Extraits

Au bout de deux heures, je savais que j'allais l'aimer comme une folle. Quatre heures de préparation, deux heures de dégustation, sept ans de digestion, c'est officiel : ma vie amoureuse est un pot-au-feu.

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"- Si la vieillesse était douce à vivre, personne ne voudrait que ça s'arrête. Le fait qu'elle soit si rude rend l'existence moins attachante. La vieillesse a été inventée pour se détacher de la vie."

Gustave apparaît élégant dans son costume gris , une rose à la boutonnière .

-Ma future épouse est-elle prête ? demande -t-il avant de nous apercevoir .

-La petite a enfin révélé son secret , lui dit Maminou .

Il hoche la tête en souriant .

-Ah quand même ! Elle va enfin pouvoir m'appeler Papinou !

Les voix se font plus fortes à l'approche du potager . J'en reconnais une . Puis une deuxième . Raphaël avait raison . Une lueur s'échappe de derrière le muret . On le contourne tout doucement , puis d'un bond , on se plante devant ceux qui hantent mes nuits depuis des mois .

Assis sur une chaise de jardin , Gustave est tranquillement en train de rouler un joint .

Il sursaut en nous voyant et fait tout tomber par terre . Autour de la table , Pierre , Élisabeth et Louise sont tétanisés .

-Ah ah : je lance . On vous y prend , bande de junkies !

-Tu craque à fond sur ce mec .

Elle me regarde avec un grand sourire . Elle est contente d'elle , en plus .

-Vous êtes de grands malades...Vous n'avez rien d'autre à faire , quand vous vous retrouvez , que de parler de moi ? Vous voulez un mode d'emploi illustré ?

Elle ricane .

-Allez , sois honnête . Il te plaît pas ?

-Mais j'en sais rien ! Je l'ai entr'aperçu à peine trois minutes !

-T'as le sourire de Mikey sous ecstasy à chaque fois que tu le vois ou qu'on te parle de lui .

J'ai la main de Corinne dans la mienne . Je n'ai plus rien d'une psychologue .A cet instant précis , je suis composée de 99 % d'eau et de 1 % de morve . Si je m'écoutais , je la prendrais dans mes bras et je la bercerais comme un bébé . Il se peut que se soit légèrement déplacé .

Je sais que vous êtes tristes , j'espère bien que vous le serez quelques temps , je regrette de ne pouvoir vous prendre dans mes bras et vous dire que ça va aller . A défaut , je vous promets une chose : si jamais il y a vraiment quelque chose là-haut , je vais me trouver un fauteuil confortable et vous observer en attendant que vous me rejoigniez . Ne pleurez pas trop , sinon je vais pleurer aussi et vous allez vous plaindre de la météo .

Comme pour illustrer ses propos , le petit Lucas fait le tour de Gustave avec l'envie de comprendre comment il s'y prend pour sortir de sa manche tous ces foulards colorés .Arrivé derrière lui , il s'arrête subitement , fronce les sourcils et , du bout de l'index , lui palpe les fesses comme on choisit un fruit .

-Mais t'as une couche ? Pourquoi tu mets une couche ?

Gustave rougit , pis regarde le petit garçon avec la mine grave .

-C'est parce que je suis un bébé dans un corps de grand .

-Mais c'est pas possible , ça ! Ma maman elle me dit que je suis plus un bébé , alors toi encore moins....

-Ta maman se trompe , mon petit . C'est sans doute parce qu'elle ne connaît pas le secret .

Marine me rejoint , un sourire aux lèvres et un foulard autour de la tête .

-j'ai fait un stage dans une crèche il y a quelques années . Et tu sais quoi ? Les vieux et les bébés , c'est exactement la même chose . Pas de dents , pas de cheveux , faut leur changer la couche , ils mangent de la purée et on comprend pas tout ce qu'ils disent . Mais , quand même , on les aiment bien .

-La dame , eh ben , elle a les mêmes joues que cookie . La petite Héloïse quatre ans , scrute attentivement la petite Arlette , quatre-vingt-douze ans qui , par bonheur , a oublié ses prothèses auditives .

-Qui est Cookie ? je lui demande .

-Eh ben c'est mon chien ! Il a des babines qui pendent et bavent , comme la mamie .