Un Ethnologue chez le Coiffeur

Celui-ci, de son côté, procède également à sa préparation. Longtemps, il s’est lui-même enveloppé d’une blouse. La coupe de cette dernière n’a jamais vraiment été arrêtée, comme c’était le cas dans d’autres corporations, et pouvait connaître l’effet des modes quant à sa longueur, sa couleur, ses ornements. Généralement boutonnée dans le dos ou enfilée par la tête, elle était plutôt ample, pour faciliter les mouvements des bras et les gestes qui réclament que les coudes du professionnel restent bien relevés. Elle comportait invariablement une grande poche de poitrine dans laquelle le professionnel venait quérir ou replacer d’un geste assuré ses instruments. Peigne, rasoir, paires de ciseaux devenaient ainsi les ornements de ladite blouse. Aujourd’hui, dans les plus grands salons des villes, on impose aux employés des tenues uniformes, des tuniques, des kimonos… qui rehaussent la dimension professionnelle du vêtement d’une aura d’hygiène aseptisée. La tenue, en effet, doit rester irréprochable et se rapproche de celle qu’endossent les personnels de santé. Certains salons, de ce point de vue, semblent n’être qu’une annexe d’un établissement hospitalier. Il est vrai qu’on y pratique aussi des soins. Ceux du cheveu ne sont-ils pas également des soins du corps ? Ne s’apparentent-ils pas ainsi aux soins médicalisés du corps ? Étrange retour, dans l’apparence, aux origines chrétiennes de l’exercice de la profession en Occident.