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Extrait ajouté par Underworld 2019-09-26T05:01:06+02:00

** Extrait offert par Lucy Monroe **

1.

Debout sur le trottoir devant la petite bijouterie, Salvatore éprouvait une étrange inquiétude. Lui qui avait pourtant l’habitude de se battre dans le monde sans pitié du business appréhendait bizarrement la confrontation qui s’annonçait.

Car il ne s’agissait pas de régler une simple affaire professionnelle.

Même s’il agissait pour le compte du père d’Elisa, il ne fallait pas compter sur les remerciements de cette dernière qui, depuis une année maintenant, évitait Salvatore comme la peste. Elle le haïssait avec la même passion qu’elle s’était autrefois donnée à lui.

Il ne lui en voulait pas, d’ailleurs.

Elle avait bien des raisons de mépriser son ancien amant, même s’il refusait, lui, de les accepter. La fierté de son âme sicilienne l’en empêchait. L’honneur du clan di Vitale ne souffrirait pas un nom entaché de honte.

Il ouvrit la porte de la bijouterie Adamo et fronça les sourcils. Rien n’annonçait l’entrée des clients. Ni sonnerie ni carillon. Ce qui, à défaut de système de sécurité élaboré, semblait le strict minimum.

Il fit deux pas et s’immobilisa.

Penchée en avant, la jeune femme était en train de présenter à un couple un écrin largement ouvert. Bien qu’il ne distinguât pas ses paroles, sa voix douce et mélodieuse parvenait jusqu’à lui. Ses longs cheveux bruns et soyeux, ramenés en un chignon élégant, dégageaient son cou gracile, exposant l’endroit où il savait que son désir se manifestait de façon visible, par des palpitations à fleur de peau.

Avec le chic qui la caractérisait, elle était vêtue d’une tunique sans manches d’un très joli vert, le même que ses yeux, et fermée par une rangée de petits boutons. Une jupe droite, d’un ton légèrement plus foncé, s’arrêtait un peu au-dessus des chevilles, épousant la courbe de ses hanches et faisant ressortir la perfection de sa silhouette. Une fente sur le côté laissait deviner des jambes élancées, au galbe magnifique. Immédiatement, au souvenir de leurs étreintes passionnées, Salvatore sentit le picotement du désir l’envahir.

Jamais il ne pourrait oublier son corps. Même après une longue année d’absence, il avait toujours autant envie d’elle. Au point de dédaigner toutes les autres femmes. Durant toute cette période, il n’avait pas une seule fois succombé aux charmes d’une autre. Un plaisir physique aussi merveilleux valait bien quelques désagréments… même au prix du mariage.

De toute façon, il n’y avait plus d’autre issue. C’était le seul moyen qui lui restait pour se racheter.

Elle passa derrière le comptoir pour tirer un présentoir de bagues en diamants.

C’est à ce moment-là qu’elle le vit.

Aussitôt, elle pâlit et ses yeux perdirent tout leur éclat. Il était loin, le temps où elle l’accueillait avec émotion et tendresse…

Un mélange de stupeur et d’effroi se peignit sur ses traits tandis que le plateau lui échappait pour retomber sur la vitrine avec un bruit mat.

— Que se passe-t-il ? Vous ne vous sentez pas bien ?

Elisa détacha son regard du fantôme qui venait d’apparaître à l’entrée de la boutique pour concentrer son attention sur le client qui lui parlait. Elle réussit à sourire tant bien que mal.

— Si, si. Tout va bien. Excusez-moi.

Tout en ajustant le présentoir, elle ajouta :

— C’est le solitaire taillé en marquise qui vous intéresse, n’est-ce pas ?

La toute jeune fiancée se tourna vers son compagnon avec un tel éclair de tendresse au fond des yeux que le cœur d’Elisa se serra. Elle aussi, naguère, avait éprouvé cela…

Malheureusement, Salvatore avait détruit son amour, aussi irrémédiablement que la mort avait emporté leur bébé.

