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Pour se rassurer, pour tenter d’arrêter cette pensée toujours en marche, pour juguler l’emprise des émotions, pour ne plus être assailli sans cesse par le doute et la peur, le surdoué cherche à tout maîtriser, à garder le contrôle. La plus grande partie de son énergie sera consacrée à cette mission qui parfois le dépasse : surtout ne pas se laisser déborder, surtout anticiper, surtout ne rien lâcher. Ces mécanismes de contrôle pourront prendre diverses formes : les discussions sans fin, le refus d’accepter un ordre, une consigne, sans en avoir expurgé le sens, la vérification permanente pour ne pas laisser de prise au hasard, la recherche épuisante de la précision impossible, les rituels obsessionnels, la remise en question de tout et tout le temps.
p198
Afficher en entier"De la petite enfance à l’adolescence, la construction de l’image de soi du surdoué se confronte à la différence. Avec ses deux facettes, distinctes dans la forme, mais aux conséquences similaires."
p195
Afficher en entierL’énergie dont est capable de faire preuve un surdoué est impressionnante et épuisante pour les autres. Tout le monde est fatigué ? Il continue. Les autres pensent le combat impossible, il s’y confronte. L’issue d’une situation paraît bouchée, il trouve des solutions. Toujours. Comme le petit enfant, le petit zèbre inépuisable qu’il continue à être. Il n’est jamais fatigué. Cette énergie, c’est en lui qu’il la trouve, dans sa constitution aussi qui a de grandes réserves. Certaines fois, il est si absorbé dans sa tâche, concentré jusqu’à l’extrême, qu’il en oublie tout. Le temps qui passe, les impératifs environnants, les autres, les contraintes. Y compris les bases physiologiques.
p192
Afficher en entier"Dans de nombreuses circonstances, cette forme de pensée qui éloigne de la consigne initiale, qui perd l’esprit en conjectures, qui oblige à envisager des hypothèses toujours différentes, entraîne des associations d’idées ininterrompues, peut se révéler fatale. De l’élève incapable de structurer une rédaction de français à l’universitaire perdu face à la rédaction de son mémoire, du conférencier noyé dans des explications confuses au professionnel perdu dans la conclusion de son rapport."
p187
Afficher en entier"Les surdoués ont peur d’oublier. Ils ont peur de perdre leur idée. Et ils la perdent souvent d’ailleurs ! Dans une conversation, ils ont besoin de prendre rapidement la parole au risque de voir leur idée leur échapper, ce qui les contrarie beaucoup. Mais la pensée va si vite qu’en quelques millisecondes, elle est déjà passée à autre chose. Cette peur de l’oubli va en conduire certains à s’accrocher à leur pensée, à rester volontairement attentifs à ce qui se déroule dans leur tête, au risque de se couper de l’environnement."
p183
Afficher en entier"Un adulte surdoué a le plus souvent des amis… surdoués ! Oui, comme les enfants qui s’aimantent dans les cours de récréation. À la grande stupéfaction des parents respectifs lorsqu’ils se rendent compte que leurs enfants sont tous deux des zèbres. C’est une constante dans la personnalité, on est attiré puis on s’attache à des personnes qui fonctionnent dans le même système que le nôtre. Ce qui ne veut pas dire que l’on est pareil, mais que l’on est capable de se comprendre, intimement. De ressentir chez l’autre une forme de sensibilité à la vie, de réceptivité au monde, de compréhension muette, que l’on ressent aussi chez soi."
p152
Afficher en entierEn consultation de psychologie de l’enfant, ce sont les garçons que l’on rencontre le plus. Leurs troubles sont plus bruyants, dérangeants. Ils inquiètent plus rapidement l’entourage alors que la petite fille, muettement, s’adapte au prix de grands renoncements. Pour faire plaisir. Pour être conforme aux attentes de ses parents, de ses professeurs.
p151
Afficher en entierÊtre une femme surdouée comporte certaines particularités. Dans la trajectoire d’abord. On sait que les petites filles montrent dans l’enfance de plus grandes capacités d’adaptation que les garçons. Elles acceptent plus facilement les « règles du jeu », en particulier scolaires, et parviennent à s’y conformer. Mais cette adaptation est coûteuse en énergie. C’est une stratégie d’adaptation. Ce n’est pas un mécanisme naturel. Leur différence est, pour elles aussi, parfois compliquée à vivre et à assumer. Elles prennent sur elles pour être conformes à ce que l’on attend d’elles.
p144
Afficher en entier"À chercher un sens à tout on finit par trouver l’absurde, le non-sens. Le simple bon sens n’a plus cours. Alors, comment comprendre l’incompréhensible ? Impossible. Et le surdoué, dépité, ne comprend plus, plus rien du tout. C’est perdu et il est lui-même perdu. Au bout du bout, il n’y a rien… Et quand on ne peut pas vivre sans sens, comment faire ? Comme le ruban de Möbius qui tourne indéfiniment sur lui-même sans que l’on puisse repérer ni le début ni la fin, le surdoué tourne et retourne des questions aux réponses jamais abouties.
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Afficher en entierChez l’enfant surdoué, on relève une constante. Sa plus grande motivation pour aller à l’école ? Sentir qu’il est attendu. Que sa venue fera plaisir à quelqu’un. Que sa présence à l’école est importante : pour la maîtresse, un prof, pour un autre enfant, peu importe. Ce qui compte c’est sentir qu’on l’aime. Ça lui suffit pour le faire lever le matin et lui donner envie de partir pour l’école… Comme pour tous les enfants me direz-vous ? Oui, sûrement. Mais pour celui-là, c’est vital. Ce n’est pas une option.
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