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Jeux amoureux, Sandra Paul
1.
— Allez, Lauren…
— Non.
— Pourquoi ? Nous avons tout le temps…
— Justement pas !
Assise dans une attitude guindée, Lauren Connor évitait soigneusement le regard de son supérieur hiérarchique, installé de l’autre côté du grand bureau en chêne. Les yeux rivés sur la portion de ciel bleu qui apparaissait entre les gratte-ciel de Chicago, elle ajouta :
— M. Haley risque d’arriver d’un instant à l’autre, et je ne tiens pas à ce que le P.-D.G. de l’entreprise nous trouve en train de batifoler.
— Il ne sera pas ici avant une bonne trentaine de minutes.
— Vingt.
— D’accord, vingt. Ce qui nous laisse bien assez de temps.
Rafe Mitchell dévisagea sa secrétaire, laquelle affichait un air implacable. Une moue enjôleuse aux lèvres, il insista :
— Voyons, Lauren… Ça va m’aider à me détendre. Ce marché avec Bartlett me stresse terriblement.
Perplexe, Lauren reporta son attention sur lui. Comme il l’enveloppait d’un regard envoûtant, elle ressentit un curieux pincement à l’estomac — pincement étranger à la nausée qui la taraudait depuis le matin. Elle remonta ses lunettes sur son nez et essaya de deviner pourquoi il insistait ainsi.
Il ne paraissait pas du tout stressé, confortablement installé dans son fauteuil, dans cette position qui lui était chère : bien calé en arrière, ses longues jambes allongées devant lui, les mains dans les poches de son costume gris.
Mais peut-être ne mentait-il pas, se dit-elle. Peut-être ressentait-il bel et bien les effets de la pression qui s’exerçait sur lui.
Nul ne savait mieux que Lauren combien il était éprouvant de travailler dans l’entreprise de comptabilité Kane Haley. Et, responsable du service « Fusions et Rachats », Rafe avait son lot de défis à relever.
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