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La nuit touchait à sa fin, lorsque je sentis une certaine langueur me gagner. Ce n’était pas une fatigue habituelle, de celle qu’on éprouve quand on a travaillé de longues heures ou fourni un effort intense. Mes yeux ne piquaient pas, mes paupières n’avaient aucune envie de se fermer. Je ne bâillais même pas. J’avais juste l’impression d’être une machine à la batterie déchargée, qui avait besoin d’être en mode off durant quelques heures. Je mis ça sur le compte des évènements de la nuit. Trop d’émotions en si peu d’heures avaient très certainement vidé mon corps de toute énergie. Mais après plusieurs fins de nuit identiques, je réalisai que l’aube n’était pas étrangère à cette léthargie. De même, je réalisai dès cette nuit-là qu’elle était une ennemie redoutable et très certainement fatale. Je me traînais jusqu’à la fenêtre de ma chambre pour fermer les persiennes, lorsque les premières lueurs du jour s’invitèrent dans le ciel. Je peux vous certifier que je me souviens avec précision de la douleur que j’ai éprouvée à l’instant où j’ai croisé la trajectoire de cette luminosité matinale. En l’espace d’une seconde, j’ai eu l’impression de devenir un morceau de viande posée sur un gril bien brûlant. Les zones de l’épiderme que les vêtements ne dissimulaient pas rougirent, puis laissèrent la place aux cloques et quand elles commencèrent à former des crevasses, je me réfugiai dans un coin d’ombre. Même mes yeux me faisaient un mal de chien, comme si l’on y avait planté des aiguilles brûlantes. Je quittai au plus vite ma chambre, en direction de la salle de bains qui était la seule pièce de mon appartement à être complètement hermétique aux rayons du soleil. Une fois dans la petite pièce exiguë, je refermai la porte derrière moi. J’étais enfin à l’abri, sous la lumière artificielle du plafonnier. Plantée devant le miroir accroché au-dessus du lavabo, je dévisageai mon reflet, perplexe et dégoûtée par ce que je voyais. Mon visage ressemblait à ces masques hideux qu’on achète pour Halloween. Mon teint blafard était ravagé par les larmes et les quelques traces de brûlures superficielles qui s’étendaient sur le côté droit de mon visage. J’avais toujours mal, mais à vue d’œil je sus que ce n’était pas très grave. Une rapide inspection de mon placard me permit de dénicher un peu de crème destinée à soulager les brûlures. J’entrepris de m’en badigeonner, geste ô combien ridicule. Comme je le constaterais vite, les cellules de mon corps se régénéraient de manière accélérée. Adieu, les blessures qui font un mal de chien et qui mettent des jours à cicatriser. Mais cette nuit-là, j’ignorais encore ce détail, alors je tartinai mes brûlures, avant de rejoindre la baignoire et de plonger dans un sommeil sans rêves.
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