Elle retira délicatement la bague de son écrin en s’efforçant de recouvrer son amabilité naturelle. Elle n’avait aucune raison de ternir la joie de ces amoureux.

— Essayez-la donc ! proposa-t-elle gentiment.

Le jeune homme, prénommé David, la passa amoureusement au doigt de sa compagne.

— Elle me va parfaitement, souffla cette dernière.

Le sourire d’Elisa s’élargit. La bijouterie Adamo avait bien besoin de renflouer ses caisses.

— Elle est mise en valeur sur vous, intervint le nouveau venu alors qu’Elisa était presque arrivée à l’ignorer.

La jeune fille se tourna vers Salvatore avec une expression radieuse.

— Merci, signor.

— Toutes mes félicitations !

Ce fut au tour de David de se tourner vers lui.

— Nous allons nous marier dès notre retour aux Etats-Unis.

— Notre histoire est si romantique ! s’écria la jeune fille. Nous nous sommes rencontrés au cours d’un voyage organisé qui proposait un tour de l’Europe. Et nous avons tellement aimé l’Italie que nous avons décidé de prolonger notre séjour de deux semaines.

— Tous les deux, acheva David avec son fort accent du Texas.

— Bravo ! lança Salvatore, qui répugnait pourtant à s’engager lui-même dans des relations sérieuses.

Elisa resta en dehors de la discussion jusqu’à ce que la transaction soit achevée. Puis, après le départ du couple, elle s’affaira pour ranger la vitrine.

— Ce n’est pas parce que tu fais semblant de ne pas me voir que je vais disparaître.

Quand elle se retourna pour lui faire face, une vague de désir, irrépressible, la parcourut tout entière. La pointe de ses seins se durcit et une sorte de frémissement la fit vibrer intérieurement, au plus profond de son être. Son corps réagissait à son insu, en contradiction avec son esprit et son cœur et malgré la haine qu’elle éprouvait pour cet homme. Comme s’il allait toujours de soi qu’ils étaient faits l’un pour l’autre.

Rien n’était plus loin de la réalité.

— Que fais-tu ici ? demanda-t-elle en feignant l’indifférence.

Elle vivait en Italie depuis assez longtemps pour savoir que la culpabilité était un fardeau très lourd à porter. Encore plus lorsque, comme son père ou Salvatore, on était sicilien.

Or, Salvatore avait commis des fautes graves. Plus qu’il ne le savait ou qu’elle ne lui dirait.

Que voulait-il ? Qu’elle lui accorde son pardon ?

Le visiteur s’appuya contre le mur. Du haut de son mètre quatre-vingt-douze, il emplissait la boutique de sa présence.

— C’est ton père qui m’envoie.

Le cœur d’Elisa se serra.

— Papa ? Il ne lui est rien arrivé, j’espère ?

Après un bref signe de dénégation, il plongea son regard dans le sien et elle eut envie de fermer les paupières pour se protéger. Il lisait en elle comme dans un livre ouvert, mais en même temps des vérités importantes lui échappaient. Par exemple, il avait deviné son désir, mais jamais l’amour qu’elle lui portait. Il avait compris ses réticences à s’engager, mais sans mesurer sa fragilité et son innocence.

A la fin, lorsqu’elle était tombée enceinte, il n’avait même pas endossé la responsabilité de sa paternité.

Il soupira bruyamment.

— Pourquoi n’es-tu pas rentrée chez toi depuis plus d’un an ?

— Je ne suis pas chez moi en Sicile.

— C’est là que ton père habite.

— Avec sa femme.

— Et ta sœur.

Annamarie, de trois ans sa cadette, vivait encore chez ses parents. A vingt-deux ans, elle ne manifestait aucune velléité d’indépendance et Shawna, la mère d’Elisa qui avait élevé sa fille dans un esprit d’émancipation farouche, se serait effrayée de ce manque d’affirmation de soi. Contrairement à sa sœur, Annamarie avait subi le poids de la tradition sicilienne.

— Annamarie ne quittera probablement la maison que pour se marier.

— Ce n’est pas une mauvaise chose.

