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Les lézardes noircies, sur les carreaux de faïence, évoquent des chemins dans la neige. Avec les bifurcations qu'on aurait pu prendre, les directions qu'on n'a pas choisies. Parfois, dans mes insomnies, je me rêve des vies différentes. Ce qui se serait passé si j'avais embrassé Tess, dans le Traumgarten. Sur le moment c'est grisant, mais le lendemain j'en garde un goût désagréable. Alors j'essaye d'éviter. Je suis Kay dans la Reine des Neiges, un éclat de gel fiché à l'intérieur. Un cristal de givre qui refuse de fondre.
Afficher en entier''Voilà l'ultime ruse du diable. Ce soir-là, j'ai cru séduire l'Enfer mais c'est lui qui m'a enveloppé, qui m'a attiré en son sein.
La vanité perd les hommes. Pourtant, je me suis senti bien dans l'Au-Delà. Je me suis senti tellement bien.''
Afficher en entierPersonne ne peut plus prétendre, en toute honnêteté, que ma ville est la plus belle au monde. Pas "belle" au sens classique du terme, pas comme le sont les Vénus du Néo-Louvre, ou les princesses endormies dans les contes. Je crois que je la préfère ainsi. Même avec ses boursouflures, ses nécroses. Ses recoins morts, comme les anciens dédales du sous-sol. Mais qui ne demandent qu'à reprendre vie.
Afficher en entierTess est partie travailler au Barrage de la Grande Fissure, dans les Terres Vides en aval sur le fleuve. Depuis qu'elle n'est plus là, je cherche, je ne sais pas, à me prouver quelque chose, ou alors à me perdre. Les jours se répètent sans que je leur trouve un sens. Au fond de moi, je suis une petite peluche beige, qui pousse un chariot plein de produits ménagers, pour éponger derrière les autres. Pour nettoyer le Jardin des Rêves.
Afficher en entierMa mère nous a quittés peu après ma naissance, je n'ai aucun souvenir d'elle. Quand j'étais môme, pour que je ne souffre pas de son absence, mon père m'inventait des histoires. Il me racontait que, suite à une expérience ratée, il avait transformé ma mère en un bulbe de jacinthe mauve. Qu'il l'avait replantée dans un parterre du Luxembourg, pour qu'elle revienne à la vie, à chaque fin d'hiver, en une nouvelle éclosion. Raconté comme ça, on pourrait croire que mon père était un monstre, qu'il m'avait traumatisé tout gamin. Puisque ma mère était devenue une plante, j'aurais très bien pu être le prochain sur la liste. Mais à l'époque je ne le voyais pas ainsi. [...] Enfin, je ne le croyais qu'à moitié, sur toute cette histoire de mère-plante. Je jouais le jeu pour lui faire plaisir, je sentais confusément que ça le consolait.
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