Ajouter un extrait
Liste des extraits
Spoiler(cliquez pour révéler)« ― Est-ce que tu m’aimes Julian ? J’ignore ce qui me donne le courage de lui poser cette question maintenant, mais j’ai besoin de savoir, une fois pour toutes. Est-ce que tu m’aimes ? ai-je répété en soutenant son regard.
Il reste d’abord immobile et silencieux. Sa main me serre si fort qu’il me fait mal. Je sens le combat intérieur qui l’anime, le désir se battre contre la peur. J’attends en retenant mon souffle et en sachant qu’il risque de ne jamais s’ouvrir à moi, de ne jamais admettre la vérité, même à ses propres yeux. Alors quand il parle je suis presque prise de cours.
― Oui, Nora, dit-il d’une voix rauque. Oui, je t’aime. Putain, je t’aime tellement que ça me fait mal. Je ne le savais pas, ou peut-être je ne voulais pas le savoir, mais il en a toujours été ainsi. J’ai passé le plus clair de ma vie à refuser d’éprouver des sentiments, à essayer d’empêcher les autres d’être proches de moi, mais je suis tombé amoureux de toi dès le début. J’ai mis deux ans à m’en apercevoir. »
Afficher en entierJe te donnerai tout au monde, mon chat. Tout au monde, pourvu que tu sois à moi.
Afficher en entierMon enfant est mort.
L'irrémédiable me frappe et pénètre la carapace qui me protège depuis l'enfance. Je n'y peux rien, personne n'y peut rien ? Je pourrais détruire toute la ville de Chicago, mais ça n'y changerait rien.
Mon enfant est mort.
la douleur afflue sans que je puisse la contrôler, commun fleuve qui a détruit un barrage. J'essaie de lutter de la repousser mais c'est encore pire. Les souvenirs arrivent comme un raz de marée, les visages de tous ceux que j'ai perdus m'envahissent l'esprit. Le bébé, Maria, Beth, ma mère, mon père tel qu'il était était dans les rares moments où je l'ai aimé… La violence du chagrin est insoutenable et surmonte tout sauf la présence de ce nouveau deuil.
Mon enfant est mort.
L'angoisse me tenaille, me torture tout en me purifiant.
Mon enfant est mort.
En tremblant, je m'agrippe à Nora tout en cessant de lutter et en acceptant de souffrir.
Afficher en entierJe me bats comme si c’était une question de vie et de mort, comme si celui qui me tient était mon pire ennemi et non pas l’amour de ma vie. Je me bats parce qu’il a la force d’affronter la rage qui est en moi. Parce qu’il a la force de m’en soulager.
Afficher en entier― Laisse-moi partir, Julian, je t’en prie.
― Ce n’est pas possible. Son visage se tord de douleur, faisant saillir les cicatrices qui lui entourent l’œil. Ce n’est pas possible, Nora.
J’avale péniblement ma salive en comprenant qu’il ne parle pas de la position de nos corps.
― Mais ce n’est pas ça que je te demande. Je t’en prie. J’ai juste… j’ai juste besoin d’un instant.
Afficher en entierMême si Julian me déteste en ce moment, j’ai besoin de lui. J’ai trop besoin de lui pour pouvoir le laisser partir un jour.
Afficher en entierEt pourtant, ils scrutent et l'examinent pendant tout le repas avec autant de méfiance que si c'était une bête sauvage. Il sourit et fait preuve de tout son charme, mais je sais qu'ils devinent la menace permanente qui se dégage de lui, la violence ténébreuse qui l'enveloppe comme un noir manteau.
Afficher en entier« Avec mon mari, la peur est inséparable du désir. »
Afficher en entier- Nora ?
C’est encore Julian, et mon cœur se serre en entendant que sa voix est tendue. Ce qu’il dit ensuite confirme mes peurs.
- Nora, tu as mon ordinateur ?
- Quoi ? Pourquoi ?
J’espère que ma culpabilité ne s’entend pas. Merde, merde, merde, merde ! J’enregistre à toute vitesse la liste sur le bureau et j’ouvre un nouveau navigateur de recherche.
- Parce que je ne le retrouve pas.
Il est déjà furieux et ça s’entend dans le ton de sa voix.
- Tu l’as avec toi ?
- Quoi ? Non !
Même moi je m’entends mentir. Mes mains commencent à trembler, mais j’arrive à ouvrir la page de Gmail et à y faire entrer mon nom et mon mot de passe. Il secoue la poignée de la porte.
- Nora, ouvre cette porte. Ouvre immédiatement !
Je ne réponds pas. Mes mains tremblent tellement que je me trompe dans le mot de passe et qu’il me faut recommencer.
- Nora ! Julian tambourine sur la porte. Putain, ouvre la porte ou je vais l’enfoncer !
Afficher en entierLa vie est sans rime ni raison, Nora. Tu peux choisir de vivre sans cesse dans la peur ou tu peux prendre plaisir à la vie.
Afficher en entier