Elisa haussa les épaules.

— A chacun ses choix.

Pour sa part, elle se satisfaisait pleinement de la vie qu’elle menait dans cette petite ville des environs de Rome. Son métier lui permettait de voyager, du moins quand les affaires marchaient bien, et elle n’était pas obligée de supporter l’autorité d’un patron. Ni de quiconque.

— Le carillon n’a pas sonné quand je suis entré.

— Il est cassé.

— Il faut le réparer.

— Ce sera fait.

Après la vente aux enchères, car pour le moment, les fonds manquaient…

— Tu ne me demandes pas pourquoi ton père m’envoie ?

— Du moment qu’il va bien…

— Il se fait tout de même du souci pour ta sécurité.

Son père avait-il parlé à Salvatore des bijoux de la couronne ? Il en était bien capable… Francesco Giuliano était un homme de tradition. Au cours de son existence, il n’avait eu qu’un seul écart de conduite, une liaison avec la star de cinéma Shawna Tyler. Quand elle s’était retrouvée enceinte, il avait proposé de l’épouser mais Shawna avait refusé. Pour elle, il n’était pas question d’aliéner sa liberté en s’encombrant d’un mari et elle avait toujours exhorté sa fille à suivre son exemple.

— Pourquoi se ferait-il du souci ? interrogea Elisa. Je vis seule depuis sept ans.

— La sécurité de Signor di Adamo est très insuffisante pour protéger des joyaux aussi célèbres et contestés que la couronne de Mukar.

— C’est ridicule !

Salvatore leva une main impatiente.

— Ils valent au moins dix fois le stock de la boutique ! Les opposants politiques s’élèvent contre l’abolition de la monarchie et la vente de ces bijoux.

— Mukar a besoin de devises sonnantes et trébuchantes. Le dernier prince en titre, qui l’a parfaitement compris, ne reculera devant aucun sacrifice pour que vive son pays.

— Tu cours des risques.

Il parlait sur un ton grave, comme s’il était sincèrement préoccupé… Elisa réprima une exclamation agacée. Même s’il se sentait coupable, elle n’était pas assez sotte pour s’imaginer qu’il se souciait de son sort.

— Je n’ai rien à craindre.

— Avec un système d’alarme défectueux ? rétorqua-t-il en balayant la bijouterie d’un regard méprisant. Même un voleur de seconde zone n’aurait aucun mal à dévaliser la boutique d’Adamo.

— Cela ne se produira pas. Il n’y a eu aucun vol depuis que Signor di Adamo a acheté le magasin, et il a plus de soixante ans.

— Sì. Il est vieux, maintenant. Et il ignore les changements survenus dans le monde moderne. Tu ne peux pas méconnaître l’évolution de la société.

D’un geste large, il désigna, non seulement le magasin, mais aussi la petite ville où elle habitait.

— Je ne suis pas sotte !

Il secoua la tête.

— Non, mais tu es très naïve si tu crois que tu ne cours aucun danger en détenant les joyaux de la couronne de Mukar.

— Je prendrai des mesures de précaution supplémentaires. De toute manière, ils sont en sûreté dans le coffre.

L’expression de Salvatore s’assombrit.

— Cela ne suffit pas.

— Peu importe. Cela ne te regarde pas.

— Ce n’est pas l’avis de ton père.

— Il n’a pas le droit de se mêler de mes affaires. Je mène ma vie comme bon me semble.

Brusquement, elle se tut car Signor di Adamo apparut à ce moment-là, accompagné de Nico, son petit-fils.

— Ah, Signor di Vitale. Quel plaisir de vous revoir ! Et cette fois-ci, vous avez la chance de rencontrer mon assistante.

Salvatore s’inclina et lui tendit la main.

— Signor di Adamo.

Puis il s’adressa à Nico.

— Tu as encore grandi ! Tu pourras bientôt travailler avec ton grand-père, non ?

Un sourire ravi illumina le visage de l’enfant. Apparemment, au cours de l’année écoulée, alors qu’Elisa faisait tout son possible pour éviter Salvatore, ce dernier s’était arrangé pour se rapprocher de son patron.

