Un amour impossible

Il l'entraîna vers l'ascenseur et cinq minutes plus tard, ils pénétraient dans le somptueux appartement du dernier étage.

— C'est l'appartement de l'un de mes amis, expliqua-t-il comme elle jetait un coup d'œil autour d'elle, admirant le contraste que formaient le mobilier contemporain aux lignes austères et les immenses toiles aux couleurs vives. Il me l'a prêté pendant qu'il est en voyage.

—Et vous, quand rentrez-vous aux Etats-Unis ?

— Je dois d'abord me rendre à Sydney la semaine prochaine, d'où je partirai ensuite directement pour Chicago. C'est pour cela que je veux vous parler maintenant. Je ne peux plus attendre. Asseyez-vous, je vous sers un cognac, vous me semblez en avoir grand besoin !

Il lui tendit un verre et s'installa confortablement sur le canapé de cuir blanc, à côté d'elle.

— Marianne a regagné Boston il y a deux jours, lui annonça-t-il. Nous avons rompu nos fiançailles d'un commun accord. Je pense qu'elle était aussi soulagée que moi.

Stacie avala une gorgée autant pour se donner du courage que pour avoir le temps de trouver une réplique.

— Cela ne change rien, murmura-t-elle enfin.

— Quel est le problème alors ? Ne me dites pas que vous êtes amoureuse de ce reporter ! Je sais que c'est faux !

— William n'a rien à voir...

— Alors quoi ?

— Je ne peux pas, c'est au-dessus de mes forces, déclara-t-elle en détournant les yeux. Je ne suis pas de votre milieu. Tout le monde nous désapprouvera. Vous êtes-vous jamais demandé ce que j'allais devenir pendant que vous serez à votre travail, ou en voyage à l'autre bout du monde ? Quelle vie sera la mienne, rejetée de tous ?

— Stacie, cela ne concerne que nous, voyons ! explosa-t-il soudain. Je me moque éperdument de ce que diront ou penseront les gens ! Avez-vous perdu la tête ?

— J'essaye au contraire de faire preuve de raison. Et votre mère, y avez-vous songé ?

— Ma mère vous apprécie beaucoup plus que vous ne le pensez. Et cela fait longtemps, de toute façon, que je ne sollicite plus sa permission !

—Elle avait pourtant réussi à vous imposer Marianne.

— Cela c'était avant... Avant que je ne sois amoureux... Mais à présent je sais ce que je veux. Alors, où est le problème, Stacie, si vous m'aimez ? Stacie, répondez-moi !

Ebranlée, elle était maintenant résignée à se découvrir, à lui avouer la peur qui la faisait encore hésiter, mais il prit les devants :

— Je vous aime et vous m'aimez. Nous pouvons être merveilleusement heureux. Pourquoi refuser ce bonheur ? Auriez-vous peur ?

Elle ne répondit pas, mais son regard était éloquent. Nicholas lui jeta un coup d'œil médusé avant de lui sourire tendrement.

— Vous avez peur, Stacie ? Vous plaisantez ! Je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi téméraire que vous. Même Roughton a dû baisser pavillon devant vous. Vous êtes extraordinaire. Personne ne vous résiste. Alors si vraiment quelque chose vous effraye, dites-moi quoi!

—Vous perdre, admit-elle dans un souffle en se mordant la lèvre.

Il l'entoura par les épaules et l'attira contre lui.

— Vous m'aimez donc, alors ? Vous avouez !

— Oui...

— Répétez-le un peu, que j'entende bien !

—Je vous aime et j'ai très peur de vous perdre. Quand je repense à cet attentat... Oh, Nicholas, mon amour, promettez-moi qu'il ne vous arrivera rien !

— Ce genre d'assurance n'existe pas, ma chérie. Vous aussi, vous pourriez disparaître, subitement... Ne croyez-vous pas que j'en mourrais de chagrin ? Mais pourquoi songer à cela ? Je suis fou de vous et vous m'aimez, Stacie. Pensez plutôt à notre bonheur !

Sa main glissa derrière son dos, il l'enlaça par la taille. Avec passion, il la serra contre lui, et sa bouche trouva la sienne pour un interminable baiser. Un baiser qu'elle attendait depuis si longtemps qu'elle redoutait déjà l'instant où leurs lèvres se sépareraient. Mais, à en juger par l'expression des prunelles grises qui la contemplaient, elle devina que cette séparation ne se produirait pas de sitôt...