Extraits

Il souleva les lunettes qui masquaient le regard vide, Victoria voulut l'en empêcher.

- Tu sais que je n'aime pas que tu me voies comme ça.

Il y avait quelque chose de si troublant dans ses yeux morts et cependant vibrants de larmes que Tugdual fut ébranlé.Mal à l'aise de la fixer sans qu'elle puisse le faire en retour, il baissa la tête.

- J'ai cru que j'allais devenir folle, tu m'as fait si mal!

( Toi aussi )

- Pourquoi tu m'as rejetée comme ça ?

Tugdual pensait depuis plusieurs jours à ce moment et sa décision était prise : lorsque ça arriverait, il ne tricherait pas. Il ne tricherait plus.

- Je ne t'ai pas rejetée, Victoria, dit-il en lui effleurant la joue. J'ai juste tout fait pour éviter de te tuer.

C'est quoi votre problème ? tonna Samantha White, soudain campée devant leur table.

-Moi, c'est le contrôle de littérature tout à l'heure, répondit Mortimer du tac au tac. Je ne me sens pas prêt de tout

Quand Tugdual vit arriver Mortimer et Josh dans le couloir de Saint Mary's,une joie tendre et profonde l’étreignit . Les signaux était pourtant tenus,quasiment imperceptible,il fallait l’œil affute d'un frère attentif pour voir combien les deux garçon irradiaient.Ils passèrent près de lui et le regard de Mortimer croisa le sien; Une légère rougeur teinta le front du cadet des Cobb.

- Quand on a mal, on est seul au monde, fit Tugdual. Il n'y a pas de place pour la douleur des autres.

[...]

- Tu sais s'attacher à la peine des autres peut aussi aider à ne pas penser à celle qu'on éprouve soi même.

Du côté de Tugdual, une autre forme d'intérêt dominait. Depuis le premier jour où il avait mis les pieds à St Mary's, le jeune homme était devenu le " crush " de nombreuses filles, des plus romantiques aux plus extraverties. Il le savait, ne faisait rien pour alimenter leur frénésie, mais ne pouvait les empêcher de le trouver " trop craquant ". Le fait que Victoria et lui soient inséparables en avait calmé certaines, ils formaient un couple si inattendu qu'elles s'étaient très vite senties hors course : Victoria avait toujours été assez excentrique, mais elle était jolie et surtout, elle était aveugle. Bizarrement, ce handicap représentait pour d'autres un atout de séduction déloyal.

Samantha White était un cas à part. Si l'intervention d'OMG l'empêchait de mourir prématurément, elle ne calmait pas ses ardeurs...

Pages 304 chapitre 44:

- Tu crois ?

- J'en suis persuadée.

Elle posa l'index sur le bout de son nez et le remua.

- Truc de filles...

- Tes frères m'ont parlé.

Zoé s'adossa au plan de travail carrelé, les mains agrippées au rebord. Elle n'avait pas envie de discuter de cela. Même si c'était évidemment le centre de toutes les préoccupations de la famille.

- Je voudrais tellement vous aider... murmura Barbara.

Les yeux baissés, Zoé n'osait pas la regarder. Mais elle devinait avec force son amertume. Sans réfléchir, elle la rejoignit sur le sofa. Son corps s'affaissa, comme fondu de l'intérieur, alors que sa tête glissait tendrement contre celle qui chaque jour devenait un peu plus sa mère.

- Tu es toujours là... fit-elle dans un souffle furtif.

- C'est tout ce que je peux vous donner.

- C'est tout ce qui compte, enchaina Zoé.

Barbara enlaça ses épaules.

- Quand allez-vous faire... ça ?

- Cette nuit, j'aimerais bien.

- Sa réponse,dans sa rapidité et le choix de ses mots, mit Zoé mal à l'aise. Elle n'aurait pas répondu sur un ton différent s'il s'était agi d'aller à la fête foraine ou au cinéma. Qu'était-elle en train de devenir ?

Pendant que Zoé commençait déjà à photographier sous tous les angles son nouveau compagnon poilu, il sortit sans faire de bruit. L'émotion de sa soeur le gagnait à un point qu'il s'étonnait de trouver perturbant. Oui, il pouvait rire, éprouver du bonheur et du plaisir, aimer en donner, en prendre, en recevoir, sans se sentir coupable. Des parenthèses de répit, des pauses au milieu du tourbillon...Abakoum aurait aimé le voir ainsi.

Tugdual se trouvait à une dizaine de rang plus haut, à la recherche de sa sœur, partageant les mêmes pensées. Victoria était à ses côtés, le visage radieux, et Zoé les trouva magnifiques tous les deux, comme illuminés de l'intérieur. Entourés par une foule euphorique, ils ressemblaient à des diamants noirs. Elle regretta de ne pas avoir pris son appareil photo.

"La voix de Josh engendra une onde affamée en Mortimer. Il se leva d'un bond et tira le loquet. Josh se précipita à l'intérieur de la cabine et poussa Mortimer contre la porte, saisit son visage entre ses deux mains pour l'embrasser avec une fièvre que l'un et l'autre avaient tout fait pour l'entretenir. Mortimer se laissa entraîner, comme chaque fois que cela arrivait. Il allait beaucoup plus loin dans ses rêveries que dans le réel et en éprouvait une certaine frustration. Mais les barrières tombaient, petit à petit, au fur et à mesure que s'installaient la confiance et le désir. C'était comme si un nouvel univers s'ouvrait devant lui et en lui. Jamais il n'aurait cru vivre cela un jour, pour la simple et bonne raison que jusqu'alors il ignorait cette possibilité.

Les mains de Josh s'aventuraient sur son corps et laissaient derrière elles la sensation enflammée de leur passage. De temps à autre, ils arrêtaient de s'embrasser pour se regarder et s'enivrer encore plus de l'effet qu'ils se faisaient mutuellement. A cela s'ajoutaient les mots que la parcimonie rendait encore plus ardents.

-Je ne laisserai personne te faire du mal, souffla Josh en enfouissant son visage dans le cou de Mortimer."

Mortimer et Josh, chapitre 19, page 132