— Si toutefois j’ai toujours la boutique, s’interposa le vieil homme d’une voix de vaincu.

Puis, se ressaisissant, il ajouta :

— Mais cette jeune femme m’a redonné espoir. Vous a-t-elle parlé de la couronne de Mukar ?

— Pas elle, mais son père, oui.

— C’est un vrai miracle qu’elle ait réussi à convaincre le prince de nous laisser mener les enchères. Elle est si jolie que personne ne lui résiste !

Il adressa un clin d’œil à Salvatore.

— N’est-ce pas ?

Pourtant, elle n’était pas parvenue à séduire Salvatore… En tout cas, elle n’avait pas été assez belle ou assez désirable pour lui inspirer de l’amour. Mais cela lui était bien égal, maintenant. Elle n’aspirait plus qu’à la tranquillité.

Pour l’heure, ses vœux ne furent pas exaucés. Salvatore resta un long moment à discuter avec Signor di Adamo des failles de son système d’alarme. Chaque fois qu’il s’approchait, Elisa recevait une espèce de décharge électrique. Le désir qui se manifestait dans tout son corps trahissait ce que son cœur avait appris à ses dépens…

Tous ses efforts pour se dérober furent vains. Où qu’elle aille, Salvatore la suivait, inexorable et résolu. Elle se sentait prise au piège, comme un petit animal menacé par un dangereux prédateur.

Au bout d’une demi-heure, elle était sur des charbons ardents. Incapable de soutenir plus longtemps la tension à laquelle cet homme qu’elle avait aimé la soumettait, elle se réfugia derrière son bureau, dans l’arrière-boutique. Mais son répit fut de courte durée car il l’y rejoignit bientôt.

— Tu me fuis depuis un an, Elisa. Maintenant, ça suffit.

Quelle sotte ! Pourquoi s’était-elle sauvée dans cet espace confiné, sans issue ? Obligée de lui faire face, elle regretta amèrement l’espèce d’engourdissement qui l’avait paralysée pendant de longs mois après la mort de leur bébé et l’effondrement de son rêve.

Avec sa tête qui touchait presque le chambranle de la porte et sa haute stature qui remplissait l’embrasure, il lui barrait complètement la sortie.

Elisa lutta vaillamment pour endiguer le flot de ses émotions.

— Je ne te fuis pas. J’ai du travail, tout simplement.

— Si tu ne cherchais pas sciemment à m’éviter, explique-moi pourquoi tu t’es toujours débrouillée pour ne pas être là quand je venais.

— C’est faux. Je n’étais pas toujours partie.

— A ma première visite, tu t’es enfermée chez toi en refusant de m’ouvrir.

Elle l’avait même menacé d’appeler la police… Sans grande conviction, car un homme aussi riche et influent avait le bras long. Heureusement, à son grand soulagement, il était reparti sans insister. Et elle n’avait jamais su la raison de cette visite.

— Tu es revenu à la charge, l’accusa-t-elle.

— Et tu es partie en voyage.

— Pour affaires.

Il avait commis l’erreur de la prévenir… Trois jours avant son arrivée, elle s’était absentée.

— Tu as pris la fuite, comme la troisième fois où j’ai essayé de te joindre.

— J’étais chez ma mère.

— Ton père t’avait dit que j’étais à Rome. Tu as embarqué pour l’Amérique une heure à peine avant que je me présente à ta porte.

— Papa croyait peut-être que j’aurais envie de te voir, observa-t-elle avec un rictus ironique.

S’il avait su…

— Cette fois-ci, Elisa, je ne te laisserai pas t’échapper.

— Je ne cherche pas à te fuir. C’est plutôt toi qui refuses la réalité. Je ne veux pas te voir. Tout simplement.

Il cilla des paupières.

— Ton père m’a chargé de veiller sur toi. Je le lui ai promis.

— Je n’ai besoin de personne.

