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Il reconnut l’hésitation de Simon par rapport à son fils. Il l’avait ressenti lui aussi les premiers jours. Les bébés étaient fragiles, de toute façon, mais les nourrissons malades pouvaient se briser simplement en les regardant trop longtemps.
— Oh, j’ai laissé sa tétine en haut, dit Julian en jetant un coup d’œil sur les différentes tables pour l’effet.
En fait, son fils n’avait jamais dormi avec une tétine, mais il voulait donner à son invité la chance de tenir Robbie sans qu’il se sente trop mal à l’aise.
— Où est-ce ? Je vais aller la chercher, offrit rapidement celui-ci, puis son visage rougit. À quoi est-ce que ça ressemble ?
Julian se mit à rire et se leva avec Robbie dans ses bras.
— D’accord, assieds-toi et tends tes bras.
— Attends, quoi ?
La voix de Simon ne l’arrêta pas.
— Tiens-le, juste une minute et je vais monter à l’étage.
— Je…
— Fais un berceau avec tes bras. Oui, comme ça, dit-il en plaçant son fils dans les bras de l’autre homme. Assure-toi de soutenir sa tête. Je reviens tout de suite.
Il se retourna, courut en quelques pas vers l’escalier et monta deux marches à la fois. Robbie ne pleura pas. Il doutait que le bébé se réveille, même avec le changement de garde. Prenant beaucoup plus de temps qu’il n’en avait besoin, il prit une couverture légère sur la table à langer et fouilla dans les tiroirs jusqu’à ce qu’il trouve une sucette. Simon reconnaîtrait la ruse s’il revenait sans.
Il descendit tranquillement l’escalier et entendit la voix de Simon avant d’entrer dans la pièce. Alors, il s’arrêta pour écouter.
— Ton père va revenir, petit gars. Je pense que je l’aime beaucoup. Tu ne lui diras pas, n’est-ce pas ?
Un doux rire.
— Tu es un garçon si courageux. Je sais que ton père est vraiment fier de toi.
Julian s’appuya contre le mur près de la porte et regarda Simon caresser la joue de son fils d’un seul doigt. Test réussi.
Afficher en entierIls parlèrent pendant une heure tout en avalant plus de poêlée et de riz que Simon ne l’aurait cru possible. Robbie se mit à pleurer au moment où Julian se levait pour débarrasser la table. Il alla vers le petit garçon et le prit en chuchotant des mots absurdes. La nature domestique de la scène mit presque Simon à genoux. C’était tout ce qu’il avait toujours voulu. Papoter, manger et débarrasser la table avec un partenaire, peut-être prendre soin d’un bébé dans leur propre maison, loin de l’interférence de sa mère. C’était comme s’il était entré dans un livre de contes et avait trouvé son ’heureux pour toujours".
Afficher en entier— Zut.
— Dors. Je te verrai demain après ton match, dit doucement Julian.
— Julian ?
— Oui ?
— Merci.
— Pourquoi ?
— Pour me montrer ce que je manquais.
Afficher en entier— Hé, mon pote, je veux que tu rencontres quelqu’un, roucoula-t-il à Robbie, en tenant le bébé contre sa forte poitrine. C’est Simon et c’est un bon gars, donc pas de projectile vomissant, d’accord ? Je l’apprécie. Je veux qu’il reste quelque temps.
Il parlait à son fils, mais Simon savait que c’était vraiment pour lui. Attends, qu’est-ce qu’il voulait dire par projectile vomissant ?
— Tu veux le tenir ?
Il se figea, un peu affolé à cette idée. Il ne voulait pas. Il ne voulait pas se planter et blesser le p’tit gars et il était si fragile. Oh, et qu’en est-il de ce projectile vomissant ?
Afficher en entierDe rien.
C’est tout ? Juste, de rien ?
Il lança le téléphone sur le matelas de son fils, plutôt que de le remettre dans sa poche. Il vibra à nouveau et afficha un autre texto.
Tu me fais penser que je mérite de me battre.
Quelque chose se réchauffa dans sa poitrine, tandis qu’il scrutait l’Unité de Soins Intensifs pour voir si l’infirmière nazie qui l’avait renvoyé le soir précédent était là. Il ne la vit pas. En fait, il semblait que personne ne lui prêtait attention. Il enleva son gant et renvoya un texto.
Tu le mérites. Laisse-moi te montrer. Un dîner chez moi lorsque Robbie sera libéré ?
Afficher en entierSa mère s’écroula, pleurant doucement dans ses mains tandis que son mari la réconfortait. Elle était recroquevillée sur elle-même et le sweat-shirt de Noël qu’elle portait, même si on était début Mars, avait l’air immense sur sa petite silhouette. La douleur et l’angoisse prenaient leur dû. Elle dit quelque chose qui fut étouffé par ses larmes.
— Quoi, maman ?
— Je n’aurais pas dû prier pour que ce soit une fille, répéta-t-elle, d’une voix dévastée et tremblante.
— Que veux-tu dire ? lui demanda-t-il parce qu’aussi mal qu’il soit, il ne la comprenait pas.
— J’ai prié pour une fille. Toute notre famille a eu des garçons et je… je voulais une petite fille. J’aurais dû prier pour un bébé en bonne santé.
Il regarda son père par-dessus la tête de sa mère tandis qu’elle sanglotait douloureusement dans l’épaule de son mari. Bobby secoua la tête, demandant silencieusement de laisser tomber.
Afficher en entierIl était tellement excité et joyeux de devenir enfin père, qu’il ne s’était pas rendu compte que la vie de son fils était devenue un cas d’urgence.
L’équipe spécialisée de soins néonatals s’était tenue prête par précaution et elle entourait son bébé comme un bouclier humain, pour que ni Erin, ni lui ne puisse le voir.
— Julian ? Pourquoi est-ce que le bébé ne pleure pas ? demanda Erin, essayant de fixer son regard vitreux sur lui.
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