Extraits

La douleur, la crainte des répercussions, la violence, tous ces sentiments qui ont guidé mon attitude avec les hommes. Cette épreuve s’est tatouée sur mon esprit, agissant sur mon comportement. J’apprends à mieux me connaître. Peut-être était-ce cela que Clyde désirait pour moi, que je sache qui je suis vraiment. Hélas, ça ne suffit pas. Ces zones d’ombre m’obsèdent. Je ne parviens plus à avancer, ainsi, je dois tout savoir jusqu’aux plus petits détails sordides, pour l’heure, je demeure bloquée. Le déni n’est plus une option. Pour commencer, il faut que je parle à cette Marta Beauregard. Ensuite...

– Ce que tu éprouves pour moi ? C’est-à-dire ? Je ne comprends pas ?

– Bien évidemment que tu ne comprends pas, se désole-t-il. On s’est toujours servi de toi comme d´un objet de plaisir. Qu’un mec ait des sentiments pour toi, ça t’est étranger.

– Pourquoi veux-tu faire des gâteaux exactement ?

D’accord, j’admets que je suis dans le déni d’un truc qui me dépasse. Cependant, tout s’est toujours très bien déroulé dans ma vie jusqu’à présent, je n’ai aucune raison de changer de ligne de conduite.

- Mais où est donc passé la nougatière ? s'écrie-t-il narquoisement. Je me demande bien où elle a pu passer !

Il joue avec mes nerfs et je déteste ça. Il sait que je l'entends, il s'amuse ainsi de ma détresse. L'apothéose survient. Un couple de vieillards débarque et lorgne sur des fruits mystérieux.

- Oh ! ce sont des pêches ? se demande la femme.

- Non, lui répond Clyde toujours d'un air ironique. Je pense que ce sont des pommes. De belles pommes bien rondes et bien charnues.

Je rêve où il est en train de parler de mes fesses ?

- Quoique...il y a peut-être bien un abricot aussi dans le coin, ajoute t-il.

C'est le summum de l'humiliation. Mon pied en appui sur une racine manque de glisser. Je me maintiens à l'écorce d'un arbre, en priant en boucle pour que ces inopportuns partent et aillent au diable par la même occasion. surtout Clyde d'ailleurs. Les larmes me montent aux yeux. Mon concurrent abrège mes souffrances et entraîne le couple loin de la forêt. Je me dépêche de terminer mes petites affaires et de me revêtir correctement. Je cache le sac plastique dans un buisson pour une seconde intervention, puis je commence à revenir vers le monde des vivants. Ma bonne étoile n'est qu'un mythe. Ma sandale dérape dans la glaise, je pousse un cri de souris en dévalant le fossé et j'atterris au fond, le derrière dans la rivière boueuse.