— Comment peux-tu dire une chose pareille ? explosa Salvatore furieusement. Tu n’as vraiment aucune conscience du danger. Cette boutique est une véritable provocation pour les voleurs. En plus, tu y travailles très souvent seule toute la journée.

— Cela ne te regarde pas.

— Si. Tout ce qui te concerne m’intéresse.

Ces paroles la lacérèrent. Le chagrin qu’elle s’efforçait d’étouffer depuis des mois explosa brusquement dans sa poitrine. Elle avait fait comme s’ils avaient rompu, comme si tout allait bien et qu’elle finirait par l’oublier. En réalité, ils n’avaient rien décidé, rien discuté. Et après avoir quitté l’hôpital contre avis médical, elle avait obstinément refusé de revoir Salvatore.

Bondissant sur ses pieds sans réfléchir, Elisa pointa sur lui un index accusateur.

— Je ne suis rien pour toi, déclara-t-elle en martelant chaque syllabe. Tu ne t’intéressais déjà pas à moi à l’époque où j’étais ta maîtresse. Comment en serait-il autrement maintenant qu’il n’est même plus question de sexe entre nous ? Et toi non plus, tu ne représentes rien pour moi.

— Je suis le père de l’enfant que tu as perdu.

Elle vacilla sur ses jambes, comme s’il lui avait asséné un coup violent. Elle ressentit une douleur si intense qu’elle faillit s’écrouler.

D’un geste vif, rapide comme l’éclair, il la saisit par le poignet et l’attira contre lui. Sa bouche articulait des sons qu’elle ne comprenait pas. Collée tout contre lui, d’une manière qui naguère éveillait un désir sans frein, elle n’éprouvait plus que du dégoût et de la peur. Dégoût que son corps la trahisse ainsi, et peur que Salvatore ne s’en aperçoive.

— Ne parle pas aussi crûment et ne dévalorise pas ce que nous avons partagé, reprit-il. Nous nous sommes donnés l’un à l’autre avec un bel appétit et beaucoup d’enthousiasme.

En fait, elle lui avait offert sa virginité et il ne s’en était même pas rendu compte. Parce que l’hymen n’avait pas résisté à des années de pratique intensive de gymnastique. Il la rangeait dans la même catégorie que sa mère : une femme qui papillonnait d’un homme à l’autre pour assouvir sa coquetterie et sa soif de conquêtes.

— Cette époque est bien révolue, lâcha-t-elle hargneusement. Cela m’a servi de leçon.

La mâchoire de Salvatore se crispa tandis qu’il la toisait méchamment. Elisa était contente d’avoir atteint son but. Il était tellement en colère qu’il allait enfin la laisser tranquille.

— Inutile de poursuivre cette discussion, déclara-t-il. Pour l’instant, ce ne sont pas nos relations qui sont à l’ordre du jour, mais ta sécurité.

Elle recula vers son bureau, comme pour se mettre à l’abri.

— Nous n’avons plus rien à voir l’un avec l’autre, Salvatore. Tu ne comprends donc pas ? Tu n’auras plus jamais aucune place dans mon existence. Fiche-moi la paix, c’est tout ce que je demande.

Il se contenta de la fixer sans rien dire.

Puis, son regard glissa, imperceptiblement, et elle se retint pour ne pas pousser un cri. En dépit de ses dénégations, et alors même qu’elle prétendait le contraire, le désir s’éveillait dans son corps qui réagissait à son odeur et réclamait la chaleur de son étreinte.

— Tu ne crois pas un mot de ce que tu dis.

Croisant les bras sur sa poitrine pour se donner une contenance, elle le foudroya du regard.

— Tu me dégoûtes ! Va au diable, Signor Salvatore Rafael di Vitale !

Il tressaillit sous le choc, comme si elle l’avait frappé. Mais quand il rouvrit la bouche pour parler, sa voix était étonnamment calme.

— Revenons à nos préoccupations du moment. Il faudra installer un vrai dispositif de sécurité pour protéger la boutique de Signor di Adamo. De toute manière, ni l’un ni l’autre ne devez jamais vous retrouver seuls dans la boutique. Il faut au moins être deux.

