Un espoir d'automne – Tome 1 : L'origine du murmure

Une sonnerie retentit au milieu de ses rêves, extrêmement stridente, comme venue d’un autre monde. Se réveillant sur le coup, Marc attrapa maladroitement son combiné dont il ignorait qu’il fonctionnait encore. Le renversant dans sa fureur, il se demanda même pourquoi il prenait la peine de répondre. Peut-être juste dans le but de mettre fin à cette horrible sonnerie qui semblait ne jamais vouloir s’arrêter de brailler. Il le débrancherait définitivement ensuite de toute manière. — Putain mais c’est quoi ce bordel ! rugit-il. — Un message important pour vous, répondit une voix distinguée et froide qu’il reconnut immédiatement. — Catherine ? C’est vous ? Quelle heure est-il ? demanda-t-il, penaud et désormais complètement réveillé. Catherine, plus efficace qu’une douche froide. — L’heure à laquelle vous devriez être au travail depuis longtemps, rétorqua-t-elle. — Je suis en vacances à durée indéterminée. — Vous ne l’êtes plus, affirma-t-elle sans se défaire de ce ton froid et cassant. — Ah bon ? — … — Quel est ce message si important ? demanda-t-il, conscient du mal de tête qui le touchait et commençait à se faire insistant. Une nouvelle bonne journée se profilait. — Il va falloir venir au bureau pour le récupérer, répondit-elle sur le même ton.

— Catherine, je ne travaille plus pour Unodom Prime Industries depuis un bon moment, dit-il d’un ton sérieux et posé, presque las. — Certes, mais j’ai bien un travail pour vous, rétorqua-t-elle sans se laisser démonter. — Laissez-moi une heure et je suis là, lança-t-il, poussé par le désir de raccrocher au plus vite. — Ne traînez pas. Je vous attends, répondit-elle avant de couper la communication dans le dixième de seconde. Il n’en croyait pas ses oreilles. Catherine, dont il n’avait pas entendu le doux son de la voix depuis plus d’une année, avait un travail pour lui. Une femme extrêmement brillante, élégante, intelligente, qui l’avait maintenu à flot après les drames qui avaient touché sa vie il y avait maintenant plus de sept années. Qui avait en tout cas essayé car, lorsque le dernier point de rupture fut franchi, il ne resta plus grand-chose à sauver de la personne légendaire que Marc avait jadis représentée. Catherine se révélait tellement distinguée par rapport à lui. Et son état en cette fraîche matinée d’automne ne plaidait pas en sa faveur pour de romantiques retrouvailles. Comment pouvait-elle lui annoncer d’une voix si froide qu’elle avait un contrat pour lui alors qu’il n’en voulait point ? Elle ne doutait de rien et pensait sûrement ranimer la foi qui gisait autrefois dans son cœur. Cependant, tout cela ne demeurerait bientôt plus que du passé. Il était dorénavant bien décidé à lui expliquer qu’il ne souhaitait plus travailler. Pour cela, il se devait de récupérer toutes ses affaires et de mettre au clair sa situation des plus douteuses entre congé, arrêt maladie ou même démission refusée. Il se rendit compte qu’il ne possédait aucun souvenir de sa soirée de la veille, néanmoins son odeur lui laissait craindre le pire. La routine. Une descente en enfer qu’il n’attendait plus.