Extrait

— Alors, quoi de beau aujourd’hui ?

— On a visité, répond Alicia. Il savait pas où est l’école !

Hey, je viens juste d’arriver ! C’est quoi ce ton dépité ?

— C’est un vrai touriste ce gamin, appuie Vincent pour m’enfoncer. Il vous a fait à manger pour compenser ?

— Oui ! crient-elles à l’unisson. C’était super bon, mieux que maman.

— Ça, ça va faire plaisir à Violaine, dit Vincent en riant tout bas.

Il se penche vers elles et reçoit de chacune un petit bisou sur la bouche, qui me rend jaloux sans trop savoir de qui.

— Un ‘tail ? demande alors Erin avec une note d’espoir.

Vincent lui fait un clin d’oeil et sort du placard deux verres et un shaker, dans lequel il verse différents jus de fruits et sirops. Je suppose qu’avoir autant de boissons différentes est normal pour un barman, mais j’ai toujours trouvé ça bizarre qu’il en ait plus que de nourriture. Les jumelles gloussent de plaisir tandis qu’il secoue le shaker puis attrapent chacune un verre pour qu’il verse le mélange à l’intérieur. La boisson a une jolie couleur mauve rosée qui me fait un peu envie et pendant qu’il ajoute une paille dans leur verre, je m’approche du bar et m’accoude au niveau des petites.

— Et moi ? demandé-je d’une petite voix plaintive.

Vincent me fait les gros yeux mais soupire et me prépare aussi un cocktail.

— Un vrai gamin, se moque-t-il en remplissant mon verre.

Je lui tire la langue et sirote ma boisson, essayant d’en séparer les ingrédients. À part le sirop de violette que je reconnais à la couleur, je suis cependant bien incapable d’en discerner un seul. Les petites gigotent pour signaler qu’elles voudraient descendre du bar et Vincent s’en charge tandis que je les suis dans le salon.

Je retourne m’asseoir dans le canapé, poussé par les jumelles qui s’installent entre Vincent et moi. Dès les verres vides, Alicia se tourne vers moi et grimpe à califourchon sur mes genoux pour me pousser en arrière. Je remue pour m’allonger à demi sur le canapé, la tête posée sur l’accoudoir et les genoux pliés pour ne pas trop m’étaler. Alicia s’installe sur moi, à cheval sur mon bassin et étendue sur mon torse. Du coin de l’oeil je vois sa soeur faire de même avec Vincent, et malgré le fait que le canapé soit immense, je sens les jambes de ce dernier frôler les miennes et ses pieds nus se glisser sous mes cuisses. Une vague de chaleur me monte au visage mais heureusement, Vincent a les yeux rivés sur la télévision et ne remarque pas ma réaction. Petit à petit, je sens ma jumelle s’endormir, et son souffle lent m’entraîne à mon tour dans le sommeil.