Elisa se laissa tomber sur sa chaise, découragée et écrasée par le poids de ses responsabilités.

— Tu as sûrement raison. Malheureusement, c’est impossible.

— Vous n’avez pas le choix.

— Cela coûterait trop cher.

— Peu importe. Vous ne pouvez pas faire autrement.

Il n’avait donc pas entendu ? Ou alors, pour un homme comme lui, P.-D.G. d’une prestigieuse agence de sécurité, il était tout simplement inconcevable d’avoir des problèmes d’argent.

Elle poussa un soupir de lassitude en se frottant la base du nez avec le pouce et l’index. La fatigue lui tombait dessus d’un coup et elle ne se souciait plus de manifester des signes de faiblesse.

— Signor dit Adamo s’accroche à cette boutique, surtout pour son petit-fils, mais les temps deviennent de plus en plus durs.

— La vente aux enchères devrait rapporter pas mal d’argent.

— Oui. Mais il a beaucoup de dettes à rembourser après quelques investissements malheureux. Et cette vieille bâtisse a bien besoin de réparations.

Les installations de plomberie et d’électricité en particulier. Dieu sait dans quel état se trouvaient les appartements privés de Signor di Adamo…

— Je m’en chargerai.

— Il refusera. Il est bien trop orgueilleux pour accepter un geste de charité.

Salvatore haussa les épaules avec un petit sourire sarcastique.

— Je saurai le faire changer d’avis.

— En usant de tes talents de manipulateur…

Il secoua la tête.

— Ne m’entraîne pas dans une autre dispute, cara.

— Je n’en ai aucune envie.

Ce qui était vrai. Sa rage s’était calmée. Elle souhaitait seulement qu’il s’en aille.

— Bien.

Elle le regarda sans comprendre, avant d’ajouter distinctement :

— Je ne veux plus te voir.

— Dolcezza…

— Ne m’appelle pas ainsi, protesta-t-elle avec véhémence.

Ce mot tendre rouvrait des blessures qui, même si elles ne saignaient plus, n’étaient pas près de cicatriser…

— Où sont les bijoux ? demanda-t-il tout à coup.

— Dans le coffre.

— Ici ? Déjà ?

— Oui.

— Ton père pensait qu’ils resteraient à Mukar encore huit ou quinze jours.

— C’est ce que tout le monde croit. En réalité, le prince les a fait convoyer en secret. Pour plus de sûreté.

— Il n’en a pas la garantie absolue. Il y a peut-être eu des fuites.

— Ils sont à l’abri dans le coffre, répéta-t-elle obstinément.

— Mais toi, tu n’es pas en sécurité.

Il rabâchait inlassablement le même refrain et il avait sans doute raison. Mais que faire ? Durant les négociations, elle ne s’était pas souciée de cet aspect des choses. De toute manière, depuis la mort de son bébé, elle se sentait tellement mal que tout lui était égal. Puisqu’elle n’espérait plus jamais trouver le bonheur, elle se moquait éperdument de prendre des risques. D’autant plus qu’elle avait trouvé un moyen de remercier Signor di Adamo qui avait fait preuve d’une grande sollicitude à son égard.

Pendant qu’elle réfléchissait, enfermée dans ses pensées, Salvatore se rapprocha pour effleurer sa joue d’une caresse. Elle sursauta comme s’il l’avait brûlée.

— Je ne te laisserai jamais tranquille.

Puis il tourna les talons et la planta là, interloquée et désemparée.

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Extrait ajouté par Lena10 2012-05-14T12:18:39+02:00

Salvatore se réveilla avec une migraine abominable, comme si des milliers de coups de marteau résonnaient contre ses tempes. Puis, quelques secondes plus tard, il prit conscience d'une autre sensation, affinement plus agréable. Un corps de femme, celui d'Elisa, était lové contre lui. Elle avait une main posée sur son torse, à l'endroit du coeur, et une jambe glissée entre les siennes.

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