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Et, avant que Dana ait eu le temps de retirer sa main, il posa le petit personnage dans sa paume. Elle s’apprêtait à le remettre dans la boîte quand elle ressentit une étrange sensation. Sa peau lui parut tout à coup brûlante. Un picotement se déclencha, qui envahit son poignet, puis s’éteignit aussi soudainement qu’il était apparu. Perplexe, elle regarda le fétiche. Dix centimètres de haut, ne pesant guère plus qu’une vingtaine de grammes. Comment un morceau de bois pouvait-il susciter une aussi puissante impression de chaleur ?
Souvent, elle avait lu des articles traitant de magie. L’ésotérisme l’intéressait, sans pourtant emporter son adhésion. Les phénomènes décrits lui paraissaient la plupart du temps totalement farfelus. La plupart du temps, oui. Mais parfois, elle se prenait à croire en certaines manifestations. L’esprit était plus fort que la matière. Par conséquent, il pouvait se glisser en elle et se montrer efficient. Des scientifiques rapportaient à ce sujet de troublants témoignages. Sans jamais fournir la moindre explication logique, d’ailleurs. Ils se bornaient à constater, sans doute aussi irrésolus qu’elle en cet instant. Pourquoi, si des sommités en physique ou en chimie acceptaient le postulat selon lequel certains événements indubitables demeuraient des mystères, n’en aurait-elle pas fait autant ? Après tout, elle n’était qu’une dessinatrice, pas un prix Nobel.
Afficher en entierHamilton riait, mais Dana ne partageait ni sa gaieté ni son enthousiasme. Elle était venue à Monterey pour travailler. Pas pour y passer une soirée en galante compagnie. Néanmoins, une nouvelle fois, elle tut sa désapprobation. Signer un contrat avec Styles méritait quelques sacrifices. De surcroît, l’homme ne manquait pas de charme. Le tout était de le tenir à distance sans le vexer si d’aventure il se montrait par trop entreprenant.
Afficher en entierDana acquiesça en souriant et tendit la main. Il la serra avec chaleur et, devant son visage maintenant éclairé d’un large sourire, elle oublia sa contrariété : cet homme était trop séduisant pour qu’elle lui tint rigueur de son impolitesse des premiers instants. Grand et bien découplé, il dardait sur elle un regard vert d’eau d’une limpidité désarmante. Vaguement troublée, elle baissa la tête, remarquant ainsi le bracelet de turquoise qui entourait son poignet. Surprenant. Il était trop viril pour porter un bijou aussi voyant.
Afficher en entierC’était l’une de ces boutiques de souvenirs prétendument authentiques qui faisaient florès le long du quai, au milieu des bars et des restaurants bondés de touristes. Trois vastes salles d’exposition y accueillaient le chaland, offrant à ses yeux émerveillés objets d’art indien, poteries, châles et kilts, ponchos grossièrement tissés, fleurs séchées et statuettes rituelles, dont certaines étaient parées du titre ronflant de talisman.
Lorsque Dana y pénétra, le soleil était encore haut dans le ciel pur de Monterey et se reflétait sur une collection de masques de bois poli accrochés au mur, face à la porte d’entrée. Des masques aux faciès peu amènes. Le vendeur, ou le propriétaire des lieux, empaquetait, derrière son comptoir, tout un lot de figurines sculptées. Il ne leva pas la tête et Dana resta là, immobile, attendant qu’il se souciât d’elle. Finalement, alors qu’il saisissait entre deux doigts précautionneux l’une de ses pièces et l’examinait avec une attention soutenue, elle se racla la gorge, espérant enfin attirer son attention. Il ne parut pas l’entendre. Or, même si continuer à ronger son frein l’agaçait, elle ne voulait pas que cette première rencontre démarrât sous de mauvais auspices. Elle dissimula donc soigneusement sa mauvaise humeur naissante et usa de son intonation la plus douce pour lancer :
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