Un cadeau pour Noël, Tome 2 : Songe d'une nuit d'hiver

Finalement, ce fut au tour de Leo.

C’était apparemment un gars populaire et, comme je l’ai dit, il était beau. Les gens commencèrent à l’applaudir. Vas-y Leo ! Fais-le ! Il y eut des cris et des sifflements. Une fille aux cheveux rouge fluo et au maquillage des années 40 qui regardait de loin cria :

— Leo ! Montre à ces hétéros comment on fait !

Ce qui fit rire tout le monde.

Je ressentis une vague d’excitation teintée d’effroi lorsqu’il se pencha au centre du cercle, en appui sur ses mains, et fit tourner le téléphone qui tourbillonna, vacillant un peu. Il ralentit au troisième tour puis…

Il s’arrêta. Je dus vérifier l’écran plusieurs fois en clignant des yeux. Mais la bouteille était bien dirigée vers la petite part de camembert qui disait « Micah ».

Par-dessus le grondement dans mes oreilles, j’entendis les gens dans la pièce devenir fous, applaudissant comme si c’était un putain de match des Steelers. Je me levai lentement. Ma gorge était serrée et tout semblait surréaliste, comme si je m’observais d’un point de vue extérieur. Je jetai un coup d’œil à Leo.

Lui aussi s’était mis debout, son visage inexpressif. Il m’étudia, puis détourna de nouveau les yeux.

— Nan, c’est cool. Je vais te laisser tranquille.

Ses épaules étaient tendues et il semblait franchement mal à l’aise.

Tout le monde autour du cercle hua et siffla.

— Non, mec, c’est le jeu, le rassurai-je. Allons-y.

J’avançai d’un pas au centre du cercle.

Leo ne bougea pas, ne me regarda pas.

Putain. Il allait me laisser en plan comme si j’avais la gale ou un truc du genre. C’était quoi son putain de problème ? Puis ça me frappa : peut-être qu’il pensait que j’allais l’embarrasser, faire le truc du « Oooh c’est dégueu » comme Adam et Tyrell. Je ne ferais jamais ça.

— Leo, mec ! Tu connaissais les règles depuis le début ! Fais pas chier, grogna Tyrell.

— Moi, je veux bien embrasser Micah ! déclara un type maigre avec une frange violette en tendant le bras vers Leo. Laisse-moi te remplacer.

— Tu ne peux pas le remplacer ! râla Tyrell. Nom de Dieu ! Les règles ne sont pas si compliquées.

À ce stade, je me sentais complètement idiot, mais j’essayais d’avoir l’air détendu.

— C’est bon, mec, assurai-je à Leo avec un sourire.

Ce que j’avais vraiment envie de dire, c’était : Si je suis prêt à le faire, tu devrais l’être aussi. Parce que c’était lui le gay, non ?

Je le vis déglutir et laisser échapper un soupir résigné. Il secoua la tête une fois, avec arrogance, comme un putain de cheval pur-sang ou je sais pas quoi. Puis il pénétra dans le cercle et s’approcha de moi. Il croisa mon regard d’un air de défi. Son visage était inexpressif. Je n’avais aucune idée de ce qu’il pensait.

— Donne-moi le top départ, ordonna-t-il à Tyrell, sans me lâcher des yeux.

— C’est parti, s’exclama ce dernier, le doigt sur le bouton de la minuterie.

Avant que je puisse bouger, Leo emprisonna mon visage entre ses mains et m’embrassa durement.