Extraits

Notre maison était un endroit froid et sinistre. Pete passait tout le temps qu’il pouvait chez ses copains, et six soirs par semaine, mon père m’ignorait presque totalement. Du samedi matin au vendredi suivant, il ne rentrait dans ma chambre ni pour me dire bonne nuit, ni pour me toucher de la façon que je détestais tant. J’avais presque l’impression qu’il me punissait des actes que lui-même perpétrait sur moi. J’allais à l’école avec Pete, et en fin d’après-midi, je me rendais chez ma grand-mère où je restais jusqu’à ce que mon père vienne me chercher en sortant du travail. Il ne me parla jamais de ce qui s’était passé ce vendredi soir après le départ de ma grand-mère. Il se contentait de me faire à manger, puis j’avais le droit de monter prendre un bain et d’aller me coucher.

Je ne me suis jamais rendue sur la tombe de mon père. Je sais où elle se trouve, bien sûr, car on m'a téléphone après sa mort pour m'inviter à ses funérailles. Une invitation que j'ai choisi de décliner, ne ressentant pas le besoin de lui faire mes adieux : ceux-ci avaient déjà été faits, longtemps auparavant.

Depuis son décès, j'ai tenté d'effacer tous ses souvenirs de ma mémoire, mais ils persistent à me hanter - tout comme l'image de la petite fille blonde aux yeux verts que j'étais autrefois.