probabilités B : Tuberculose 42%

Probabilités C : Grippes 41%

Probabilités D : Angine 34%

Probabilités E : le patient ment et fume quand même :4%

Probabilités F : autre facteur encore inconnu : 2%

Il remplit la case symptôme par < mal de gorge >, puis il clique sur le bouton < Analyse Synthèse des symptômes >. Le logiciel se met aussitôt à tourner en affichant un petit logo où l'on voit un cœur se gonfler et se dégonfler.

-Quelques instants, s'il vous plaît, nous n'allons être bientôt fixés, sinon vous avez eu le temps de faire un peu de shopping dans notre cité avec ce beau temps?

Michel Vidal n'arrive plus à parler. Il tousse très fort puis pris de vertiges, s'affale de tout son long.

Le docteur Néfertari recule, étonné.

Il a envie d'appeler à l'aide, mais il se dit que cela ferait mauvais effet si on découvrait qu'un médecin, fils du directeur qui plus est, ne sais pas comment réagir au problème de son premier patient. Il reste comme tétanisé à observer ce Français agonisant à même le sol. A cet instant, il n'a qu'une crainte : que quelqu'un entre et découvre la scène. Fasciné et impuissant, il pousse le verrou de la porte, contemple cet étrange malade pris de convulsions et s'étouffe avec ses propres glaires sur son tapis. Quand enfin la forme qui se débat ne donne plus signe de vie et reste immobile, la bouche béante, les yeux vitreux, le médecin égyptien sort son stéthoscope et s'assure que le cœur n'a plus le moindre soubresaut. Puis soulagé, il prend son smartphone et appelle un infirmier à qui il demande d'apporter un sac hermétique pour les cadavres.

-Qu'est ce qu'il y a eu? demande l'infirmier sans réelle curiosité.

Alors le jeune médecin, s'essuyant les mais touchés par les glaires, répond:

-Crise d'asthme foudroyante.

- Je préfère avoir raison trop tôt, qu'avoir tort trop tard. L'histoire, d'une manière ou d'une autre, finira par nous rendre justice. Le temps révèle les vérités.

59. Quel que soit le nombre de preuves démontrant la fausseté d'un événement, il y aura toujours quelqu'un pour croire qu'il est vrai.

58. Dans toute organisation, il y a toujours une personne qui sait ce qu'il se passe réellement. Elle doit être virée.

- [...] A l'origine, la religion a été créée pour calmer les tribus les plus féroces. C'est avant tout un outil d'ordre et de pouvoir pour influencer les esprits les plus... influençables.

- C'est différent. Le meurtre, ce n'est pas la même chose que la guerre.

- La guerre, c'est le meurtre autorisé, c'est cela ?

- Oui.