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Extrait ajouté par ilovelire 2016-03-06T20:13:02+01:00

Deborah rit. Pete était le meilleur ami de Steve, et elle savait pourquoi. Non seulement ils se connaissaient depuis l’enfance, mais en plus Pete était intelligent, modeste, et toujours là quand on avait besoin de lui. Elle avait elle-même apprécié tout de suite sa fausse timidité qui cachait un humour caustique, et surtout le dévouement sans borne dont il faisait preuve à l’égard de son fils, Adam, qu’il élevait seul depuis trois ans que son épouse les avait quittés. Hope Griffin n’avait pas essayé d’obtenir la garde de l’enfant et ne communiquait que rarement avec eux. Aux dernières nouvelles, elle vivait dans le Montana où elle consacrait tout son temps à la protection de l’environnement. « Abandonner son propre enfant pour aller s’occuper des ours », avait sèchement commenté Steve. « Celle-là, au moins, elle sait ce qu’elle veut. »

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-03-06T20:12:45+01:00

La rue. Elle parcourut les lieux de son unique œil valide. Personne alentour. Mais elle ne renonça pas. Chaque seconde devenait plus pénible. La rue se transforma en tourbillon. Sally sentit son bon œil se fermer. Mais elle poursuivit, encore et sans relâche. C’est au bout d’une éternité qu’elle entendit une voix : « Nom de Dieu ! » Elle comprit que des gens se rassemblaient. Un homme la retourna et étouffa un cri : « Doux Jésus, non ! »

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-03-06T20:12:40+01:00

Puis son corps s’avachit. Elle avait survécu à la strangulation, au viol, aux coups. C’est maintenant le cerveau qui ne suivait plus. La sensation physique de son organisme paraissait s’évanouir. Lésions cérébrales. Sally était infirmière et savait comment cela arrivait. Elle voulut de toutes ses forces retrouver sa douleur. Au moins celle-ci indiquerait que le cerveau fonctionnait.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-03-06T20:12:27+01:00

Cherchant aveuglément un air qui semblait refuser d’entrer dans ses poumons, elle se hissa sur les genoux et se mit à ramper. La nausée lui retourna le ventre. Elle sentit alors une nouvelle blessure, au niveau de l’annulaire, curieusement déformé. Le doigt était brisé, son alliance, disparue. Non, se dit-elle, presque à bout de forces. Ce fumier m’a volé mon alliance !

Son manteau était couvert de neige, comme ses genoux nus sous le collant qui pendait en lambeaux. Pourtant le froid lui parut moins intense qu’au moment où, plus tôt, elle avait rouvert les yeux. La neige crissait sous son poids, tandis qu’elle se tramait vers la rue, la rue où il y aurait des gens, où des lumières brillaient, où l’on pourrait l’aider.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-03-06T20:12:14+01:00

Vingt minutes plus tard, ce qui restait de Sally Yates ouvrit les yeux. Elle n’eut pas le temps de reprendre conscience qu’une douleur abominable la submergeait. Quelque chose, autour de sa gorge, l’étouffait. Elle tâta du bout des ongles. Une corde. Presque engloutie dans la chair chaude et lisse.

Elle posa une main sur sa tête. Tout le côté gauche avait été – littéralement – fracassé. Son visage et ses cheveux étaient couverts de sang, jusqu’au manteau de laine synthétique blanche qu’elle trouvait si élégant. Sa main descendit sur l’arcade sourcilière. La paupière tuméfiée était fermée, la pommette brisée. Plus bas au milieu de la joue un os cassé avait percé la peau. Au nom du ciel, que lui avait-on fait ? Elle se souvint… Le marteau. Elle l’avait aperçu tandis que l’homme lui arrachait ses boucles d’oreilles l’une après l’autre.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-03-06T20:12:10+01:00

Hésitante, elle restait là devant la porte, à étudier la rue d’un regard myope. Il ne s’était pas vraiment caché, d’ailleurs pour quoi faire ? Malgré sa jeunesse et sa beauté, la jeune femme ne pouvait avoir sa vision. Il avait remarqué au bar la pureté de ses grands yeux, l’innocence de ses traits. Elle lui avait fait penser à Olivia Hussey dans une version filmée de Roméo et Juliette. Une rose sur un tas de boue. Cette sensation de pureté lui remettait en mémoire une vieille chanson, The Way You Look Tonight, qu’il se mit à fredonner dans la bise du soir. « Un jour que je serai triste, que le monde sera noir, mon cœur se réchauffera, en se rappelant ce soir, la beauté de ton visage. » Sa mère l’adorait.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-03-06T20:12:03+01:00

Il jeta sa cigarette puis, lentement, se laissa glisser jusqu’à se retrouver assis dans la neige. Elle pressa le pas, mais s’arrêta lorsqu’elle l’entendit gémir dans la ruelle. « Mademoiselle, fit-il d’une voix faible, mademoiselle ! » Elle se raidit, prête à rebrousser chemin, mais son regard était déjà fixé sur lui. « Je viens de me faire attaquer », gémit-il en montrant le mouchoir taché de sang qu’il maintenait à hauteur de ses tempes. « Ils m’ont frappé. Je ne peux plus me relever. » Elle hésita. La neige tombait de plus belle sur ses longs cheveux noirs et brillants. Elle avait l’air d’un enfant effrayé, oscillant entre l’envie de lui porter secours et celle de rentrer ventre à terre à la maison. Elle fronça les sourcils : « On se connaît ?

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-03-06T20:11:48+01:00

D’un geste imperceptible du menton, il chassa ses souvenirs et, se concentrant à nouveau sur ce qui l’attendait, alluma une nouvelle cigarette. Un couple sortit de chez Kelly et se mit à rire quand la fille faillit perdre l’équilibre sur le sol glissant. Ils s’éloignèrent dans l’autre sens. Pendant un instant, la porte resta fermée. Depuis presque une demi-heure les clients s’en allaient, mus, aurait-on cru, par d’impérieux besoins. L’heure de la fermeture approchait. Cette fois, il ne devait plus rester grand monde.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-03-06T20:11:29+01:00

Le bar était plein quand il entra chez Kelly à dix heures, ce qui semblait normal pour un samedi soir. La porte s’ouvrait toutes les trois minutes, jetant régulièrement une lumière oblique, quelques notes du juke-box et un nuage de fumée dans la nuit froide et calme. Ces endroits sont bien tous les mêmes – bruyants, trop éclairés, enfumés. Il alluma plusieurs cigarettes, avala quelques verres d’un whisky infect allongé de soda éventé, repoussa gentiment les avances de la serveuse – cinquante ans bien sonnés, la silhouette avachie et les yeux enfoncés – et réussit une heure et demie durant à n’échanger que de vagues propos avec un client ou deux. Alors il partit.

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Extrait ajouté par Edith972 2015-03-11T21:17:36+01:00

Elle hocha la tête. "Dans ce cas, je vous demande à tous deux de bien vouloir m'aider. Je ne sais pas quoi faire. Je n'ai aucune idée de la façon dont je pourrais aider Steve. Mon Dieu, je ne peux même pas être sure qu'il soit encore vivant." Les larmes perlaient dans ses yeux. "Je ne saisi plus rien du tout !"

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