Ajouter un extrait
Liste des extraits
J'ai envie, au choix ou tout à la fois, de disparaître, de devenir invisible, de mourir, de me désintégrer, de faire demi-tour, de rembobiner. Oui, voilà, c'est ça. On peut rembobiner, s'il vous plaît ?
Afficher en entierLa vue est splendide, c'est indéniable. Mais qualifier un mouroir de paradis me semble pour le moins optimiste.
Afficher en entier- Allo Maman, c'est Julia. J'appelais pour te dire que je t'aime.
Afficher en entierJe ne parviens pas encore à tirer du positif de ces épreuves. Je ne suis pas sûre de le vouloir. Mais je mesure ma chance de connaître la valeur de la vie.
Les Tamaris m'ont apporté ça.
Afficher en entierJe change la clé de sens, appuie de toutes mes forces, invoque le dieu des portes, mais rien à faire, elle s'obstine à refuser d'entrer. Dans mon dos, je perçois les pas qui s'approchent lentement de moi.
Mon cœur ne bat plus seulement dans ma poitrine, il bat dans mon cou, dans mes yeux, dans mes doigts, dans mes oreilles, dans mes cheveux, dans les moustaches de mes chaussons.
Alors ça fait ça, quand on sait que la fin est proche ?
On se transforme en vibromasseur ?
Mon assassin n'est plus qu'à quelques mètres de moi, je peux presque sentir ses mains sur ma gorge.
Quand même, mourir à trente-deux ans, c'est moche.
Surtout qu'il n'avait qu'à pousser quelques mètres pour trouver une proie qui serait de toute manière décédée bientôt.
Afficher en entier-J'ai oublié quarante ans de ma vie, poursuit-elle. Cela m'a appris une chose primordiale, sans doute le secret du bonheur : la vie, c'est le présent. C'est ici et maintenant. D'hier, il ne faut garder que le positif. De demain, il ne faut rien attendre. On en peut pas changer le passé, on ne peut pas connaitre l'avenir. Nous l'avons malheureusement appris avec Maryline. La peur découle du passé et abîme le futur. Déposez vos valises, ma petite Julia. C'est souvent à la fin de notre vie que nous mesurons la valeur du présent. Vous avez la chance d'être entourée de personnes qui vous ouvrent les yeux. Profitez-en.
Afficher en entier- En tout cas, je vous dois des excuses. Je n'ai pas été tendre avec vous depuis mon arrivée. J'ai manqué de patience. J'avais envisagé la possibilité que vous ne soyez pas vraiment la personne détestable que vous prétendiez être, mais j'étais loin de me douter que vous aviez eu une vie si difficile... Vous ne m'en voulez pas ?
Il regarda sa montre.
- La séance est terminée, n'est-ce pas ?
- Oui, c'est fini pour cette semaine. Je veux juste m'assurer que vous ne m'en voulez pas et je vous laisse.
Il se lève et se dirige vers la porte.
- Je ne vous en veux pas du tout. Au contraire, je vous en suis reconnaissant.
Je le suis, en souriant de soulagement. Il poursuit :
- J'ai même envie de vous remercier. Vous venez de m'offrir un moment très plaisant.
- C'est normal, c'est mon travail !
- Non, non, j'insiste. Je ne m'étais pas autant amusé depuis fort longtemps.
- Amusé ? je demande en marquant un temps d'arrêt.
- Oui, amusé. Ce moment était jubilatoire. Vous auriez vu votre tête pendant que je vous racontais cette histoire digne des Misérables, vous auriez ri aussi. Ce que vous pouvez être naïve !
Je suis atterrée. Je rêve à nouveau de l'accrocher au mur. Il serait parfait en distributeur de papier toilette.
- Vous avez tout inventé ?
Il m'observe d'un air suffisant.
- Enfin, mademoiselle, regardez-moi ! Ai-je vraiment l'air d'avoir été abandonné par qui que ce soit ?
Je serre les dents, mais c'est plus fort que moi. Il faut que ça sorte.
- Vous non, mais votre cerveau a visiblement été oublié sur une aire d'autoroute.
Je quitte son studio avant de trop en dire. Peut-être que, parfois, sous les gravats ne se cachent que d'autres gravats.
P.169/170
Afficher en entierJ’ai toujours été comme ça. Les choses ne sont pas encore terminées que je les regrette déjà. J’ai un problème évident avec la fin, qu’elle concerne une plaque de chocolat, une période ou une relation. Alors mon esprit essaie inconsciemment de m’y préparer en lançant des alertes : « Attention, c’est bientôt terminé » ; « Profite, c’est peut-être la dernière fois ». Résultat : je ne parviens jamais à apprécier pleinement le moment présent, il y a toujours une part de moi qui joue la rabat-joie. Je suis nostalgique du présent. Et c’est pire avec le passé.
Afficher en entierParfois, quand les années abîment le vernis d’un meuble, on y découvre un bois encore plus beau. Et parfois, on y trouve des échardes qui s’enfoncent si profondément dans la chair qu’on ne pourra plus les en déloger. J’aurai beau faire, je n’arriverai pas à lui pardonner.
Afficher en entierSi entourés que nous puissions être, les douleurs, les angoisses, les joies, c'est seul que nous les ressentons.
Afficher en entier