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Nos vies ne sont peut-être que des printemps éphémères, mais elles éclairent tant de possibles. Il ne tient qu’à nous que la magie soit partout.
Afficher en entierC’est ce jour-là que j’ai compris que nous ne quittons jamais vraiment la cage des drames qui nous façonnent. Nos barreaux à nous ont pénétré sous notre peau, dans nos corps, ils sont dans nos bras, dans nos jambes, tout en travers de nous.
Afficher en entierA la sortie de la gare, Ueno Park n'est qu'à quelques minutes. Un cerisier immense accueille les visiteurs. Un éclatement de douceur contre le paysage de béton froid. Vu d'ici, Tokyo n'est plus cette capitale immense qui mâche les corps et les recrache. Cette ville qui m'a tant fait peur ces derniers mois semble retenir son souffle. Tout au long du trajet qui m'a menée ici, j'ai la sensation d'avoir marché sur la pointe des pieds, en effleurant à peine le sol. A chaque pas, mon cœur sur le point de lâcher.
Afficher en entierJe me suis habituée à ça, à cette violence stupide et gratuite. Mon attitude dérange. Mon look. Ma manière d'être. Elle remet en cause les principes qu'on nous impose depuis l'enfance, dans cette société stricte et rigide. Alors je ne cesse d'en rajouter, jour après jour. Plus de paillettes. Plus de couleurs. C'est mon combat dans cette arène formatée et sans âme, où tous suivent des règles qui les abîment et les empêchent de s'envoler dans ce ciel immense au dessus de nous.
Afficher en entierOn reste assis à contempler les sakura. Ça devrait être ce moment d’échange et de partage que nous avons attendu de longs mois. Ce moment de s’ouvrir, de renaître et de se révéler. Mais nos silences ne donnent naissance à rien d’autre qu’à des sensations froides. Je range mon téléphone. Je jette un dernier coup d’œil vers les bâtiments de l’université des Arts. Je sais que ce n’est pas le bon moment pour parler de cela à ma mère. Chaque année nous venons à cet endroit et nous parlons de lui. De son absence. Des souvenirs qui nous restent. Mais y aura-t-il un bon moment ? Je suis né sur une île où l’on ne fait pas de vagues. Les effets seraient dévastateurs, je l’ai bien vu. Ce sont elles qui ont emporté nos maisons et la vie de mon père.
Afficher en entierEn m’asseyant près d’Atsuko, je prends soin de chercher les regards autour de moi. Les garçons sont prévisibles, ils détournent aussitôt la tête. Ils n’ont pas l’habitude qu’une fille aille au-devant d’eux comme je le fais, les confronte, les regarde. À Shibuya, leurs yeux sont comme des mains sur nos bras, nos jambes, nos poitrines, leurs œillades sont des caresses palpables, elles ne témoignent pas de respect. Ici, au milieu de leur famille, ils redeviennent ces petits garçons sages qui voudraient prendre soin de nous.
Afficher en entierIl est tôt et les touristes n’ont pas encore envahi les allées du parc. Bientôt, ils se presseront par milliers pour admirer les cerisiers en fleurs et les photographier. Je n’ai jamais compris ce que ça signifiait pour eux. Dans leur bouche, nos traditions ne semblent être que des éclats de voix et des rires au goût de pâte de haricots rouges.
Pour le moment, les sans-abri errent encore entre les arbres avant d’aller s’effacer dans les méandres des rues. Quelques secondes, à peine, et ils auront disparu dans la foule anonyme des salarymen, emportant leur détresse là où personne ne pourra plus la voir. Il n’y aura alors, pour seule preuve de leur existence, que les abris de carton et de toile abandonnés. C’est si simple de sortir du décor quand personne ne vous cherche plus. J’en sais quelque chose.
Afficher en entierJ'allais bien, et la seconde d'après, j'étais cassée.
Une cassure qui ne se répare pas
Afficher en entierJ'ai le droit d'être qui je veux, et les insultes ne me font rien.
Afficher en entierCe sont ces gens qui devraient avoir honte, pas moi.
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