Un baiser enivrant

Il se pencha pour effleurer sa joue du bout des lèvres, sans la quitter des yeux. Electrisée par ce contact, Eve tressaillit et s’agrippa à son bras. Elle était comme hypnotisée. La bouche collée à son oreille, il lui murmura d’un ton suave :

— Je vais vous embrasser. Vous voulez bien ?

Non… Il suffisait de prononcer un simple petit mot de trois lettres. Ce n’était pas difficile.

— On risque de nous voir, chuchota-t-elle à la place.

— Justement, c’est fait exprès. Alors taisez-vous, cara.

Son ton autoritaire l’indigna et la fit sortir de sa léthargie.

— Lâchez-moi…

Mais elle avait protesté faiblement, pour la forme, comme pour se déculpabiliser. « Assume tes responsabilités, Eve. Tu en meurs d’envie. »

— Qu’est-ce qui vous prend, Draco ?

Elle n’aurait pas dû l’appeler par son prénom. Cela sonnait beaucoup trop intime.

— Détendez-vous et ne vous débattez pas. Nous avons un public. Je vais une bonne fois pour toutes faire taire ces affreuses péronnelles.

Il lui caressa la joue.

— Ne regardez pas, ayez l’air naturel…

— De toute façon, je me moque de ce qu’elles pensent !

Mais quelle victoire, de leur clouer le bec !

— Ah oui ? Eh bien pas moi… Et je dois bien avouer que cette histoire tombe à pic. J’ai envie de vous embrasser depuis ce matin, susurra-t-il.

A ces mots, un frisson la parcourut. Une onde de désir gagnait ses reins, son bas-ventre, et faisait frémir la pointe de ses seins.

— Cela semble si loin…, murmura-t-elle d’une voix à peine audible.

Il ne la laissa pas terminer sa phrase. Ses lèvres chaudes vinrent se poser sur les siennes. Au début, il se contenta de petits baisers doux, mais très vite sa langue vint explorer sa bouche. Eve se laissa aller à ce baiser, y goûtant avec une volupté non dissimulée. Lorsque, à bout de souffle, ils se détachèrent l’un de l’autre, elle avait les jambes en coton et le sentiment que le sol tanguait. Elle fut sur le point de se jeter de nouveau sur la bouche de Draco, prise d’une irrésistible envie de prolonger ce moment. Mais elle se ressaisit soudain, se rappelant que leur baiser n’avait rien de spontané.

— Vous êtes content d’avoir accompli votre bonne action de la journée ? dit-elle dans un souffle en essayant de se calmer.

Draco ne répondit pas. Au lieu de cela, comme s’il avait entendu sa prière muette, il se pencha de nouveau sur elle et l’embrassa encore.